Egarement

shuyler

Je suis à l'intérieur.

Je voudrais être dehors.

Je n'aime pas l'enfermement.

J'ai besoin d'un éloignement.

Lentement, je me lève de mon vieux lit. Vieux lit qui m'a accueillit à chaque fois que, dans les bras de Morphée, je me laissais aller...

Doucement, je m'étire.

Je n'ai pas de réveil sur ma table de nuit. Seulement une lampe de chevet. Et mon livre du moment "Âmes Égarées" de Christopher Pike, dont le marque page n'est autre qu'une feuille de chêne, séchée par le temps.

Je n'aime pas les réveils. C'est bruyant. Et cela ne correspond pas à ma nature.

Je passe la porte de ma chambre.

Porte en bois. Chêne brut.

Qui a subie un tas de claquements...

Claquements de disputes.

Je sors de ladite chambre. Éternelle chambre d'enfant insouciante. Éternelle chambre, remplie de souvenirs, d'enfance.

Chambre qui en a vue de toutes les couleurs.. L'été orange, puis changement radical en hiver, bleue.

Brutalement, je tire les rideaux. Rideaux verts, opaques. La lumière pâle de la cruelle lune envahit ma chambre.

Je cligne des paupières. Une douce fraîcheur m'envahit.

Je décide de sortir. J'ouvre ma fenêtre, et m'assoie un instant sur le bord. Les yeux dans le vague. Je l'aperçoit.

Ma main glisse. Je sors de ma torpeur. En un instant je me retrouve à terre. A deux pas d'un rosier.

Je n'aime pas les fleurs.

Surtout les roses. Les roses roses.

Une brise légère soulève mon vieux tee-shirt en coton blanc. Je suis restée en pyjama. Tee-shirt et petite culotte.

Comme une enfant.

Mes jambes ne demandes que d'avancer.

Je me relève, faisant attention à mes appuis et mes membres douloureux.

Je le voit.

Tranquillement, je m'avance. Droit devant moi, je regarde. Je vais vers lui.

Je ne contrôle plus mes jambes.

C'est comme si elles étaient, inexorablement, attirées vers lui. Par lui...

Brusquement, je relève la tête.

En l'espace d'une seconde, je me souviens.

Ce bonheur connu quelques mois plus tôt.

Cette légèreté méconnue jusqu'alors.

Et, bien entendue, cette euphorie.

C'était une nuit sombre, comme toute les autres, indifférentes.

Sans aucunes étoiles, ni aucuns chuchotements de la part du vent.

Une nuit sombre, vide, froide.

Oui, il y avait cette froideur constante. Cette froideur effrayante.

Mais je ne m'enfuis pas.

Je restai là, protégée de la soudaine pluie par le feuillage abondant d'un arbre. Certainement un chêne.

La pluie ne s'arrêta pas. Elle était droite et froide, elle aussi, comme lui, au loin.

Quand elle s'éclatait sur la terre, qu'elle finissait là sa vie, elle émettait un bruit froid et sourd. Elle tombait à la manière de lames tranchantes que l'on vous envoie, à la manière de pierres que l'on vous jettent, mais qui ne vous atteignent pas.

[...]

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