Solitude.

upheaval

ONE HUNDRED YEARS OF JOY CAN BE ERASED IN ONE SECOND

Il n'a suffit que d'un instant. Un clignement de paupière pour que tout s'effondre. Un battement d'ailes, un millième de seconde. Tout a disparu, comme ça, sans que personne ne s'en rende compte. Et lui, tout seul dans un coin, digérait sa peine comme des milliers d'autres. Mais lui était différent des autres. D'ailleurs, tous l'appelait «l'Autre». Il ne parlait pas, jamais. Et si un ou deux ne l'avait jamais entendu hurler de souffrance, on aurait pu croire qu'il était muet. Mais il n'en était rien. Il ne parlait pas, il n'en ressentait pas le besoin. Contrairement aux autres, il écrivait et pensait. Mais ne disait rien. Lui seul avait vraiment de mal à se remettre de sa souffrance. Il pleurait la nuit. Seulement la nuit pour qu'on ne lui pose pas de question. Mais lorsqu'il devait évacuer tout son malheur, il hurlait. Alors on le pensait fou, on le pensait malade. Cependant, une fois de plus il n'en était rien. Il devait juste se remettre de ce qu'il s'était passé. De cette mort, de la fin de tout. Il essayait encore et toujours, mais plus les jours passaient, plus cet événement restait gravé en lui. Il creusait sans répit, sans la moindre once de compassion. Il essayait de lui parler pour essayer de trouver un arrangement, pour essayer de mieux s'entendre avec Elle, la Faucheuse. Mais rien n'y faisait, il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et écrivait, pleurait, pensait, hurlait. C'est tout ce qu'il faisait. Alors on se posait des questions. Mais jamais aucunes réponses, puisqu'il ne parlait pas. Dès son arrivée, tous se sont jetés sur lui. Et quand ils ont remarqué qu'il était différent, plongé dans un malheur qu'il ne valait mieux pas connaître, dans un monde différent du leur, ils l'ont laissé seul. Comme  toujours. Mais il avait l'habitude. Il a toujours été seul. Rien n'y faisait, il ne s'en remettait pas. Et c'était peut être mieux ainsi. Il devait purger sa peine, oui. Pourquoi avait-elle pris tant de place en lui? Il était là, à se poser des questions, lorsqu'une jeune fille s'installa a coté de lui. Elle le regarda comme ça, doucement. Lui était toujours recroquevillé sur lui-même et ne lui avait prêté aucune attention. Au bout d'un moment, elle se mit à parler. " Luce. Moi c'est Luce." Il n'a fallu que ces petits mots pour qu'il lève la tête. Elle était belle. Petite, les cheveux bruns et longs mais pas trop, une mèche devant les yeux. Des yeux marrons, magnifique. Sa peau était lisse, parfaite, ses mains fines. Elle était assise de la même façon que lui. Pour la première fois, il voulu la voir. Il voulu voir qui lui parlait. Il leva ses yeux vides et quand il l'aperçu, elle lui sourit. Il garda le visage figé, dénué d'expression, ne dit rien comme à son habitude et reposa le menton sur ses genoux. " Je suis là." Trois mots. Il releva une fois de plus la tête. Décidément, cette fille comptait rester ici. Il ne l'avait jamais vu. Peut être aperçu. Elle lui ressemblait. A Elle. Alors les larmes lui montèrent aux yeux. Il rebaissa la tête et fut décider a l'ignorer jusqu'au bout. Il avait mal au coeur. Non, rien ni personne ne pourrait jamais lui faire oublier, rien. Et elle disparut. 

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