En taule à bonne école...
Jean Claude Blanc
En taule à bonne école…
La taule, privation de liberté (mi, la)
Pour les truands, les aliénés (ré, la)
On ne fait pas le tri à l'entrée (ré, la)
Lorsque la France est en danger (mi, la)
La taule où croupissent salopards
Pas toujours de fiers malabars
Parfois des gamins furibards
Trafiquant que pour quelques dollars
La taule où règne la vendetta
De la pègre, des égarés sans foi
Dans des cellules à l'étroit
Mélange des dingues, des hors la loi
La taule hélas pas économe
Entasse des milliers de personnes
Pour la patrie des Droits de l'Homme
Vraiment la honte, le monde nous sermonne
La taule, chez nous, drôle de modèle
Où c'est pas dur se faire la belle
Suffit se pendre à une ficelle
Afin d'atteindre le 7ème ciel
La taule, accorde quelques faveurs
Pour y loger niais malfaiteurs
Même s'y adonnent avec bon cœur
Les magistrats, sévères procureurs
La taule, sûrement du pain béni
Pour criminels et bandits
Nourris chauffés et à l'abri
Vu de l'extérieur chez les nantis
On se débarrasse de ces racailles
A ces bestiaux faut un bercail
Mais en troupeaux, foutent la pagaille
Se contaminent, s'encanaillent
La taule, les grilles, les barbelés
Une heure de promenade, sans discuter
Fumer sa clop pour évader
Les idées noires, ça de gagné
La taule où on ne remise que les gueux
Qu'on veut plus voir sous nos yeux
Sont contagieux tous ces lépreux
Mieux vaut couler loin nos jours heureux
La taule moderne et pratique
Plus que des serrures automatiques
Cela au nom de la République
A en devenir neurasthénique
La taule, concentré de silence
Idéal pour faire pénitence
Hélas malgré ses performances
A la sortie certains recommencent
La taule, prison pour punition
Pour ces camés, leur faire la leçon
Ça sert à rien, en perdent la raison
N'espèrent plus rien de l'horizon
La taule, une cure de bonté
Afin de se faire oublier
Mais difficile, d'avance jugés
Pas bonne carte d'identité
La taule ultime châtiment
(Plus peine de mort heureusement)
Mais vaut pas mieux l'internement
Se dédouanent ainsi les honnêtes gens
La taule, béton et miradors
Qui enlaidissent le décor
Retour des temps des châteaux forts
Sauf que les matons veillent sans remords
La taule, où se cachent nos aigreurs
D'une société de violence, d'horreur
Alors pour se parer de ses malheurs
Fait sa justice, selon ses humeurs
La taule, à la mode écolo
Trie les méchants et les nigauds
Les plus durs mis en quarantaine
A l'isolement purgent leur peine
La taule, vétuste cage aux vauriens
Entre 4 murs, pas de salle de bains
D'intimité n'y en a point
L'Etat en manque de moyens
La taule, où on jette les renégats
Ne peut que faire des dégâts
Chez les plus faibles de ces malfrats
Qui se retournent vers la foi
La taule, sombre lieu du désespoir
Où pour survivre on doit croire
En quelque chose, les dieux se marrent
Voyant que les barbus s'en emparent
La taule, pas d'autre alternative
Pour châtier ces sauvages convives
Leur suffirait qu'un peu de boulot
Pour les extraire de leur cachot
La taule d'aujourd'hui pas Cayenne
L'affirment les mêmes qui prêchent la haine
Se tiennent à l'écart, pas de problème
Pas concernée conscience humaine
La taule, vengeance ou purgatoire
Morale pour celui qui broie du noir
Un jour par semaine, le parloir
Rien pour celui, qu'on laisse choir
En taule, retirés des bagnoles
Pour des larcins, ces petits marioles
Bien jeunes déjà à bonne école
De ces scélérats fêlés qui violent
La taule, ne manque pas de succès
Ses fanatiques se comptent par milliers
Système débrouille, c'est ce qui prévaut
Tous derrière les barreaux
La taule, l'enfer pour les maudits
Bien mérité, selon les génies
Mais se renient ces démocrates
Se faisant prendre la main dans le sac
La taule, d'office pour les prolos
Voleurs de pommes, pas de pot
Même y décuitent les poivrots
Ne touche jamais, les gros cerveaux
Ces jours, c'est le tour des puissants
Pour ces brigands, plus de pardon
Qu'ils soient augustes présidents
Tombent sous la loi, malversations
La taule plus rude que l'échafaud
Perpétuité, faire le poireau
Plutôt mourir d'un seul coup
Que végéter seul dans son trou JC Blanc mars 2017 (derrière les barreaux)