Elections sans intérêt
Jean Claude Blanc
Elections sans intérêt
De pub abreuvé, ce matin suis gavé
Ouvrant ma boite à lettres, que de vivants portraits
Candidats pour la gloire, pour moi, ça m'est égal
Improbables élections, cantonales, régionales
Ils se sont faits mignons, nos rougeauds provinciaux
VRP, multicartes, aimables vendeurs d'autos
Ne semblent pas très à l'aise, à voir sur la photo
Costumes mal taillés, la cravate de travers
Politiciens d'un jour, sortent de chez nous, peuchère !
C'est vrai qu'ils sont craquants, ces premiers communiants
Qu'importent leur tendance, dans le genre, courtisans
Courageux, gros lourdauds, descendus des montagnes
Qui pour seul ambition, se présentent pour la hargne
Quelques propos fumeux, pour assortir l'image
Défenseurs de leurs terres, un bien modeste message
Hommes, femmes, grisés, de gloriole abstraite
Juste pour se montrer, de pauvres mots dissertent
Chacun se revendique, fidèle possesseur
De cette région d'Auvergne, perchée sur ses hauteurs
Seulement le programme, pas très hallucinant
Rafistoler les routes, et peaufiner les champs
Planteurs d'éoliennes, enragent les paysans
Cette nouvelle manière, de faire des élections
Personne n'y comprend rien, sans doute, bien trop con
La Gauche comme la Droite, nous l'impose désormais
Si bien que les imbéciles, savent plus pour qui voter
Dans mon bled reculé, on se montre discrets
Pourtant, on leur en veut, à ceux de l'Assemblée
Se fendent de règles habiles, pour la France, diviser
Socialistes aux manettes, se chargent de trancher
Trop gros le mille-feuille, on se moque de nous
Voilà qu'on nous rajoute, d'autres grands manitous
Rigolez pas les gars, c'est avec nos sous
Que se régalent les rois, qui viennent d'un peu partout
Juste un tract froissé, fourgué dessous ma porte
Pas d'emblème politique, faut pas faire peur aux vieux
Tout simplement, une page, le chef avec ses potes
Bien sûr, tout propre sur eux, un semblant généreux
Chacun affiche ses titres, son âge, dernière cuti
Que de maigres références, mais le peuple est ravi
Enfin, c'est un de nous, qui va gérer la crise
A nous tous le pouvoir, hélas, drôle de surprise…
De qui se foutent Hollande et Valls son complice
Car de ruiner la France, c'est déjà un supplice
Se mêlent de nos oignons, campagnards forcenés
Laissez-nous bien en paix, votre cuisine, on connait
Ce sont de petits génies, nos élus nationaux
Pour se faire réélire, ils font, tout ce qu'il faut
Choisissent à leur guise, brave type, sans histoire
Connu pour son crachoir, et sa façon de boire
Ignares en stratégie, on pioche au hasard
Entre une pauvre pomme ou une bonne poire
Sans aucun parti pris, on présente le plus sage
Comme bienfaiteur du coin, conseilleur sans bagages
Nos cultures sont diverses, slogan de dignité
Mais à ne pas confondre, avec champ de navets
Ces candidats fiérots, servent que de bouche trou
Réputation acquise, visa, pour passe partout
Cantonales, régionales, général le merdier
Découpage, bricolage, la Nation on ravage
De Clermont à Lyon, on s'en va voisiner
L'Auvergne sur un plateau, offerte à Rhône-Alpes
Bougnat plus que de raison, je plaide souverainiste
Je plains mes congénères, affichés sur ces listes
Car même s'ils sont élus, serviront de soubrettes
Dans la ville de Guignol, seront des marionnettes
M'amuse encore ce tract, tellement, il est niais
Une bande de cornichons, trop beaux, rasés de près
De cet instant de lustre, devraient en profiter
Sitôt lu, déchiré, l'ai fichu au panier
Ne fais que répéter, ce qui se passe chez nous
Instinctif citoyen, de voter, je m'en fous
Qu'est-ce que ça va changer, d'élire d'une autre façon
Représentants d'Auvergne, ne vont faire qu'illusion
Chez ceux qui nous gouvernent, glaciale est l'ambiance
Cette élection tribale, va leur servir de test
Avant 2017, faut mesurer sa chance
Pour voir si on les aime, ou si on les déteste
Le spectre bleu marine, plane au-dessus nos têtes
Car la blonde sirène, sans cesse, est en alerte
On craint les abstentions, pourquoi s'en tourmenter
Petit péquin de base, se sent pas concerné
Instruit que de lyriques discours éventés
Sait pas de quel côté, il devra se tourner
Pour moi, la coupe est pleine, je n'irai pas voter JC Blanc mars 2015 (saute d'humeur)