"Et ça va, tu le vis bien?"
nelopee
Égoïsme. Je sais que t'as eu peur, tu sentais que je m'attachais et t'as préféré tout arrêter parce que tu savais que tu ne pouvais pas me donner tout ce que je voulais. Je vois bien dans tes yeux que tu es trop perdu, centré sur toi-même pour ça. Je ne peux pas t'en vouloir d'avoir été honnête.
Ambiguïté. Le manque et l'espérance de recommencer là où on s'était arrêté me pèse toujours. L'amitié qu'on partage pourrait me suffire, si seulement tu n'occupais pas encore autant mes pensées.
Mémoire. Je me souviens des débuts, la façon improbable dont on s'est rapprochés. Je t'ai reconnu au Casino en bas de chez moi. Tu t'es assis à côté de moi en cours. On avait le même rappeur préféré. Et cette soirée où je me suis fracturée le genou, tu m'as emmené chez toi et tu m'as roulé un joint. Jusqu'à six heures du matin on est resté ensemble et tu m'as parlé de ta vie, jusqu'aux aspects les plus secrets comme ta trichotillomanie. Non, je n'ai presque rien oublié. Tu m'as raccompagnée chez moi et tu t'es montré si attentionné. C'était l'époque où tu prenais encore de mes nouvelles. Les gens nous ont presque poussé dans les bras l'un de l'autre, ils y ont cru avant que j'y crois moi-même. Ils n'ont pas vu la fin arriver non plus.
Ressentiment. Les moments que l'on passe ensemble ont maintenant un arrière-goût de frustration. Lorsque je suis juste avec tes potes et toi, tu me regardes et tu me parles à peine, comme si je n'existais pas. Et tous les deux en apparence rien n'a changé, mais tu ne m'invites plus spontanément et j'ai peur de n'avoir plus aucune chance de partager tes draps. Je croyais pourtant que je te plaisais encore un peu. Cela va peut-être prendre un moment pour que je ne penses plus à t'embrasser mais je m'interdis de me faire du mal en te désirant trop fort, ou plutôt en espérant que tu me désires encore.
Combat. Je ne peux m'empêcher de m'enfermer dans une bulle imaginaire où tout le monde est contre moi, et lorsque j'essaye de m'échapper les autres m'y renvoient d'un revers de main indifférente, car ils n'en ont rien à faire... Ils ne remarquent jamais rien, toi en premier. Je fais d'ailleurs tout pour le cacher, mais j'aimerais et en même temps je crains que tu ne puisses un jour lire mes pensées. C'est dingue comme je me sens délaissée, dépendante du regard que tu voudras bien m'accorder et ces derniers temps celui-ci est inexistant. Je vois les autres évoluer dans leurs petits univers de gaieté et je flotte au dessus d'eux à moitié déjà enterrée. J'ai pourtant souhaité très fort, j'ai fais tous les efforts pour pouvoir moi aussi participer. Mais on ne m'a donné l'accès que pour me claquer ensuite la porte au nez. Et voilà que je ne peux plus travailler, je vomis des lignes mal placées pour au finir ne faire que gâcher le peu de temps que j'ai. J'aimerais juste ne pas avoir de sentiments et pouvoir me dire que moi aussi je m'en fous. Ce n'est pas comme si j'avais rien, mais je ne veux pas m'en contenter. Il ne faut pas que je reste fermée sur un futur que tu as condamné, tu n'es plus mon avenir, tu es une autre case "expérience" de mon passé. Courte, agréable et en même temps extrêmement douloureuse. Il faut développer mes acquis. J'ai envie de reprendre ma vie en main, dans mes propres mains. Je te l'avais momentanément donnée, tu n'en as pas voulu longtemps car ta propre vie était déjà trop lourde à porter. C'est déjà mieux que l'autre auparavant, lui il avait à peine posé les dessus qu'il savait déjà dès le début que jamais il n'en voudrait. J'ai quand même partagé des choses fortes avec toi et mon seul regret est que ça n'est pas duré plus longtemps. Je quitte ce parcours un peu moins vierge et encore endurcie, je peux de nouveau affronter la vie et mordre la déprime que je sens dangereusement m'encercler. Mais je ne veux pas passer ma fin d'année à pleurer, j'ai déjà eu beaucoup de déceptions pourquoi serait-ce à celle-ci de m'achever ?