Escale au Jean's Café

Moody

Je prends le temps de respirer, peut-être ma dernière bouffée. Espoir ou regret ? Vite, témoigner.

S’en était trop, il fallait me manifester, de trous noirs en voies lactées, mon voyage jusqu’ici : une banalité. Je vous le dis car c’est urgent :  il est urgent de ne plus attendre. Très tôt, je, vous, nous sommes devenus inertes, le voyage a pourtant déjà bien commencé. Les quais sont las de nous porter.

Nos télescopes voient loin, très loin. Un jour ? Une semaine ? Pas seulement ! Une éternité. Nos pensées intimides : météorites, nouvelles planètes, éventails de possibilités. Oui on peut mourir. Notre réalité n’est elle pas pire ?

Allez-y, prenez le risque de rentrer au Jean’s café.

Oh vous savez, c’est un lieu tout à fait normal, sinon je n’y serais pas rentré. Vos calculs, les miens, scientifiques et perfectionnés, indiqueront zéros dangers. Pourtant, vous pourrez y rester.

C'est là-bas que vous tous, je vous ai quittés. Lisez ces quelques lignes, désabusés, nihilistes, formés à surprendre l'improvisé. Il a suffi de m'y assoir, de commander, pour que mon plan de vol soit dérouté. Sur mon trajet, une embuscade universellement concoctée.

Comment la singularité peut-elle se manifester après tant d’années de voyages aseptisés ? Comment son sourire a pu autant réunir toute sa beauté ?

De chez vous, pensez que je suis simplement tombé pour une femme qui ne faisait que son métier. Où je vous parle, je me dis que j’ai vu une étoile passer.

Je n’y crois pas, juste là sur mon parcours, Dieu a donné forme humaine à la grâce.
Le bonheur vous pensez ? C’est un concept humain que je vous laisse volontiers.

Non, je vous le dis, décollez, sur la vie on tourne tous en gravité, là haut des êtres ont goût d’eternité.

Je navigue désormais mi-mort, mi-animé du souvenir de ta trace. Ceci est un message, jetté à l'espace, si tu me lis sache me retrouver.

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