Encore tout chaud, on me tanne la peau
Jean Claude Blanc
Encore tout chaud, on me tanne la peau
Encore tout chaud en mon caveau
On se dispute mes oripeaux
Toute ma smala me les envie
Mes droits d'artiste et mes motos
Prochain CD, à pas douter
Mon œuvre posthume, rareté
Tout le monde va se l'arracher
Pas aux bénefs de mes petits génies
De « holyday », bien dénommé
Roué débauché pars en tournées
Comme jadis Elvis Presley
Pour que ça en jette chez les muets
Où faut hurler, gorge déployée
Les portes du Ciel me sont pas fermées
Suffit sonnet… avant d'entrer
Ancienne vedette, pleine d'énergie
Vais mettre le feu au Paradis
Brûler la Cène du Messie
Fuyant cette Terre pourrie d'ingrats
A mes ainés, leur lèguerai
Seulement les crottes de mon nez
Car Laeticia, c'est dans le contrat
Pour elle mon fric et mes villas
Tellement a dû me supporter
Chers David et Laura
Si j'ai fauté pardonnez-moi
Etant devenu un peu gaga
J'ai tout signé près du trépas
Dans la poussière, les bras en croix
J'entends d'ici monter les cris
De mes ex Sylvie et Nathalie
Même pas gênées se croient trahis
Nib pour elles, ces rapiats
Vont en palper à minima
De mon oseille selon la loi
Tout pour mes tendres jaunes chinoises
Qui adoptées, sitôt pavoisent
Qu'en attendaient pas tant de fortune
Mes grattes, mon cuir, illustres thunes
Du temps où je faisais la une
Au Stade de France, pas pour des prunes
Maintenant mort et enterré
La moindre des choses, me respecter
Y va de mes dernières volontés
Dont le notaire, garde le secret
Car le suspens, c'est son métier
J'ai mijoté un coup tordu
A l'attention de mes élus
Chers de mon cœur, de la revue
Pas la moindre fiente de mon cul
Tout au profit de ma morue
N'ai pas fait gaffe, mal renseigné
Aussi je me suis fait rouler
Croyant que ça comptait pour du beurre
Qu'un autographe juste une faveur
Le résultat, je suis saigné
Par contre rigole ma dulcinée
Voilée de deuil, bonne occasion
Pour s'honorer de ma succession
Bien que je n'ai plus mal aux dents
Quand même bizarre mon enterrement
Cerné de fans, de courtisans
Comblé de femmes et d'enfants
Ont-ils fait ça pour de l'argent
Tiens la réponse, évidemment
Pour les choyer, serai plus présent
Alors pleurnichent, me regrettant
Mais prévoyante mon intime
En guise de faire triste mine
S'est occupée de mon héritage
Vite placé, a pris le large
Certes fidèle de mon vivant
Qu'a mon pognon dorénavant
Plus rien à foutre, là où je suis
A l'aventure parti Johnny
De mes galas, s'en est fini
Sauf pour mon pote Jésus Christ
Qu'en redemande de rock endiablé
Son père Joseph coopté
Lui ne va pas se faire prier
Juste récompense l'avoir élevé
Qu'elle se dépatouille ma sainte famille
Gis sur mon île, où le soleil brille
Leur laisse mes restes, mes pacotilles
Qu'ils vendent aux enchères mes guenilles
Finalement se fendent la bille
Mon fils, ses sœurs sont en cheville
Y'a des clients qui y fourmillent
Pas mécontent qu'ils me pillent
Etant les rois de la resquille
Pour se partager mes baraques
Une autre histoire, déjà s'écharpent
Jusqu'à convoquer la Justice
Tellement souffrant de préjudice
Ainsi se traitent odieusement
De sales juifs, chiens errants
Mais à mon corps défendant
Chialent sur ma tombe pour faire semblant
Pour ma bourse, pas indifférents
Parait que ma belle, nouvelle chérie
N'est pas très claire question roupie
S'est permis se charger de mes rentes
Les confiant à une parente
Mélimélo pour m'embrouiller
Suis-je plein aux AS ou à découvert
J'avoue m'y intéresse guère
Moi-même pas net en cette affaire
Plupart du temps bourré de bière
Ne me suis aperçu de rien
Pressé d'aller fumer un joint
Tas de pognon, ne compte plus
J'ai fait confiance, dès lors cocu
Heureusement près du Seigneur
Et de son armée du salut
Je m'y prélasse enchanteur
Nourrir l'âme des disparus
C'est ma fonction, du haut des nues
Remords, scrupules, oubliés
Déjà assez de ces ramiers
Qui n'ont de cesse, s'entredéchirer
Sur mon butin, tombé, tout frais
Là y'a du monde, pour me piller
Grâce à ma pomme adulée
Par les médias, et les pépées
Mais cette fois à perpétuité
« Pauvre chanteur abandonné »
Les portes du Ciel, largement ouvertes
Gosse naturel, la main verte
N'ai pas twisté en pure perte
Après des années de galère
Du rock'n roll devenu maitre
Le rap, le slam les envoient paitre
Enfin expire le bon air
Dormant pénard, sur côte déserte
Me rendent visite que les mouettes
Déjà pas mal, amies discrètes
Vole sur leurs ailes à perpète
Laissant aux miens des cacahuètes
En vérité, des tas de dettes
Trop dépensier, pour faire la fête
Mais leur réserve, fine guêpe
A ceux qu'espèrent faire recette
Que mon peignoir, en sueur qu'empeste JC Blanc mars 2018 (brave Jojo)