En voiture Simone

amaende

Imaginez quatre-vingt jeunes privée de leur liberté.

Il existe peut-être pire, ailleurs, ou dans d'autres temps... Comme dans l'armée par exemple, mais là, rien qu'entre mecs t'en fait carrément moins, des galipettes....

J'avais 16 ans et j'étais un putain de junior d'espoir de pongiste. Je passais mon temps, comme maintenant encore, à expliquer que pongiste c'est pour ping-pong et que ce n'est pas un jeu de débiles et énervés faisant jou-jou avec la ba-balle... C'est d'ailleurs comme ça qu'elle m'a remarqué : sur ma grande bouche. Normal, car au milieu d'une majorité de footeux, j'étais le borgne au milieu des aveugles, sourds et muets de l'intellectualisme...

Bon, je caricature un tout petit peu, et me fout encore de leurs gueules, mais il y a de quoi quand tu les vois à la télé... Et puis à l'époque, il n'y avait que ça à faire (ou presque)... Trois semaines de plâtre complet du bout des orteils à la hanche, et minimum cinq semaines de rééducation si tout se passait bien. A cause de mes ligaments qui s'étaient croisés, ou un truc comme ça...

Je n'avais encore rien fait. De sportif du mercredi après midi, on me promettait quasi « les Jiho de c'est où 88 ? » (traduire : Les Jeux Olympiques de Séoul 88). Je n'avais pas compris que pour cela, on doive m'exiler dans un sport étude à 400 kilomètres de ma famille. Je ne connaissais rien de la vie, et ce n'est pas en internat que tu apprends empathie, affection et sentiments... Seul au monde face à Ma Destinée (remplacer se crétin de Secrétin !).

Mais mon corps en plein devenir, m'avait définitivement trahi. Opération donc. Puis rééducation. Puis, surement, réorientation. Une vie (a) remisée. Une Destinée avortée... La Bonne Fortune m'avait lâché.

Mon seul soutient psychologique ce fut Fanchon. Une enfant. Une douce enfant. Danseuse étoile et lumineuse, qu'elle était. Nous la voyons tous comme ça : douce et frêle comme un Bambi au milieu des Balours que nous étions. Une étoile filante de 17 ans...

Nous étions facile 80 dans ce centre de rééducation spécialisé dans le genoux, le plus grand d'Europe, avec des âges s'étalant de 15 à 40 ans. J'étais un des plus minots. Quasi toute le meilleur du sport national fauché en pleine ascension de la gloire, plus toute une floppée d'italiens et d'italiennes et quelque libanais (?)... Toute cette fougue généralement canalisée par des heures et de heures d'entrainement, coincée en béquilles et autres fauteuils à roulettes. Tous ce sang et cette jeunesse de vie en nous, dans des corps de Playmobiles.... J'en écrirais des bouquins d'avoir un corps, hier encore hyper-vivant, handicapé et bon à rien. Bon à jeter. Je hais la misère physique, le handicap et la diminution que je n'en deviendrais jamais vieux, promis.

N'empêche que pour tuer le temps, nous en faisons 400, des coups. Déjà c'était l'intronisation : à chaque nouveau qui se pointait, nous lui faisions passer toute une série d'épreuves, de la simple question à un flot de vannes puériles et débiles. Sortie d'opération ou pire de réanimation, c'était poilant. Sous ce flot de mitraille en règle, j'avais dû pas mal assurer, je pense. Ou c'était au bénéfice de ma jeunesse qu'on me laissait en paix, voir qu'on me protégeait...

Après, il y avait « sexe, drogue, et Rock-N Roll ». Fumer et boire ses premières bières, à se retrouver encore avec son vomi sur les genoux dans le bureau de l'infirmière-chef à regarder mes chaussettes sur ces maudits cale-pied de fauteuil. Essayez de vous cacher dans un coin pour vomir sans en mettre partout lorsque vous êtes coincé sur des roulettes...

Après « sexe tout court », c'était un peu plus dur... J'ai longtemps « couru » après Fanchon... Au bout d'un quart d'heure d'échange de banalité (et nous nous voyons 30 fois par jour, au moins), j'avais les lèvres en feu de vouloir l'embrasser. Mais pareil, foutu fauteuil ! Vous avez déjà vu deux personnes sur des fauteuils se galocher comme à la fin des films ? Impossible ! Juste un baiser du bout des lèvres mais c'est tout. Ou alors, fallait faire comme les grands : la nana en travers, assise sur les jambes de son gars, voir à califourchon sur lui, si l'attèle où la genouillère le permettaient...

Si non, fallait se rendre in situ.

Je me suis démerdé pour monter une baraque à sa partenaire de chambrée avec un gars que j'avais vu qu'elle regardait. Quand j'ai toujours dit que le ping pong c'est 95% dans la tête. C'est de la stratégie et du calcul. Je me suis donc invité dans sa chambre. J'avais fait l'impasse sur ma kiné et je maîtrisais les horaires de tous et toute, personnel compris. Nous avions largement le temps.

Je suis donc rentré dans sa chambre. J'ai grimpé sur son lit, direct pour lui dire bonjour et lui taper la bise. Elle était en confiance, moi aussi. A ceci près, c'est qu'elle avait confiance en moi (ma neutralité, mon amitié ou un truc comme ça), et que moi j'étais en confiance en moi (mon objectif était clair, visible et tangible à en être touché et palpable).

C'est ce que j'ai fait, d'ailleurs... J'ai commencé à laisser me promener mes mains sous le drap, sous le prétexte que mon genoux me grattait... De quitter mon haut, car il faisait chaud... De me coller à elle, car c'était étroit, etc... Elle n'était pas dupe, et me le rendait bien. Elle a accepté que je dépose mes lèvres sur les siennes. Je voyais sa (petite) poitrine se soulever de saturation d'informations sensitives. Et de soupir(s) de résignation aussi, peut-être...

Je suis parti comme je l'avais fixé. Arbitrairement : fin de la première mi-temps. Juste avant de fuir de ce nid douillet, j'ai tenu à lui montrer mon désir pour elle. Dans le sens où je me suis collé bien à elle pour lui montrer que j'étais un mâle (bien) bandant. A défaut d'un être humain ayant du désir pour son individualité particulière. Simplement.

Le lendemain, j'ai feint de l'ignorer un peu. Pour mieux la coincer dans un coin avec ce fauteuil que je retourne enfin à mon service comme en char d'assaut. Trop fort ! Trop fort, je l'ai crains dans son regard. Mais non, elle apprécie cette envolée chevaleresque. Comme quoi, dans un match : qu'importe les conditions, il faut profiter d'opportunités, c'est tout.

Je lui ai fait part de mon enthousiasme, de mon trouble, (mes troubles), de mes pulsions... A la faire rougir, à l'acculer dans la gène. A conceptualiser un trouble commun qui est en fait mutuel. Saturation d'informations toujours. C'était vrai, ce que je lui disais ! Par contre et normalement, cette intimité là, ne se partage pas comme ça entre deux portes, et le jour d'après les premiers bisous, c'est tout...

Le lendemain même organisation. Mais de soir cette fois-ci. Je lui ai donné rendez-vous dans sa chambre. Manque de pot elle est dans son fauteuil et non, comme imaginé, dans son lit... Je lui propose de nous allonger l'un à côté de l'autre, elle accepte volontiers. Je la trouve plus nana que fille, d'un seul coup. Dans ses yeux, un voile s'est même levé laissant une brillance apparaitre : l'amour ? De la défiance ? ...Ou la perte de (l'illusion de) l'innocence ?...

Elle s'est contorsionnée pour s'offrir à moi. Sans que je lui demande « manuellement » ou verbalement, elle s'est mis quasi nue juste à garder culotte et tee-shirt. J'ai suivit le mouvement quasi en même temps, mon bas m'oppressait car ça faisait bien un quart d'heure que j'avais une putain de gaule monstre. J'étais enfin nu. Mais en dehors du lit pour des questions de chaussette et de genoux impossible à plier. Elle me contemplait entier. J'étais fier sans trop l'être. Je bandais comme un taureau, mais n'ayant pas l'habitude de me faire reluquer ainsi, j'avais un léger trouble. Je sais maintenant qu'il faut mieux être vu « emplis d'orgueil », que le contraire... En tout cas, je me tenais très près du lit pour ne pas trop m'exposer. Mais ça revenait à l'inverse, en fait, car mon sexe était encore plus à sa (bonne) hauteur. Elle s'est mis à me caresser et à vouloir me faire des bisous à « ce niveau ». Très mal à l'aise, le sang qui gorge mon sexe en déleste d'autant le cerveau... J'ai fait le tour vers le bas du lit pour lui enlever à elle aussi ses chaussettes. Profiter de toutes les opportunités pour faire du jeu son jeu (son Je).

J'ai vu son corps parfait. Pas une ombre de graisse. Que du muscle souple. Par une seule déformation d'activité sportive intense ne l'avait perverti. (hormis les ongles des pieds...). Mise à part le gros pansement bridant son genoux, une souplesse de soie (de soi) et une tension explosive (chez moi aussi). Et aussi ses immenses jambes de gazelle. Et son infâme et indescriptible culotte à dentelle en tergale bridant ses hanches de mini-femme. Une touffette de poil luisant en débordait par le dessus. Comment les modistes des années 80 on put faire de cette gamme de vêtements, des choses aussi peu esthétiques ? Sortie de la culotte Petit Bateau 100% coton, il n'y avait rien à l'époque de doux, attirant et sexy...

Vite remonté dans le lit quand même, car son regard commençait à me glacer... Je me suis mis de côtés sur elle, à cause du manque de place et de mon genoux. Et puis aussi parce que je n'osais pas lui grimper dessus directement genre à la missionnaire. Je l'ai retourné sur le côté pour me frotter sur elle. Sa foutue slipette 75% acrylique et le reste en polyéthylène qui limait mon manche, n'a pas fait 10 secondes de résistance. J'ai retroussé aussi son tee-shirt sur sa tête. Là, j'ai fait comme une pause. Je ne sais pas si vous connaissait ce tableau d'une naïade dans un hamam, d'Ingre je crois (ndlr : « L'Odalisque » d'Ingre). Des chercheurs ont prouvé que pour que ce corps puisse exister, le peintre avait du rajouté au moins 4 ou 5 vertèbres au modèle. Et bien moi, c'était pareil. Je ne voyais qu'un dos. Immense. A peine la chute de ses reins coudée, mais un immense dos blanc et constellé de point de rousseur et autres grains de super beauté. C'est tout. Plus de cheveux et de tête, car tous coincés dans le tee-shirt... Ça m'a coupé les dernières réflexions de stratège sur ce que nous faisions, et comment ça allait se passer.

Je me suis laissé ...vivre ! Le seul et ultime gagnant, est celui qui vit le jeu (Je).

Dès qu'elle fut débarrassée de son haut, je me suis collé complet à elle. Recroquevillée de dos contre mon ventre, je l'ai facilement pénétré. Toujours sur le côtés à cause de nos genoux, atèles et pansements. Tout deux opérés du genoux droit, c'est bien tombé. Elle s'est détendue petit à petit.

Et là, je l'ai pénétré. Et oui, car jusqu'à présent, j'étais à cotè ! Ses lèvres intimes étaient tellement douces et bonnes avec moi, que je me croyais déjà en elle ! Mais ce qui m'attendait étais d'un niveau de plaisir encore bien au dessus de ce que j'avais senti jusqu'à présent. Bigre ! Ouverte à moi. Je sentais mon sexe et le sien s'épanouir et s'épouser au plus près. D'une première approche plutôt rugueuse, nous nous sommes adopté petit à petit jusqu'à ce que je sois entier en elle.

J'ai glissé une main sous elle et sur sa mini poitrine. L'autre accroché à sa hanche pour synchroniser mes mouvements en elle. J'ai rapidement joui. Du moins trop rapidement à mon goût. Nous n'avons rien dit. Je suis resté en elle le temps d'une micro-sieste d'absence. Abandonné. Elle n'a pas bougé du tout. Abandonnée. J'ai recommencé à bander en elle. C'est là que je l'ai entendu. Ce râle, pile à mi chemin entre la plainte et l'encouragement. A chacun de mes mouvements. Ou du moins a chacun de mes allé en elle. Comme la respiration d'une fin de jogging à l'entrainement, quand tes tempes tapent de sang au même rythme que tes pieds sur le sol. C'est automatique : un geste = une respiration. Le deuxième souffle.

Le lendemain matin nous nous sommes fait gauler par les infirmières. Sa collègue de chambré était tout autant jalouse, qu'outrée. Cette grougne était parfaitement au courant car elle avait buté sur mon fauteuil lorsqu'elle s'est rentrée de son propre découchage...

Je lui ai dit de se décoincé un peu du cul, vu qu'on était déjà tous coincé sur des fauteuils...

...C'est elle qui a remplacée Ma Fanchon quand elle est partie...

Enfin, quand je dis "remplacée"....

Vévé

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