Erreur 404

echo

            Dans un soupir elle appuya sur le bouton Power de son ordinateur portable, tout en jetant un œil distrait vers la fenêtre qui jouxtait son bureau. Elle n’avait pas mesuré combien la solitude lui deviendrait pénible lorsqu’elle avait pris la décision de s’installer à son compte. Elle se définissait comme une visuelle avant tout, et les mails, les conversations quasi anonymes sur Skype avec ses clients, la frustraient énormément et lui faisaient regretter de plus en plus les réunions interminables et les rencontres professionnelles.

            Lorsqu’enfin Windows eut fini de se charger non sans avoir émis sa petite mélodie si caractéristique, elle dirigea machinalement le curseur de sa souris sur l’icône de la boite de réception. La synchronisation avec le serveur mail de son fournisseur fut rapide : son site était en ligne depuis seulement 15 jours et les clients ne se bousculaient pas vraiment. Trois spams dont un lui vantant les mérites du rachat de crédit -mais comment savaient-ils ?- et un mail d’un client lui exprimant sa satisfaction.

« Au prix ou tu l’as payé ce partenariat tu ne peux qu’être satisfait, c’était plus de l’esclavagisme qu’autre chose ! » marmonna-t-elle.

C’est en songeant qu’il fallait encore aller à la pêche aux contrats, qu’elle ouvrit son compte Hotmail. Elle avait, quelque temps auparavant, autant par ennui que sur un coup de tête, rejoint une sorte de réseau social de libertins. Son côté exhibitionniste et voyeuse s’était rapidement fait à la loi du site et elle s’était prise au jeu de la mise en ligne de photos de plus en plus dénudées. Pour tout dire, elle ne goutait pas vraiment les commentaires des hommes, tant ceux-ci semblaient convenus, plats, mornes, empruntés à la pornographie bas de gamme. Mais l’idée d’exciter, ne serait-ce qu’un instant, des centaines d’hommes, lui procurait d’intenses frissons et la rassurait sur son état de femme désirable.

Parmi les mails reçus suite à la mise en ligne de sa dernière photo, un seul lui tira un sourire. Au milieu des phrases maintes et maintes fois lues, un homme avait réussi à se hisser hors du lot et il semblait vouloir continuer sur sa lancée :

« Délicieuse cette dernière photo… je n’en attendais pas moins d’une femme comme vous ceci dit. Vos fesses ont cette fermeté que l’on retrouve chez les femmes qui s’entretiennent. Voulez-vous que je vous dise ? Elles sont juste vraiment trop petites pour mes mains d’homme malhonnête… pourtant, c’est avec plaisir que je les aurais saisis pour venir m’immiscer en vous de mon dard que votre photo a fait se lever et que je tiens maintenant entre mes doigts… Hummmm la vue de vos lèvres fraichement épilée me donne des idées de pénétrations intenses… Mes hommages miss Insolente. 

Erreur404.»

A l’idée de cet homme les doigts d’une main entourant peut-être son sexe et de l’autre tapant son mail, elle sentit poindre les picotements si caractéristiques du désir.

« Sachez Monsieur Erreur404, que mes fesses ont toujours satisfait les hommes ayant eu l’honneur de les saisir. Fermes et douces, je sais également les bouger avec grâce lorsque je m’empale sur le pieu d’un amant… si votre plaisir dépend uniquement du remplissage de vos mains, je crois que nous ne sommes pas faits pour nous rencontrer ni même nous parler ! Bien à vous…

 Insolente.

P.-S. J’aimerais tout de même savoir jusqu’où vous ont menées mes photos.»

En souriant, elle cliqua sur le bouton «envoi ». Elle savait son correspondant « lève-tôt » tout comme elle et, avec un peu de chance, ils allaient entamer un échange endiablé tel qu’ils le faisaient régulièrement depuis quelques jours. Les picotements s’intensifiaient dans sa vulve, elle se cambra sur sa chaise pour mieux appuyer ses lèvres humides à l’assise et se faisant alla se connecter au réseau libertin. Un coup d’œil rapide sur la liste des connectés lui confirma qu’il était déjà présent en ligne. Elle passa sur son profil, juste pour lui signifier sa disponibilité, puis se dirigea vers l’onglet vidéo. En gardant un œil sur l’onglet de sa boite gmail restée ouverte, elle choisit le visionnage d’une vidéo d’un couple amateur qui semblait prometteuse : un trio homme-femme-homme . Fantasme terriblement commun, mais elle n’avait pas besoin de mise en scène plus chaude dans l’état ou elle se trouvait. La vidéo débutait sur une vue en gros plan de la bouche de la femme suçotant le gland d’un homme. Les tressautements de son visage et ses gémissements indiquaient déjà un besognement intensif de l’autre côté. Le caméscope se déplaça et engloba alors le corps entier de la femme, non sans avoir fait un gros plan sur des doigts masculins crispés sur la hanche de la donzelle et sur le va-et-vient auquel son sexe était soumis. Le chibre du deuxième homme entrait et sortait du vagin, luisant d’une humidité affriolante, au rythme de leurs gémissements rauques.

Étendant ses jambes sous son bureau, elle écarta les cuisses un peu plus, s’imaginant elle, femelle, entre ces deux mâles en rut. La main droite appuyant à présent sur ses grandes lèvres, elle remonta de sa main gauche sa nuisette pour faire apparaitre ses petits seins aux mamelons dressés. Ses doigts s’immiscèrent entre ses nymphes humides pour venir titiller son clitoris alors que la femme sur l’écran se faisait prendre à présent en sandwich. Les gémissements de la femme en réponse aux coups de boutoir et aux « salope ! » assenés par ses partenaires poussèrent son excitation à son paroxysme. Les arcs électriques qui parcouraient son corps, de son clitoris au bout de ses seins, se faisaient de plus en plus intenses. Ses doigts quittèrent un instant son clitoris et entrèrent avec force vigueurs dans son vagin à présent inondé. Elle tendit le bras droit vers le tiroir de son bureau alors que la femme sur l’écran redoublait de cris, écartelée par ses amants. De sa main, elle saisit au milieu de ses papiers administratifs un sextoy mauve et avec un geste démontrant une longue habitude masturbatoire, mit en marche l’engin avant de l’enfoncer profondément en elle. Les vibrations du jouet, associées à la caresse de ses doigts sur son clitoris, la firent jouir rapidement alors que sur la vidéo la femme recueillait le sperme de ses amants sur son visage.

Elle resta un moment haletante, laissant la vague du plaisir refluer, puis se redressa sur sa chaise en remettant de l’ordre dans sa tenue comme prise en faute. Fermant alors l’onglet vidéo, elle dirigea sa souris sur sa boite de réception gmail ou un nouveau message était annoncé.

« Je vois que vous aimez les vidéos d’amateur… Très bon choix, ce genre de fantasme est mien également. Pour répondre à votre question, je n’ai pas joui sur vos photos. Il faudrait pour que cela arrive que je vous voie en action. Je réserve mes jouissances sur photos à des femmes que je n’ai pas envie de connaitre… Les femmes comme vous méritent mieux qu’une branlette « play-boy » ! Pour tout vous avouer, j’aimerais vous voir vous caresser comme vous êtes sans doute en train de le faire devant cette vidéo. Pourquoi ne passerions-nous pas à une messagerie instantanée ? error__404@hotmail.com

Erreur 404

P.-S. J’ai menti, vos fesses sont sublimes, mais… Êtes-vous en train de jouir ? »

« J’ai joui en effet monsieur, j’ai joui malgré cette fin digne du plus mauvais porno. Dites-moi, savez-vous pourquoi les gens se trouvent obligés d’emprunter de telles scènes au cinéma de bas étage lorsqu’ils filment leurs ébats ? Non, ne répondez pas… cela fera une entrée en matière lorsque nous nous croiserons sur cette messagerie… Je ne peux pour l’instant, il est malheureusement l’heure pour moi de réveiller la maisonnée pour l’école et le bureau, mais je ne doute que vous arriverez à prendre votre plaisir ailleurs ! Moi c’est déjà fait ! À bientôt. Insolente. »

Il était en effet amplement temps pour elle de se mettre au travail après avoir fait lever mari et enfants. Elle veillait soigneusement à ce que ses poses sur le net sexuel n’empiètent pas exagérément sur sa vie réelle. Indépendante et méfiante, elle connaissait les risques d’addiction que pouvaient entrainer les illusions du net. Ce jour-là pourtant, elle ne put s’empêcher de se connecter à sa messagerie instantanée, qui ne contenait d’ailleurs qu’un seul et tout premier contact. Peu après midi, alors qu’elle déjeunait comme souvent devant son écran, un bip de connexion la tira de sa lecture en ligne. Telle une midinette, elle se sentit rougir, repoussa son assiette et passa sans y penser la main dans ses longs cheveux auburn.

-          Bonjour miss Insolente, je profite de ma pause déjeuner pour saluer ma si jolie égérie.

-          Bonjour Monsieur Erreur 404, vous exagérez encore…

-          Que nenni ! Mais je n’ai pas trop de temps devant moi, j’avais juste envie de vous poser une seule question, rien de plus pour aujourd’hui…

-          Très bien, cessez ce numéro de charme et posez cette question !

-          Bien, nous savons tout deux ce qui nous rassemble… j’ai le désir de vous voir nue en cam, vous voir jouir, demain, après demain… seriez-vous prête à l’accepter ?

-          Le sexe nous rassemble en effet, je ne l’ai jamais pratiqué ainsi, mais j’aime les nouvelles expériences…

-          J’aime cette réponse, le sexe virtuel n’est qu’un exutoire, mais Dieu qu’il est plaisant avec une femme belle et intelligente.

-          Je vois que j’ai affaire à un connaisseur… qui plus est vil flatteur… je vais donc rêver à cet exutoire jusqu’à votre prochaine connexion…

-          Je vais moi éviter d’y rêver sous peine de me faire repérer par mes collègues. L’idée de vous voir m’excite déjà énormément…Je vous embrasse jolie Insolente.

-          Je vous embrasse également.

La journée passa vite, une tension indéfinissable la tenait en éveil constant et le soir venu, sous prétexte de fatigue elle se coucha tôt sans prendre la peine pour une fois de partager de moment télé avec son mari. Seule dans le lit conjugal, elle se mit à fantasmer la rencontre virtuelle qui allait se produire. Comme pour une répétition, ses mains se portèrent alors sur les zones les plus sensibles de son anatomie. Elle ne chercha pas la jouissance, le seul plaisir d’imaginer un scénario sexuel avec cet homme lui suffisait. Épuisée, elle s’endormit la main posée sur ses lèvres intimes, la tête pleine de désirs.

Leur rencontre le lendemain tint ses promesses : les yeux de l’homme posé sur elle par le truchement de la caméra suivaient ses moindres gestes. Peu de paroles entre eux, juste pour dire leur envie réciproque de se voir jouir. Il se branlait, doucement, une main descendant et remontant sur le sexe qu’elle avait déjà pu deviner sur ses photos et qui s’affichait fort tentant. De l’autre, il soupesait ses testicules ou laissait voguer ses doigts vers son sillon fessier. Elle n’avait jamais vu aucun autre homme que son mari se caresser ainsi devant elle, pour elle. Elle trouvait cela beau et ne put s’empêcher de lui dire. Les caresses s’intensifièrent alors d’un côté et de l’autre, il pompait de plus en plus rapidement son chibre fièrement dressé alors qu’elle mimait une pénétration de ses deux doigts rassemblés. Il fut le premier à jouir. La vue de cet homme tendu sur sa chaise en proie à un plaisir extrême, un plaisir qu’elle avait déclenché, finit de la mener elle aussi sur les rivages de la jouissance.

Un peu gênés malgré tout, ils se quittèrent quelques minutes plus tard pour reprendre le cours de leur vie avec l’idée d’une récréation agréable à portée de main.

De jour en jour, ils bâtirent une véritable complicité sexuelle et amicale. Ils se retrouvaient souvent pour des séances de sexe virtuel le matin, mais tissaient aussi leur relation du temps de midi avec de longues conversations débridées. À cette occasion, ils se rendirent vite à l’évidence : le virtuel engendrait une frustration de plus en plus difficile à supporter. Sans nul doute aussi que les sentiments commençaient à s’en mêler , au grand dam de l’un et l’autre, chacun engagé dans une vie de couple somme toute satisfaisante. Elle lança l’idée la première, en s’inscrivant sur ce site elle ne voulait surtout pas tomber amoureuse, mais petit à petit, les illusions du virtuel embrouillaient ses sentiments :

-          Rencontrons-nous maintenant !

-          En es-tu certaine ?

-          Oui, je ne veux plus vivre ainsi, à ressentir de l’attachement pour un homme virtuel. C’est trop difficile cette obsession qui se dessine : toi dans mes jours, toi dans mes nuits, toi dans mon corps…

-          Et ensuite ?

-          Rencontrons nous, une fois, une seule… et quittons nous… de toutes les manières c’est ainsi que cela doit se finir. Rencontrons-nous parce que je veux sentir tes mains, ta bouche sur moi et ton sexe en moi… pour de vrai cette fois-ci… puis reprendre une vie normale.

-           

Ni l’un ni l’autre ne voulant d’une rencontre glauque, ils choisirent ensemble un petit hôtel trois étoiles à mi-chemin de leurs domiciles respectifs. Prenant le prétexte d’un rendez-vous professionnel auprès de leurs conjoints ils poussèrent ensemble, un après-midi, la porte d’une chambre intimiste.

Ils n’avaient que quelques heures pour assouvir les fantasmes qu’ils avaient élaborés durant ces longues conversations virtuelles. Et bien que connaissant parfaitement les courbes du corps de l’autre, c’est en tremblant qu’elle posât les mains sur la ceinture de son amant. Quittant sa bouche et sans un mot elle s’agenouilla devant lui, dont le dos était encore appuyé à la porte qu’il venait de refermer. Baissant alors délicatement le tissu qui la gênait, ses doigts s’emparent du phallus désiré déjà à moitié dressé. Ainsi positionnée, offrant à la vue de l’homme la cambrure de ses reins qui faisait se découvrir la dentelle carmin de ses dessous, elle posa une langue chaude sur le gland tant convoité. Lapant, caressant, s’insérant dans l’interstice de son méat, elle prit peu à peu possession de l’homme et de son désir qui enflait. Elle parcourut alors le vit de baisers piquants avant de l’engloutir pour libérer sa main afin qu'elle délivre l’homme de son pantalon. Quelques minutes plus tard, il sentit les doigts de la femme s’insinuer entre ses cuisses et se poser sur ses testicules tandis que l’autre main remontait lentement le long de sa jambe pour se plaquer sur son séant. Elle le suça, l’avala, le goba, l’aspira, tout en malaxant avec une délicatesse toute retenue ses gonades La tête penchée, regard tourné vers le visage de l’homme, ses yeux malicieux s’amusèrent du plaisir qu’elle voyait enfler dans l’expression de son amant. L’envie de le conduire là où elle le voulait lui fit alors reprendre ses caresses humides. Ses mains se rejoignirent dans le sillon de l’homme et de ses index, elle vint titiller son anus. Ce geste plaqua un peu plus le corps contre ses lèvres. Sa langue s’activant sur le membre englouti et elle entendit, venus d’en haut, les gémissements rauques qu’il ne pouvait plus retenir. Les mains de l’homme se crispèrent dans ses cheveux et elle sut que ses genoux allait bientôt se dérober. Elle relâcha la pression, sa bouche se fit plus distante, ses doigts s’éloignèrent de son fessier pour se rejoindre sur le membre, elle tourna alors son sourire enjôleur vers lui et lui dit « je n’ai pas finis, nous avons quatre heures… »

Durant les quatre heures, ils explorèrent le corps de l’autre. Lui embrassant avec délicatesse les nymphes qu’il avait si souvent admirées sur écran puis pénétrant avec force ce corps si souvent fantasmé. Elle, tantôt chienne tantôt câline, s’empalant sur le sexe dressé et jouant de sa bouche sur la peau de son amant. Elle s’abandonna à ses envies, ses fantasmes les plus fous, ceux dont il lui avait déjà parlé. Se prenant puis se désertant pour faire retomber la pression, ils firent durer leurs ébats le plus longtemps qu’ils le purent. Peu après qu’il eu joui en elle, alors qu’elle avait posé la tête sur son épaule, elle siffla la fin de la récréation.

De nouveau maitresse femme, elle lui fit promettre d’effacer son pseudo de sa liste de messagerie comme prévu. Il le fit le lendemain, non sans une pointe de regret.

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