Ecrivailleur de service
Jean Claude Blanc
Ecrivailleur de service
Ecrivailleur de service
Me dois bien sûr à mon public
Dès qu'il a une bêtise à dire
Je la déclame, sans coup férir
Et c'est à moi de faire le pitre
Savent pas se taire, les pamphlétaires
La vie, connerie, les exaspère
N'ont rien à foutre d'être populaires
Conciliateurs de vos colères
Mettre à l'épreuve, les libertés
C'est comme jouer avec le feu
En les raillant, on les honore
Ainsi s'élève la pensée
Le téméraire, nargue la mort
On risque plus rien, quand est vieux
Un drôle de jeu d'équilibriste
Jongleur de mots, habile l'artiste
Seul sur son fil, dessous le vide
La République attend la chute
Si ça sourit, elle applaudit
Si tu t'écrases, elle fait sa pute
Ne suis qu'un simple écrivailleur
Mais, l'interprète de vos humeurs
Mon objectif est pourtant clair
Faire réagir mes congénères
Et les extrêmes, mettre en colère
Les faire sortir, de leur tanière
Solidaire des gens du voyage
Puise mes idées dans les nuages
Mon cervelet, pour seul bagage
En cheminant, je deviens sage
Mine de rien, on me surveille
Les procureurs, font des merveilles
Sont indiscrètes leurs oreilles
C'est aux guignols, qu'on coupe les ailes
Sont interdits les mots qui fâchent
Signe qu'on n'est pas blanc comme neige
Oui, les censeurs sont des lâches
Ne m'abaisse pas à leur manège
A cette époque, où l'on étale
L'intimité, scènes de ménages
Des politiques et des Etoiles
On se torture nous-mêmes l'esprit
Les inactifs, souvent s'ennuient
Ecrire toujours, c'est jamais vain
Pour témoigner, de nos histoires
Moindre anecdote, simple potin
Sert de Bible, à la mémoire
Copiste, fidèle, contemporain
C'est chaque jour mon gagne-pain
La vérité est à croquer
Des fois me prends, à rigoler
Les visionnaires sont condamnés
Et leurs bouquins, tous brûlés
Religions ne peuvent supporter
Qu'on contrarie leurs opinions
Souvenez-vous de Galilée
Il est mort, d'avoir eu raison
Ne suis pas contre, pour échanger
Chacun défend ses arguments
Mais pas à pas, la science avance
Même pas d'accord, faut prendre patience
Plus hypocrite, l'actualité
La dualité, n'est pas son truc
On rêve d'uniformité
En fait, on craint de s'affronter
Celui qui l'ouvre, tête de turc
Y'a 2 systèmes, désormais
Ceux qui se taisent, rancune gardée
Ceux qui publient à volonté
Par torche-cul interposé
Entre les 2, n'ai guère le choix
Faire le clown, selon ma loi
Que fait l'Etat, en pareil cas
Comme toujours, reste sans voix
Certains avides de pouvoir
Dépassent les bornes pour leur gloire
La triste affaire, Dieudonné
Nous a montré, toutes les limites
Constitution dynamitée
C'est un ministre qui fait justice
Sans consulter, ses assemblées
Une fois encore, on nous fait croire
Que frapper fort, la solution
Mais après mûre réflexion
On en conclue, abus de pouvoir
L'Etat de Droit passe pour un con
La poudre aux yeux, on nous balance
Montent au créneau, associations
Et c'est la honte pour la France
Je sais, mes textes, font pas plaisir
Ne suis pas là, pour vous séduire
La vérité, il faut la dire
Et ne plus jamais se mentir
Mais, c'est à vous de réagir
Pas vous suffire d'obéir
Nous appartient, le droit d'écrire
Chanter le beau, huer le pire
Mi écrivain, mi scribouillard
Inspiration, vite trouvée
Faut observer les avatars
D'un monde moderne, bien allumé
Vous laissez pas impressionner
Par les menaces, des enragés
Prenez la plume, et décrivez
Dés fois, ça aide à penser
Même pour vous-mêmes, philosopher
Savent pas se taire, les pamphlétaires
Mais en tout temps faut des lumières
Pour éclairer notre avenir
Villon, Voltaire, Baudelaire
Bien des blasphèmes, ont dû subir
Mélange des genres, pour les génies
Par le même gène, sont unis
Ne manque plus que votre griffe
Car vous aussi, ça vous inspire
Tellement avez des choses à dire
Plus de sparadrap sur la bouche
Pour vos idées, soyez farouches
Les puits de sciences, saintes nitouches
Faut vite les mettre sur la touche
Ecrivailleur de service
Ne porte pas à préjudice
Mais ça dérange souvent les cuistres
Ironiser, c'est pas un vice… JC Blanc février 2014 (ma vie d'artiste)