Elle est assise...

aude-castell

Elle est assise, toute droite sur le muret,

La queue bien rangée sur ses mains gantées.

Elle ne bouge pas. Elle attend.

A peine si le souffle du vent,

Ebouriffe le duvet blanc

De sa collerette de Birman.

Un frisson court comme un murmure

Dans le sable de sa fourrure.

Son corps se serre et je tressaille.

Elle a le blues, ma jolie caille...

Et les oiseaux peuvent piailler,

Les mulots montrer leur nez,

Elle a les yeux au bord des larmes

Et sa tristesse me désarme.

En ce long soir, le ciel se traîne,

Ma souveraine a de la peine.

Elle se tait dans son chagrin

Et l'été touche à sa fin.

Moi je sais qu'elle se souvient

De ce grand frère que fut le chien.

Les souvenirs font des reflets

Tout au fond de ses yeux violets.

Et les nuages s'en vont au bal

Dans l'eau limpide de ce cristal.

Regard miroir. Jje broies du noir.

Comme un tourbillon en blanc et noir,

Des images se pressent dans ma tête

Quand dans vos jeux, tout à la fête,

Il jouait à chat et toi à chien.

Des jours heureux je me souviens.

C'est le destin, ma toute belle,

Qui nous enlève ceux que l'on aime.

Et comme toi, mon coeur a froid

Aux souvenirs de ses abois.

Viens dans mes bras mon tendre coeur

Et si je ne peux consoler son malheur,

Mon Dieu ! Faites que ces pauvres caresses

Apaisent un instant sa détresse.

Sa noble tête tournée vers moi,

Elle acompris mon désarroi.

Cligne des yeux et se rencogne,

C'est une reine, ma chatte lionne.

Elle sait qu'il ne reviendra plus,

Son grand amour, son fils, son frère,

Et elle attend à pas velus

Que la mort à son tour l'entraîne.

Pour Tweed Le chien et Pistache la chatte - Décembre 1995

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