Enfin en paix, toucher au but

Jean Claude Blanc

coup de blues...

                     Enfin en paix, toucher au but

Tellement désespéré, ne passera pas l'hiver

Juste fêter Noël, dernière fois satisfaire

Ses mômes, sa nana, ses potes sa vieille mère

Résolu d'en finir tout seul en sa tanière

 

Abandonné de tous, garde en lui ses problèmes

Il en a la pelle, qui ne valent pas la peine

Chemin semé d'embûches, plus dure sera chute

Par chance ressent plus rien, si la mort le percute

 

Des mois et des années à se faire du souci

Il en a plus qu'assez, ça lui trouble l'esprit

S'en remet au Bon Dieu, la Vierge sa Madone

Ne sachant plus aimer, à force de voir personne

 

Ce mal qui le ronge, impossible à décrire

Ses proches qui l'ignorent, se contentent d'en rire

Selon ses faux amis, il devrait réagir

Mais ne le pouvant pas, s'accentue son martyr

 

Alors se laisse aller à coups de cachetons

De ces drogues miracles, qui font la vie en rose

Ainsi dose après dose, s'assomme la raison

Un instant s'assoupir, cauchemarde cette pause

 

Dans ses nuits agitées se repasse les images

Celles de son passé, plupart des naufrages

Son frère disparu, son père au Paradis

Voudrait bien les rejoindre, sur Terre son l'agonie

 

Décembre ensoleillé et le mois des cadeaux

Comme le papa Noël, il porte son fardeau

Mais pas à l'attention de ses petits enfants

Amères ses étrennes, pleines de mauvais sang

 

Déception, mauvais sort, a cessé de pleurer

D'ailleurs pour sa famille, c'est un enfant gâté

Toujours se la ramène, la gueule enfarinée

Pour être soutenu, dans ses difficultés

 

C'est à chacun sa part de misère, de bonheur

Il doit s'y conformer sans cesse avec bon cœur

Mais est venu le temps de ses résolutions

Se barrer en silence, sans se poser de questions

 

Plus le goût d'exister, ni courir les pépées

Sentant en lui monter, l'angoisse qui l'oppresse

Mais pour s'en libérer, écrit comme un damné

Des pages noires funestes, appels de détresse

Il me les a confiées, pour me faire cogiter

N'ayant que peu de lecteurs, ne s'adresse qu'à lui

En guise de public, il n'est pas mieux servi

Si dit « ma fois tant pis, si je suis incompris

Plus tard seront surpris, mes chers descendants

Que j'ai rédigé bravement, mon pauvre testament »

 

Touché au plus profond, atteint la côte d'alerte

La moindre contrariété, le pousse à sa perte

Ce que les gens appellent une emmerde ordinaire

Prend tant de proportion, lui tape sur les nerfs

 

Pour un petit détail, qui parait anormal

Il en fait tout un plat, lui sape le moral

Risque pas de consulter, un psy, serait fatal

Considéré foldingue, un de ces hommes à fables…

 

Quelle forme prendra-t-il, son tout dernier soupir

Ce type jamais tranquille, envisage le pire

A coup sûr le meilleur, lui ne sachant plus vivre

Déjà il touche au but, bouché son avenir

 

Oraison pour moi-même, pour conjurer l'amour

Celui que j'ai pour les miens, qui me sont d'aucun secours

Mieux vaut qu'ils m'oublient, me laissent de côté

Comme oiseau de malheur, pourrais les harceler

Même les ensorceler, les tirant par les pieds

 

Trop longue subsistance, pour poursuivre ma route

Concède avec conscience, que je peux plus lutter

Alors sereinement je n'ai plus aucun doute

Pas fait pour être heureux, en cette humanité

Car je suis né ainsi, et ainsi je mourrai

 

Pourtant résiste encore, mon corps en bonne santé

Pas facile à flinguer, ne voulant pas crever

Car ne fait qu'à sa tête, mon cerveau dérangé

Voyant pas de cet œil, enfin me foutre la paix

 

Dès lors traine mes guêtres, plongé dans mes pensées

Avant-coureur suicide de toutes mes illusions

Vieille carne désormais, fuis la modernité

Réflexe conditionné, je marche sans horizon

 

Pas vraiment guillerette, l'humaine condition

Mais il n'était pas dit qu'elle soit merveilleuse

Les dois ces quelques vers, à un pote en galère

Je laisse à vous-mêmes tirer la conclusion

Faut-il tenter la chance, la rendre savoureuse

Ou la faire disparaitre, réduite en poussière

N'ai pas choisi mon camp, n'y voyant plus très claire

Sachant que dans mes tourments, ma peau ne vaut pas cher   JC Blanc décembre 2016  

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