Essayer de croire

aile68

Essayer de croire en l'amour, une autre fidélité est  possible, mettre des parenthèses pour rebondir, utiliser les mots qu'il faut, mais lesquels, croire encore à la petite rivière qui illustrait mon manuel de lecture, elle coule encore en moi maintenant et draine avec elle de petits cailloux et de petites branches mignonnes, cristallines. Prendre la nuit pour un paradis terrestre, me faire un lait chaud plein de miel, me faire un cocon de mon lit douillet. Repenser au rêve que j'ai fait la veille, une maison toute en bois avec des habitants plein d'humanité, oui ça existe, je fais partie de leur famille maintenant, on sait pourquoi je suis là, je leur fais mon meilleur sourire parce que je les aime.

Essayer de croire en l'amour, non l'amour n'est pas niais, planifier les prochaines vacances d'été avec ma soeur préférée, elle entend toutes mes requêtes, tous mes besoins et essaie d'y répondre. Comme moi elle a connu mes manuels de lecture avec les mêmes images, les mêmes émotions, une nature d'Epinal qui passe partout, idéale, universelle. Je me rappelle les dessins de ma soeur, ceux qui illustraient les poésies qu'elle apprenait avec beaucoup d'amour, je lui faisais réciter parfois ses conjugaisons, le français était notre matière préférée.

Finir ce que j'ai commencé, des petites créations sorties de mon imagination, j'aimais l'éveil à l'école, c'était le vendredi après-midi, on faisait plein de choses créatives, des chaises en pinces à linge, des bougies à la cire, de la poterie, je faisais les choses bien, c'était chouette et récréatif. En éveil, je sentais cet air de liberté qui flottait dans l'air, un air exempt de pollution, clair, un peu vif, je me revois encore dans la salle de classe avec les arbres peints dans le mur du fond qui nous promettaient de beaux voyages en perspective. Et toujours cette rivière qui coulait entre les cyprès, et ces cailloux polis par le passage de l'eau et par le soleil si chaud et rassurant.

Il ne tient qu'à nous de faire revivre tout cela, nous les enfants de la plaine, des cours de récréations, nous allions chercher la neige sur les collines, un matin nous nous sommes réveillés, tout était blanc, quelle chance, c'était un mercredi, vite, nous sommes allés chercher les bottes, la luge, qui ne possède pas ces souvenirs. Joie, bonheur, effervescence et puis la bonne odeur de la tarte aux pommes le dimanche et celle du bain dans la grande salle d'eau. Y en a qui font des stages spirituels dans des monastères, des gîtes avec des échanges, du yoga, des chants, et puis y a celles et ceux qui en un mot transforment le ciel et la terre en un paradis qui n'a comme attaches que les branches des hauts platanes et les cabanes que nous faisions dans les broussailles touffues de nos souvenirs.

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