Essayer
aile68
Veiller tard le soir, la nuit, me préparer un café qui me fera tenir, le terminer ce texte qui traîne sur mon bureau depuis trois jours. Un travail en fait sur la langue allemande qui me fait tant de bien, c'est une parenthèse, un havre de paix. En dehors de toutes certitudes et de toute espérance, je plane dans une nébuleuse, un nuage de fumée aérien, quelque chose qui me tire vers le sommeil mais je ne veux pas dormir. La nuit me brûle, la nuit m'assomme, je ne cherche pas à comprendre, je veux juste voir ce qu'est la mort, dans ses entrailles, ses au revoir. Se passer de l'eau sur la figure, se laver de toute pollution verbale ou sénile, m'entretenir avec ma soeur au téléphone, dire n'importe quoi mais appeler pour parler avec elle. Rester dans le réel d'un amour fraternel, c'est bientôt son anniversaire, j'ai cassé dix fois ma tirelire pour lui faire plaisir. Un voyage en Ecosse, un voyage à Londres, dans une belle ville suisse ou encore une belle ville italienne nous attendent, peut-être en mars, au début du printemps et qui plus est en juin. Ma soeur est du genre à me payer mon billet, à faire plaisir, à dépanner son petit monde, elle me fait un peu penser à la Céline d'Hugues Aufrey mais ça je ne le lui dirai jamais. Un chat, des serins, des poissons rouges, trouvez l'erreur, trouvez le point faible, j'ai voulu avoir des animaux de compagnie à un certain moment où la solitude me pesait mais tout va bien, finalement je n'en ai pas besoin. Ce dont j'ai besoin c'est vivre un peu la nuit, écrire, créer, préparer des surprises, pour ma soeur, le groupe d'allemand, de la famille, des voisins qui réceptionnent mes colis quand je ne suis pas là.
Il n'est pas onze heures, je vais ranger des affaires, c'est une de mes tâches préférées, envie de faire des biscuits de Noël que ma mère faisait avec une adresse remarquable, des biscuits aux figues qui avaient un goût de reviens-y. C'est ma soeur qui a pris le relais de notre mère et elle se débrouille très bien, elle qui n'aimait pas cuisiner. Comme notre mère, elle pense à tout le monde enfin elle essaie et j'essaie aussi... ça peut être ça l'amour.