Elle (n') est (plus) là

Orane Ricol

Elle est là, assise sur une chaise, un cahier sous les yeux et un crayon dans la main. Ses yeux sont vides et elle joue machinalement avec le stylo, cherchant, en vain, l'inspiration.

Elle est là, les yeux injectés de sang et le visage rouge à force de pleurer. Elle a du mal à respirer, sa poitrine se levant et s'abaissant rapidement, tirant sur le col de son haut et le portant à ses lèvres pour arrêter les sanglots.

Elle est là, une lame dans la main, son bras gauche tendu devant elle. Il suffira qu'elle appuie pour que le sang apparaisse. Et alors elle pourra respirer, faire taire les voix dans sa tête... Sa peau commence tout juste à brûler.

Elle est là, plaisant et riant avec ses amis. Un pull cachant ses blessures et ses cicatrices trop grandes, trop voyantes, trop rouges. Elle mime tellement bien le bonheur que tout le monde se prête au jeu...

Elle est là, pleurant la nuit, souriant le jour. Les cicatrices sont de plus en plus nombreuses au fil du temps et malgré tout elle ignore la douleur qui parcourt ses bras, ses jambes et son ventre.

Elle est là, dans son joli cercueil, son prénom écrit en gros sur sa tombe et ses proches pleurant sa mort. Ils n'ont rien vus venir sinon elle ne serait sans doute pas ici.

Mais le pire dans tout ça, c'est qu'elle n'est plus là pour te dire à quel point elle t'aimait et à quel point c'était douloureux d'être séparé de toi.

Elle n'est plus là et maintenant tu en payes le prix.

Signaler ce texte