Erreur - (partie 2)

fragon

ça s'écrit doucement, un peu en temps réel. Je mélange. Y a pas beaucoup de lecteurs. Comme à mon habitude, je reprendrai le tout quand j'aurai fini.

Alors que je viens de publier cette première partie, je reçois un sms dans la nuit aussi pauvre que les précédents. "Kesketudeviens ?".

Je ne sais pas comment réagir. Il n'y a aucune chance que tu aies changé quoi que ce soit à ta façon d'être.

Je me dis que tu dois t'ennuyer ferme compte-tenu de l'heure à laquelle tu m'envoies ta question phonétique. Je tergiverse un peu – pas longtemps, c'est certain - et puis je décide de réagir, juste pour voir du bout du pied, ce que tu vas pouvoir me raconter.

Nous échangeons rapidement. Tu prends de mes nouvelles. Je te réponds que je vais bien. Tu m'interroges sur mes amours. Je te demande où en sont les tiennes. Rien de nouveau.

Je suis quand même étonnée que tu t'adresses à moi. Tu dégaines vite : Quand est-ce qu'on dort ensemble ?

Si je compte bien les semaines de silence, notre dernier échange remonte à plusieurs mois. Je ne comprends pas ce que tu veux. Je te questionne. Serais-tu par hasard tombé sur ce texte que je viens de mettre en ligne. La coïncidence me met mal à l'aise.

Tu me demandes aussitôt de pouvoir le lire. Comme tu as déjà lu des trucs que j'écris, je t'envoie le lien. Tu le trouves basique et inintéressant. Il t'indiffère. C'est net et précis. Tu as bien raison car il ne s'adresse pas à toi. Et il n'est pas pour toi. Je mets fin à l'échange. Pourtant, tu demandes la suite. Je n'écris plus rien. Un jour passe, puis deux. Tu me relances. Je ne réponds pas et je laisse passer le temps.

Ce jour-là, tu t'es montré à mon égard égal à toi-même. Faussement attentif, clairement indifférent, acide et cynique. Cela ne me touche plus. J'ai voulu t'aimer et me faire aimer. C'est désormais du passé.

Mais avant tout, je réalise soudain que je n'ai plus du tout envie d'essayer de démêler les faits.

Notre aventure est d'une banalité affligeante. La souffrance qu'elle a provoquée en moi, j'en suis seule dépositaire. Je me suis fourvoyée. Et je mesure ce soir l'ampleur de mon erreur.

Notre premier week-end, c'est moi qui te l'ai offert. J'avais pris une réservation dans les terres, à une demi-heure de la mer. Je n'avais jamais eu l'intention de t'emmener avec moi. Tu n'avais rien proposé pour la fin de semaine qui succédait à notre première nuit. Alors j'avais volontairement choisi de m'écarter afin de te montrer que je pouvais vivre la vie que je m'étais choisie. Je crois bien que dès que tu as su que je m'éloignais, tu m'as demandé si tu pouvais venir. J'ai accepté. Nous avons pris la route. Une playlist après une autre, nous avons atteint notre objectif. Tu as trouvé que nous étions loin de la mer. J'en étais désolée. La maison était petite. La chambre à l'étage.

Je ne sais pas si tu sais que tu râles beaucoup. Ce sera une des choses que je ne supporterai plus et que je mentionnerai clairement quand je chercherai après toi une autre relation. Plus jamais un homme qui se plaint parce que c'est loin, parce que c'est long, parce qu'il y a trop de monde.

Ce sont les vieux qui ronchonnent, les gens impolis, ceux qui ne savent pas garder pour eux leur frustration. Comment peut-on se plaindre alors qu'on se trouve avec une personne qui nous plaît. Comment le petit « moi » qui nous habite peut-il prendre toute la place et étaler ainsi ostensiblement son mécontentement. Ça m'échappe.

A notre arrivée, nous avons pris possession des lieux. J'étais très intimidée. Tu faisais comme si nous avions toujours partagé cette intimité. Sans aucune pudeur, sans aucune gêne. De la provocation pure. Tu as pris une photo sans me prévenir. Je n'ai rien osé dire. Tes mots étaient crus. Tes gestes aussi. Au matin, tu te débrouillais pour projeter une lumière vive alors que je me trouvais nue sur le lit. Tu te moquais ouvertement de ce que je t'avais proposé de t'offrir au creux de notre nuit.

Je m'en affranchissais. J'étais sidérée qu'un homme comme toi puisse s'intéresser à une fille comme moi. Tu pianotais sur ton téléphone. Tu cherchais ce que nous allions pouvoir visiter. Le musée de Pont-Aven, Ernest Pignon Ernest à la fondation Édouard Leclerc. Nous nous déplacions, je savourais mes découvertes. Tout me plaisait. J'avais tant attendu. A tous les égards, ma soif me semblait inextinguible.

Je ne vais pas reprendre la chronologie de ce que nous avons fait, toi et moi. Nous en avons fait beaucoup. Et je ne me souviens pas d'avoir jamais été déçue. J'ai perdu l'ordre des visites en même temps que peu à peu, le déroulement des malentendus s'effiloche dans ma mémoire. J'ai toujours eu l'impression que nous étions fortement liés, sans avoir à m'expliquer les choses. Nous couchions très mal ensemble et cela dès la deuxième rencontre mais nous étions très bien partout où nous allions et  aussi quand nous n'étions que tous les deux.

Nous aurions pu être un frère et une sœur.

Et puis après quelques heures, tu m'assenais un premier coup malgré toi sûrement.

Nous étions installés sur un terrasse, je ne sais plus où. Tu t'intéressais ouvertement à la serveuse, d'une façon plutôt agressive. Tu sortis de ta poche un permis de conduite, tu apposas ton doigt de telle sorte que je ne puisse pas voir ton nom de famille et sous le ton de l'aveu, tu m'informas tu ne t'appelais pas Emmanuel, que tu n'étais pas architecte. Je ne sais plus très bien si tu souriais ou si tu réalisais la gravité de ce que tu avais fait. Emmanuel - le menteur invétéré. Tu poursuivis en m'informant que tu travaillais  dans la culture. Tu me délivrais un prénom composé que je trouvais instantanément horrible et que je n'utiliserais jamais quand je parlerais de toi. Jamais.

Pourquoi un tel mensonge ?

  • Il y a tant de garçon charmants, tendres et délicats, pourquoi choisir un con ? :o))

    · Il y a plus d'un an ·
    Photo rv livre

    Hervé Lénervé

    • Faut vraiment que je réponde ou c'est une question rhétorique ;) ? merci d'être passé en tous les cas.

      · Il y a plus d'un an ·
      Maternit  orig

      fragon

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