Elle était terne Elle : chapitre 0

Laurent Moreau

Chapitre 0 :

Il fait nuit, la lune coupée en quatre pour notre oeil (loi astronomique), ressemble à s’y tromper à un croissant (loi gastronomique), les étoiles, sans gène, se permettent un petit coup de zèle et brille toute en essayant de crier « c’est moi la plus belle » (cependant vous remarquerez que les étoiles n’ont pas de bouches). A part ces quelques lumières naturelles éclairant le noir du ciel bleu, rien d’autres semblent illuminer cet endroit. D’un autre coté il est plus de deux heures du matin, et vu que l’on est au milieu d’une foret, il est limite normal que rien ne soit allumé. Bon est bien vu que rien est intéressant ici, je m’en vais.

Désormais il fait jour mais je ne suis plus du tout dans une forêt je suis dans une chambre, vue la hauteur du soleil, et en fonction du réveil digital poser sur la table de chevet, il doit être environ 9h20, cette chambre est totalement vide est bien rangée. Faisons un tour de ce lieu et glanons quelques informations sur qui vit ici (ça m’aidera par la suite pour décrire la personne que je dois observer). Donc :

-       chambre rangée, quelques peluches sur les étagères, lit en ordre, calendrier avec des fleurs, un vieux poster de chiots qui est là depuis la préadolescence. Conclusion numéro 1 : c’est la chambre d’une fille.

-       Livre de physique chimie anatomie, trois classeurs remplit de notes, des crayons rangés par couleur,  rongés par le stress. Conclusion numéro 2 : étude de médecine

-       Bob Dylan, Ben harper, Neil Young, Jeff Buckley, Cat Stevens, Jack Johnson, … voici les quelques cd poser sur son bureau. Conclusion 3 : rock’n’roll

J’aurais bien fait tous l’inventaire et la description intensive de la chambre, mais j’ai la flemme, autant rencontrer directement la personne concernée. J’attends son arrivée et je vous préviens dès que j’en sais un peu plus.

Elle fait quoi ???, il est plus de 17 heures, elle rentre jamais chez elle ? Ce n’est pas que j’ai autre chose à faire, mais je suis ici pour bosser moi. J’ai une tache à accomplir, même si je ne la connaîs pas encore. Je fais quoi moi en attendant ma nouvelle amie. Mais au fait je ne me suis pas présenté,ça fera passer le temps, et puis vous devez bien vous demander qui est cette personne étrange qui passe ses nuits dans une forêt et qui rentre chez les gens sans se faire inviter.

 Autant vous le dire de suite, je ne suis pas un homme. Je suis un être invisible parmi tant d’autre offrant une chance d’être heureux au gens (du moins en théorie), on peux m’appelait la destinée, l’espoir, ou encore la magie ou la chance. Mais en fait je ne suis rien de tous cela, je suis plutôt un peu de tous cela. Autre chose que vous devez savoir, la hiérarchie n’existe pas seulement dans votre monde, j’ai moi aussi des comptes à rendre ; de plus à la différences des autres (ceux qui sont comme moi), je suis spécial, car contrairement à eux, à chaque fois que l’on me donne une mission, j’échoue lamentablement. Je fais tous de travers, dès que j’essaye d’offrir un destin digne de ce nom,  je le détruis, oh oui, j’en est gâché des vies, en me nommant à ce poste ils se sont trompés et je crois qu’ils sont en train de s’en rendre compte.

Car cette fois ci, c’est la dernière fois, si j’échoue je disparaît, je n’ai plus droit à l’erreur. Si je rate, je suis foutu, et je vous le dis il n’y a pas de vie après la mort de l’espoir…et en tant qu’espoir je suis pas dans la merde… . Mais n’en parlons plus, il faut que je me concentre sur ma mission, que je prouve que j’ai ma place en tant que bonheur. Mais pour cela, je dois savoir qui est ma cliente, et pour cela je doit la voir, et pour cela je doit savoir. Donc on est revenu au point de départ. Bon… j’attends.

-----------

Ce matin, le soleil était au rendez vous, j’ai même eu l’impression que pour une fois il me souriait, mais avec la journée, les nuages sont apparut, avec eux la pluie, conclusion évidente de cette transformation météorologique, il fait un temps de merde. A part le temps qui pleure à ma place, on peut dire que ma vie journalière à été on ne peu plus monotone. Je me suis levée sur les coups de huit heures, j’ai pris un déjeuner sans goût, comme si ce croissant était aussi fade que la lune, puis je suis parti à ma fac ou les cours d’amphi on était aussi ennuyeux qu’ils sont incompréhensibles. Puis petite pause repas où j’ai avalait sans grande passion un thon crudités pas frais, je me suis assoupi quelques minutes en espérant me réveiller dans une autre vie, malheureusement un crétin a renversé son plateau repas et m’a réveillé en sursaut. Puis les cours ont repris, pour ne s’arrêter qu’a la nuit tombée. Mon bus a eu 3 minutes de retard ce qui est peu, sauf pour une personne comme moi ; qui pense que la vie manichéenne n’existe pas, tout n’est pas blanc ou noir selon moi tout aigri.

Ensuite vingt minutes de marche dans la campagne profonde, près d’une route ou les voitures se font rare, puis le vent s’est mis comme par magie à se décupler, comme si il n’avait pas remarqué qu’aujourd’hui je n’aie pas mis de jupe. Puis sur les coups de 18 heures je suis rentrée chez moi, trempée, déprimée, fatiguée mais arrivée.

Vous pensez sans doute que je suis de celles qui râlent sans raison, le genre de fille déprimée qui croit que la vie s’acharne sur elle, le genre de personnes qui croit que personne ne l’aime, qui imaginent que dès qu’un nuage est au dessus d’une ville c’est pour elle. Et bien vous n’y êtes pas du tout, enfin vous n’êtes pas dans le mille. J’ai des amis et des amies, je souris parfois et même si je suis réservé il m’arrive de sortir et de faire la fête, au risque de vous choquer il m’arrive de temps en temps d’avoir des petits amis, de les embrasser et même de faire l’amour. Je me sens presque heureuse dans ses moments là ou mes amis sont à mes côtés, et pourtant, comme si il me manquait un truc je me sens fade, comme si la glace que vous mangiez était allez se congeler puis se décongeler puis se recongeler et cela une bonne quinzaine de fois, laissant la couleur, l’aspect et un ersatz de goût, mais ne donnant pas le parfum pour lequel vous avez payé. Oui je me sens fade, tous a disparu, tous n’est plus qu’illusion.

Deuxième point primordial, ne croyait pas que cette noirceur d’esprit soit là depuis toujours, j’ai 24 ans, je suis en troisième année de médecine et j’ai un passé derrière moi. La joie de vivre, les sourires sans raison, les pleurs de joie, les odeurs rappelant  à madeleine l’odeur d’un prou(s)t, le plaisir d’une discussion, le bonheur d’une situation, les mal a l’aise comique d’un quiproquos, tous cela je l’ai vécu tous cela je m’en souviens et tous cela je l’ai perdu. Mon enfance a été la plus belle du monde, des parents formidables, des amis toujours présents, des vacances de rêves à la plage ou à la montagne, et cela sans donner aucun détail. Mon adolescence, toujours pareil pas de soucis, peu de crise d’enfant solitaire qui se voit grandir, pas de je fume pour être grande, pas de boutons d’acné, peu de tristesse d’un premier amour. Puis est venu l’age d’être adulte. Toujours pareil, aucun problème, quasiment 20 ans et toujours cette joie ce bonheur, cette envie d’être moi. Et pourtant il a bien fallut un déclic, une crise, un problème, oui il y en a eu un. Mais je n’ai pas le courage d’en parler. Je m’en vais sur mon lit, je vais me reposer, passer une bonne soirée.

----

 Mais à qui écrit t’elle ça, sait elle que je suis là ? Elle veut me mâcher le travail ? Pourquoi raconte t’elle son histoire à son ordinateur ? De quoi veut elle se libérer ? C’est toujours pareil, on me donne un mission et on me dit même pas en quoi elle consiste. « Tu devrais savoir qu’en tant que parcelle de bonheur, ta seul mission est de redonner joie et espoir », non mais attendez, ils sont malins la haut, et je fais comment moi sans information, elle va me péter dans les doigts la gamine, il me reste combien de temps avant que son esprit terne fasse de moi un espoir déchu…

Curiosité mon ami, tu es la bienvenue en ce jour,  pendant que la miss est assoupie sur sa couette, il ne me reste plus qu’à plonger dans ses fameuses lettres cachées dans son ordinateur, entre des formules de chimie barbantes et des jeux vidéos stupides. Allons voir si les autres jours sont plus gais…

Un jour d’automne pas si lointain :

 

Dehors le temps est magnifique, les feuilles roussissent comme si une teinture orangeait tombée du ciel, le froid se glisse petit à petit dans le quotidien des villes, l’automne c’est avant tout la fin de l’été, les souvenirs qui disparaissent le boulot qui revient et le froid qui attaque la peau. Evidemment je n’ai pas oublié, je ne sais pas si un jour je pourrais en parler, je n’arrive même pas à me l’écrire à moi-même alors en parler aux autres. Quand je pense que même mes parents ne savent pas dans quel état je suis, comment ai-je pu laisser faire ça ? Je suis sur que j’aurais pu faire quelque chose, mais quoi ? Un sujet tabou au fond de moi et devant je fait comme si de rien était. Voila encore une fois, j’écris une lettre sur mon ordinateur pour essayer de me soulager, combien de temps cela va me hanter. Si une personne lis un jour ses lettres, si il existe une divinité supérieur qui a les yeux partout, et qui en ce moment se penche sur mon épaule, je lui demande une énième fois de l’aide. Je ne veux pas oublier, je veux comprendre et pourquoi pas réparer.

Sur ces paroles répéter maintes et maintes fois sur de l’encre électronique, je m’en vais déguster un repas digne de ce nom, je crois que ce soir j’ai droit à un rôti de bœuf avec des patates au four, il y a parfois des bon cotés dans les long jour d’automne.

 

                                                                                                Léa

 

 

Un soir d’hiver pas si froid que cela pour un hiver :

 

On est en plein mois de janvier et le temps est ensoleillé, aucune neige n’est venue recouvrir les toits, je ne peux donc décrire une maison enneigée, comme tout hiver qui se respecte les arbres n’ont plus aucune feuille sauf les arbres à feuilles persistantes, mais ça n’importe qui qui est allé en primaire le sait. Niveau température il fait plus de quinze degrés ce qui est étrange mais pas pour me déplaire, étrange car j’habite  dans l’ouest de la France, juste à coté de La rochelle, et à cette époque un quinze degrés signifie étrange, rien de plus. Après cette parenthèse climatique, observons le climat de mon esprit. J’ai passé mes exams et je suis assez contente de moi, en ce moment je vais a peu près bien, enfin je crois, j’ai un petit ami, il s’appelle Stéphane, il me fait rire je le trouve mignon et parfois il me fait même oublié mon désespoir. Mais c’est seulement parfois, j’oublie un temps mais cela revient, cela me hante, j’aurai du les aider, j’aurai du comprendre, j’aurai du agir. Aider moi, qui que vous soyer, peu importe qui voit cela, je demande de l’aide…

 

                                                                                                Léa

 

Oula, un peu folle la gamine, toutes du même acabit ses lettres, et vas y que je me plaint, et vas y que je ne dit pas pourquoi, plus d’une trentaine de petit mot du même genre. Je comprend pourquoi il m’ont mis sur cette affaire, les boulets désespéré c’est toujours pour moi. Je veux bien aider la gente dame, encore faudrait t-il que son problème soit explicite. Bon si je résume les information ça c’est passé il y a environ 3ans, elle n’a rien fait, elle s’en veut, c’est pas rapport à quelqu’un (ami sans doute, vu que ses parents ne sont pas au courant), elle n’arrive pas à oublier, elle veut comprendre et vivre avec. En résumé elle n’assume pas… Encore une assistée. Elle à de la chance, tonton est sur le coup. Je vais devoir réussir cette fois ci, ce qui veut dire, que va falloir que je bosse, rien que d’y penser ça me fait mal à la tête (même si je n’en ai pas).

Bon et bien ma chère Léa, je connais ton prénom maintenant. On est associé désormais, et je vais tous faire pour te rendre ton sourire « angélique » …

 ----

Quel rêve étrange, comme si quelqu‘un essayait de me faire souvenir de mon passé. Enfin n’en parlons plus, combien de temps me sui-je affalée sur mon lit : Presque deux heures, cette sieste de soirée m’a ouvert l’appétit. Je descends quatre à quatre les deux marches de mon salon et je me dirige dans la cuisine ou ma maman prépare un plat comme elle en a le secret. Je lui raconte ma journée en amorçant un sourire, mon talent pour mentir devient inquiétant… Comme d’hab, mon papa rentrera tard, le travail c’est si crevant. Quand je pense que dans sa jeunesse cet homme d’affaire ne voulait pas grandir, nostalgique à 23 ans c’était son slogan, aujourd’hui il bosse comme un fou dans le marketing pour des pilules pour les vieux… comme quoi on est vraiment étrange dans la famille Vuibert.

Je mange en tête à tête avec ma tendre et chère maman, peu de mots se mélange à nos bruits de mâchoire rituels, elle me trouve juste trop maigre, et blanche. D’un autre côté je mange rien et y a pas de soleil… un peu d’observation que diable. Je ne suis ni malade ni anorexique, j’ai juste un petit estomac et une peau d’albinos. Des fois on ne sait où les gens vont chercher leurs histoires.

Repas terminé, un café ? Non sans façon, j’ai envie de m’endormir ce soir… Pendant que ma tendre mère se pose avec son cappuccino devant la télé. Je m’évade discrètement dans mon bureau ; pour ma conscience plus que pour mes études, je me plonge sans envie dans une pile de bouquins parlant sur 400 pages d’un quart de la partie de l’épaule droite…

Après une heure à rabacher dans ma tête des mots interdit par le commun des mortels, je m’étale dos contre couette sur mon lit.

Il est près de minuit quand je décide enfin de fermer mes yeux, je suis assoupi, quand mon père vient m’embrasser tendrement. Les mêmes gestes depuis ci longtemps, une des choses qui fait que je ne me sens pas si seul. Ce bisou de minuit me réchauffe et m’apaise, je m’endors et je tombe dans une nuit sans rêve… heureusement.

Signaler ce texte