Ecritures
Dominique Capo
J'aime écrire. J'ai toujours aimé écrire. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours aimé ça. Lorsque j'étais adolescent, pendant quelques mois, j'ai tenu un « journal intime ». En fait, je m'en souviens, il s'agissait de feuilles de bristol sur lesquelles je rédigeais ce qui m'était advenu de « remarquable » durant la journée ; des anecdotes. Quand j'y repense, c'était un peu « fleur bleue ». Mais, et je n'ai pas changé depuis sur ce point précis, j'ai de tous temps été un grand romantique.
Un peu plus tard, lorsque j'ai découvert l'univers des « livres dont vous êtes le héros » et des jeux de rôles – au tout début -, j'ai inventé un livre dont vous êtes le héros. Sur un cahier d'écolier, j'ai créé mon propre labyrinthe peuplé de monstres, de pièges, de magie, de salles et de couloirs sombres et mystérieux. C'était juste après avoir dévoré une bonne dizaine de fois le premier livre dont vous êtes le héros que mon père m'a offert par inadvertance ; comme je le décris dans les « Mémoires » que je publie sur mon mur actuellement, à raison de deux pages quotidiennes. Evidemment, ces Mémoires sont incomplètes, pleines de lourdeurs, de fautes d'orthographe, de fautes de grammaire, de longueurs, etc. Je les ai interrompues à l'Automne dernier parce que j'y avais consacré tout mon Été, quand j'étais en vacances dans ma maison de famille. Je les ai retranscrites frénétiquement, comme il y a longtemps que cela ne m'était pas arrivé. Je les reprendrai dans quelques temps, puisque, comme vous le savez si vous suivez les textes que je publie ici et ailleurs régulièrement, en ce moment, je suis pleinement accaparé par mon livre en cours de rédaction intitulé « les Origines occultes de l'Hitlérisme ».
Ce dernier me prends toute mon énergie, tout mon intellect, toute ma concentration, toutes mes connaissances sur cette période parmi les plus sombres de l'Histoire Européenne et mondiale. Je ne sais pas encore à quel résultat ce travail va aboutir. Tout ce que je sais, c'est que je prends énormément de plaisir à l'effectuer. J'ai un peu l'impression, en me replongeant dans mes notes issues de l'époque où j'étais employé à la Bibliothèque Nationale en tant qu'Aide-Bibliothécaire, puis, ensuite, lorsque j'y retournais après les heures que je consacrais à ce métier, en tant que chercheur indépendant, de remonter dans le passé. A coté de moi, tandis que je pianote sur mon clavier d'ordinateur, les centaines de pages de notes s'accumulent. Elles sont disséminées dans cinq énormes classeurs vouées aux investigations que j'y ai effectué. Ces mêmes notes qui, plus tard, m'ont donné la possibilité de concevoir des scénarios de jeux de rôles « Vampire », « l'Appel de Cthulhu », etc. étoffés et complexes, riches en rebondissements et en surprises de toutes sortes.
Mais, la première fois que j'ai écris une nouvelle, j'étais encore au lycée. C'était toujours à l'époque où je découvrais à peine le monde des jeux de rôles. Un jour, mes parents m'avaient emmené dans une librairie du boulevard Saint-Germain, à Paris. C'était – c'est toujours – une artère de la capitale où se trouvent une multitude de librairies. Elles sont concentrées autour du Quartier Latin et de la Sorbonne. Et comme le hasard, parfois, est bien fait, c'est aussi non loin de là que se trouve une des boutiques de jeux de rôles que j'ai fréquentée ; et encore quelques centaines de mètres plus loin, une boutique de figurines de collection où je me suis rendu occasionnellement. Cependant, le jour où je suis entré avec mes parents dans cette librairie, j'étais loin de me douter dans quelles méandres littéraires teintées de Fantastique, d'Histoire, de Mythes, etc. ce premier pas allait me conduire.
Ce jour-là, mes parents, qui sont également de grands lecteurs, m'ont offert un livre. Je suis un incorrigible « gourmand ». J'ai arpenté les rayonnages de cette librairie. J'étais un peu intimidé, je l'avoue. A l'époque, je ne sortais pas beaucoup de mon domicile du fait des moqueries et des rejets dont j'étais l'objet en classe. J'étais extrêmement replié sur moi-même. Bien plus qu'aujourd'hui, puisqu'aujourd'hui j'ai l'avantage et la possibilité de communiquer avec le monde entier par l'intermédiaire des textes que je publie ici ou ailleurs. Ceci étant dit, finalement, mes parents m'ont acheté trois ouvrages de Fantasy. C'était une trilogie se nommant : « Lancedragon, l'histoire des dragons. J'étais donc en terrain connu puisqu'il s'agissait de romans tirés du plus fameux et du plus ancien des jeux de rôles que des générations de joueurs ont possédé : « Advanced Donjons et Dragons ». Ou « ADD ».
Pour l'anecdote, je spécifierai qu'à cette époque, la première version d'Advanced Donjons et Dragons n'était pas traduite en français. Les passionnés de ce genre d'activité dans laquelle j'entrais depuis peu de plain-pied étaient contraints de se fournir ses manuels en anglais. Et Dieu sait que le nombre de manuels d'ADD étaient conséquents. Ils le sont toujours d'ailleurs.
De fait, puisque Lancedragon se référait à un univers qui commençait à être commun pour moi, je m'y suis plongé dès le soir même. Et j'ai été tellement transporté par les aventures des personnages qui y étaient décrits, que je les ai dévoré en quelques jours. Ces personnages, au fil des pages, sont devenus comme des amis pour moi. Je les ressentais jusqu'au fond de on âme et de mon cœur. Le récit était d'une richesse que je n'avais jamais observée jusqu'alors. Le monde de Lancedragon était développé, riche, possédait un passé fascinant. Et cela a été un véritable déchirement pour moi de le quitter à l'issue de ma lecture.
Environ un an plus tard heureusement, par hasard, en longeant les allées d'un magasin de jeux de rôles situé aux « Halles » - qui est le centre de Paris -, j'ai mis la main sur une seconde trilogie Lancedragon. C'était la suite directe de la première, avec les mêmes personnages et dans le même univers. Evidemment, je me la suis immédiatement achetée, et je l'ai, le soir-même, tout de suite lue. Depuis, si je n'ai pas relu ces six ouvrages une bonne quinzaine de fois, c'est que c'est un minimum. Je dois y retourner tous les deux ou trois ans environ ; cela me fait d'ailleurs penser que plus de deux ou trois ans ont dû s'écouler depuis la dernière fois où je l'ai intégré. Cela peut peut-être vous paraître étrange, mais à chaque fois, c'est un peu comme si je revenais chez moi. Comme si je me destinais à revoir de vieux amis qui ne m'ont jamais quitté depuis ce temps-là. Comme si j'allais fréquenter de nouveau des lieux où je me sens tranquille, en paix, serein. Une sorte de retour aux sources. Là où, en fait, pour moi, tout à commencé.
Car, c'est après avoir terminé la première trilogie des Lancedragon que je me suis véritablement mis à écrire. Un vide intense s'est insinué en moi après en avoir tourné l'ultime page. J'étais adolescent, et un peu fleur bleue, je tiens à le rappeler. Et je n'avais pas envie que cela se termine ainsi. J'avais le désir de poursuivre cette expérience pleine de promesses d'une manière ou d'une autre. Dès lors, l'idée – instinctive – m'est venue à l'esprit d'écrire une suite aux péripéties de mes héros préférés.
Un jour donc – peut-être deux ou trois jours plus tard -, je me suis assis devant l'écran de l'ordinateur que je possédais à l'époque. Il s'agissait d'un PC 1512, avec des disquettes de cinq pouces un quart. L'imprimante serait aujourd'hui également considérée comme une antiquité. Pour se fournir en encre, il fallait courir aux quatre coins de Paris pour trouver un magasin qui en vendait. De plus, les énormes cartouches se vidaient très – trop – vite. Néanmoins, ce jour-là, ces considérations ne m'ont pas effleurées. Je n'avais qu'une seule envie, irrépressible, prolonger autant que possible ma plongée sur le continent de Krynn ; ce continent où se dévoile l'univers de Lancedragon.
Je me revois très bien : ce devait être durant les vacances scolaires. C'était le matin ; j'étais encore en pyjama et robe de chambre. Je me suis installé devant mon écran, où apparaissait le premier logiciel de traitement de texte auquel je me suis confronté. Puis, je me suis laissé envahir par l'imaginaire qui était le mien, mais qui était lié à ma récente expérience. Et, instinctivement, naturellement, j'ai laissé glisser les mots, les images enchaînées à mon esprit, le long de mes doigts.
Finalement, j'y ai passé toute le journée. Alors que j'alignais les mots les uns derrière les autres, les lignes et les paragraphes les uns derrière les autres, je ne me suis pas rendu compte du temps qui défilait. Concentré sur les décors, les personnages, les aventures que je leur faisais affronter, j'ai eu l'impression que les huit heures environ que j'y ai accordé n'avaient duré quelques minutes. C'est incroyable comme le temps défile rapidement lorsqu'on est totalement absorbé par une passion ; d'autant plus lorsque celle-ci est naissante. C'est incroyable comment on est capable de se souvenirs de certains épisodes marquants de son existence – et ce dernier en a été un -, demeurent gravés en soi à tout jamais ; alors que d'autres, plus futiles ou moins importants – en tout cas à ses yeux – disparaissent de votre mémoire à la vitesse de l'éclair. Bien évidemment, avec les années, à force d'écrire, j'ai appris à mémoriser plus aisément les choses ; y compris les plus anodines. Ce, afin ensuite de pouvoir les retranscrire sur papier ; ou pour pouvoir m'en inspirer lorsque j'élabore des nouvelles, des récits, des poèmes, ou autre. Mais ce jour-là, j'ai été surpris de me rendre compte à quel point les minutes et les heures s'écoulaient vite. Mon esprit, complètement absorbé, je n'ai même pas pris le temps nécessaire pour aller me doucher ou pour aller m'habiller. Il faut avouer qu'au cours des vacances scolaires, j'étais assez habitué à garder mes vêtements de nuit toute la journée. Heureusement, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Et si mes parents n'intervenaient pas vigoureusement pour que je me plie à cette règle, je ne m'en préoccupais pas.
J'ai donc accouché d'une dizaine de pages. De toute manière, je n'aurai pas pu en rédiger davantage. En effet, d'une part, le soir se profilait à l'horizon. Et d'autre part, le fait est que le traitement de texte de ce PC ne pouvait enregistrer sur disquette – à l'époque, il n'y avait pas de disque dur – qu'un nombre extrêmement limité de pages. Toutes les dix pages, à peu près, je devais créer un nouveau fichier, afin de poursuivre mon récit. C'était particulièrement frustrant et rébarbatif. J'ai néanmoins, plus tard, été contraint de m'y habituer. Car après cette petite nouvelle, j'en ai écrit d'autres de plus en plus développées et de plus en plus longues. Quand je retourne chez ma mère et que je me rends dans la pièce juste à coté de ma chambre, je peux les récupérer. Elles sont rangées sur les étagères où s'accumulent mes livres, classeurs, feuillets, etc. de cette époque de ma vie. Il y a près d'un an de cela d'ailleurs, je les ai sorties de cet endroit. Je me suis allongé sur le matelas de cette chambre. Et j'en ai nostalgiquement parcouru certaines. Et j'ai été abasourdi par la naïveté et l'imagination balbutiante dont elles étaient le reflet. Ceci dit, pour la première d'entre elles, elle a agi sur moi comme un véritable détonateur. Une pierre d'achoppement à partir de laquelle j'ai bâti tout le reste au cours des années et des décennies qui ont suivi.
Je l'ai enregistrée sur disquette. Je l'ai imprimée. L'encre était d'une pâleur terrifiante. Il n'y avait pas de marge, ni de correcteur orthographique. Les répétitions, les fautes y étaient innombrables. Le style était inexistant. Néanmoins, je suis convaincu que si je n'avais pas répondu à cet appel intérieur tenace, évident, farouche, il est vraisemblable que ma vie aurait été toute autre.
Vous vous demandez inévitablement pourquoi j'évoque ce moment spécifique de mon parcours aujourd'hui ? Et je suis sûr que certains et certaines, déjà, estimeront que les quatre pages que j'y ai consacré sont déjà trop longues. C'est très simple !!! C'est parce que depuis ce jour, je ne me suis jamais arrêté d'écrire. Il y a eu des périodes où je me suis moins adonné à cette passion que d'autres. Les vicissitudes de ma destinée m'y ont obligé. Cependant, je n'y ai jamais renoncé. Quelles que soient les épreuves, les blessures, les douleurs, les humiliations, les haines, dont j'ai été l'objet, l'écriture a toujours été mon ultime refuge. Le lieu, comme lorsque je lis en y repensant, où je suis en paix avec moi-même. Nul ne peux m'y atteindre ; nul ne peux m'y faire de mal. Je suis en accord avec ce que je suis au plus profond de mon être. Je suis capable de décrire de façon la plus exacte ce que je ressens, ce que j'aime – ou pas -, ce avec quoi je suis d'accord – ou pas -, mes convictions, mes combats. Je suis capable de créer des univers, des mondes, des personnages, où cet élan créatif qui sommeille en moi, est optimum.
Pour moi, renoncer à écrire, ce serait comme renoncer à vivre ; comme si je renonçais à exister. Je suis d'une extrême sensibilité, je l'ai souligné à maintes reprises dans plusieurs de mes textes.
J'ai beaucoup appris au travers des innombrables expériences que j'ai subies. J'ai côtoyé des personnes aux origines, aux parcours, aux traditions, aux croyances, aux valeurs, etc., disparates. Et je considère cela comme une chance, comme une source d'enrichissement personnel incroyable.
Il est vrai que parmi tous ces gens, un certain nombre m'a fait beaucoup de mal. Un certain nombre m'a malmené, bousculé, humilié, affligé jusqu'à me pousser au désespoir. Je ne me suis néanmoins en nulle occasion abandonné à la haine ou à la violence. A ce désir de vengeance, de représailles, pour tout ce dont j'ai été victime du fait de leurs actes ou de leurs paroles à mon encontre. J'aurai pu, c'est tellement simple, tellement facile. Mais non, ils n'en valent pas la peine. Pourquoi se fatiguer avec des individus qui n'ont pas de respect, de considération, ni pour les autres, ni pour eux-mêmes.
Car, et c'est mon avis, agir ainsi, c'est se rabaisser au même niveau qu'eux. C'est me salir l'âme et la conscience, comme ils le font avec les leur. Et j'ai trop d'estime pour moi-même – et ce, malgré que certains n'en n'aient pas pour moi -, pour consentir à leur faire ce plaisir. Je ne suis pas cet animal qu'ils laissent s'échapper de leurs entrailles, de leur orgueil mal placé. Si je chemine sur cette Terre, sur cette route parsemée d'embûches de rêves brisés, d'espoirs déçus, de sentiments exacerbés, qui est la mienne, ce n'est pas pour renoncer à mon humanité. C'est pas pour devenir l'un de ces hommes ou femmes qui se laissent aller à leurs plus bas instincts, à cette brutalité que mêmes nos plus lointains ancêtres préhistoriques ne privilégiaient pas automatiquement.
Non, je préfère demeurer tel que je suis. Je préfère écrire, encore et toujours. Pour mon plaisir d'abord. Parce qu'il est indéniable que, même si je partage la plus grande partie de mes textes ici avec vous, par le biais d'Internet, c'est avant tout pour moi que j'aligne ces mots les uns derrière les autres. Que soit lorsque je m'attaque à des sujets historiques, de société, à des fictions ou des réflexions « philosophiques », ou quand je détaille es thèmes éminemment plus personnels, c'est parce que j'aime cela. Ensuite, et seulement ensuite, c'est pour le partager avec vous, lectrices ou lecteurs qui lisez ce que je vous offre.
Peu prennent la peine d'aller jusqu'au bout sur Facebook. C'est dommage, mais c'est comme cela. Cela m'attriste. Mais c'est la loi de Facebook, même si je ne l'approuve pas. Comme je le dis régulièrement, ce n'est pas parce qu'un troupeau de mouton trouve un certain plaisir à se comporter comme des moutons, que tout le monde doit agir comme des moutons. Pour moi, Facebook est un formidable outil de communication. C'est un superbe outil de propagation d'idées, de réflexions, d'échanges sur tout un tas de sujets enrichissants, passionnants, fascinants. C'est ainsi que je conçois mon maniement de ce réseau social.
Comme dans la vie réelle, on peut parfois y croiser des personnes méchantes, idiotes, crédules, ignorantes, imbéciles. Mais on peut y croiser aussi des personnes intelligentes, réfléchies, cultivées, intéressantes, fécondes dans tout un tas de domaines. C'est vers ces derniers que je me tourne quand je viens sur Facebook. Les autres, ils m'ignorent généralement. Ou, s'ils m'agressent, puisque c'est ainsi qu'ils se manifestent à moi habituellement, ils montrent leur vrai visage. Et aussitôt, je les bloque. C'est ce que j'ai fait avec cet individu qui m'a interpellé, qui s'est moqué de mon nom, de ma passion pour les figurines. C'est le risque cependant de ce genre de réseau social qu'est Facebook. Je l'accepte. J'agis en conséquences. Et je continue à écrire, quoiqu'il advienne…
Dominique
Ecrivez, écrivez Dominique, c'est vraiment une passion chez vous, vous "le dites" enfin vous l'écrivez, mais cette passion transpire dans ce texte et d'autres. Vous êtes un écorché vif, si fragile mais l'écriture vous rend plus fort. C'est vraiment votre univers !
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
Moi, qui n'ai pas la même flamme et la même culture que vous, j'ai quand même une armoire pleine d'écrits et j'ai des livres un peu partout. Et souvent je me dis, mes enfants mettront tout cela à la poubelle ! Il y a comme les vôtres, des textes maladroits qui datent de très longtemps et d'autres un peu mieux ; cela m'épate parfois. J'espère que mes petits enfants en garderont quelques traces. Et je veux que l'on mette dans ma dernière demeure quelques livres d'écrivains/poètes et deux ou trois textes de moi.
· Il y a plus de 8 ans ·Louve
J'espère que vos enfants entendront ce que vous venez de me révéler ; j'ai le même espoir également, sauf que je n'ai pas d'enfants. En tout cas, je suis heureux que mes textes - qui ne sont pas grand chose, à mes yeux, en fait, vous plaisent...
· Il y a plus de 8 ans ·Dominique Capo