Effet boul2neige (voire première Partie Farid Adafer)

boul2neige

Elle n’était pas si loin. Juste sur ça jumelle, celle qui l’embrasse quand le livre se referme. Il te fallait franchir le ravin creusé de l’entre-page, dépasser ce point qui se savait loin d’être final, ne terminant l’obscur que pour ouvrir un inconnu rempli de promesses.

C’est en s’entremêlant dans la légèreté des lignes, s’inspirant du souffle vaporeux de la page qui se délit des autres, créant ainsi sa propre identité, sa vie particulière, qu’elle a pu s’imprimer, sobrement, doucement, jusqu’à se dessiner comme le centre même de cette feuille, la raison de cet écrit.

Elle est pourtant petite, avec ses cinq petites lettres d’une rare banalité individuelle. Ces mêmes lettres dont l’on se sert jusqu’à l’usure, jouets de notre bon vouloir, pour coucher n’importe mot manipulable à en perdre son essence.

Elle est juste un peu moins longue que son plus proche parent, celui qui le précède, l’accompagne ou le succède, sans qui les hommes ne seraient pas ou ne seraient qu’un devant l’autre et l’éternité.

Ce compagnon, ce frère de toujours, lui cède souvent les faveurs du cœur battant de l’humanité. Car l’amour, ce qu'elle est, n’est pas de ces alignements de lettrages au sens unique est défini.

Insaisissable, elle naît de la vérité que chacun lui donne. Et cette vérité a autant d’étoiles que d’êtres sur terre. Passés, présents et à venir. Ce n’est qu’en rassemblant un à un ses parcours, de l’aube au crépuscule de toutes les vies, le redessinant atomes par atomes, que l’on pourra entrevoir son visage universel. Peut-être.

Ce mot si léger à écrire, ne respire que par notre force.

Pourtant, nous n’existons que par sa volonté.

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