Edith

Quentin Bodin

Sur la table de verre dansent des pions de pourpres
Qui au blanc de la parure empourpre ses jeunes joues
De rosé et de miel, et délivre par des lettres à nous
Le courriel orné de bleu, le désir juvénile de l'éternel.

Dans ses cheveux bouclés d'ocres s'entrelacent mes fleurs
Du marchand, de l'enjôleur imprudent qui joue de la flûte
Au serpent, et ne voit pas en ses yeux l'océan en volute
Le tourment de la minute en ses lèvres ouvertes en couleur.

Pourtant vit en elle l'incolore démon de l'immobile
L'oeuvre gravé de gris, l'aigrise signature en cendre
Qui rêvant aux plaisirs de l'existence se voit fendre
Ses béquilles de charbon au bourbon de l'amour nubile.

Mes lèvres quant à moi ne sont pas rouges, plissées à ladite
Passion de ses sens. Ma bouche est de brunelle et cache
Sous de flanelles pétales des dents acerbes qui s'attachent
A son cou blanc. Et je soupire, doucement, pour toi Aphrodite.

Je ne peux ma tendre Edith, je n'ai pour toi que de la pitié.


                                                                                        Bodin  Quentin
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