En vie
aile68
Regarder danser les étoiles dans le ciel de minuit, penser à Eluard, "la terre est bleue comme une orange", tout imaginer dans la poussière d'une route qui mène Dieu sait où, l'errance est un chemin de solitude. Parler la langue de sa mère ou celle du poète c'est un peu pareil, celles-ci vous touchent au plus profond de vous-mêmes, inventer des mots, inventer la danse de la pluie, oublier ce qu'on a voulu dire. Bel inconnu qui passe sans me voir, tout auréolé du soleil du matin, lumineuse passante du sans-souci, toutes ces histoires d'amour auxquelles on n'a pas osé donner vie, les laisser s'en aller, partir. Ecrire sans penser à la logique des idées, à moins que tout ne tienne par un fil incompréhensible qu'on a du mal à suivre, juxtaposer des pensées, des phrases qu'on trouve sur son chemin, comme la couturière qui puise des morceaux d'étoffe dans sa corbeille pour les unir avec soin comme des morceaux d'histoires. J'aime ce qui fait sens, ce qui surprend, les belles tournures de phrases qui laissent perplexe une fois qu'on les a entendues ou prononcées, voir la vie comme le poète, chacun peut l'être. Laisser filer sa vie telle l'eau au bout de ses doigts, tel le sable emporté par le vent. Suivre du regard le vol des feuilles qui tombent sur le trottoir en pierre, esquisser un pas de danse sur une musique enjouée, à la page, "In between days" des Cure, la new wave a encore de beaux jours devant elle! Se laisser bercer par le doux espoir de se retrouver un jour au sommet d'une montagne et crier au monde qu'on est en vie.