Et je ne te reconnais pas

arnaud-luphenz

Et je ne te reconnais pas,
Dans ce froid qui perle dans tes yeux,
Dans cette langue sèche et oblongue,
Il fut pourtant une symphonie, des sourires entendus.
Un paradis rugueux.


Et je ne te reconnais pas,
Dans ce creux odieux où tu m’entraînes,
Dans cette vallée obscène que tu m’assènes,
Les mains se cherchaient et se trouvaient,
Au temps du passé que tu écorches,
Et que j’égrène.


Et je ne te reconnais plus,
Dans les escaliers dévalés en quatrième,
Dans ce verbe désaccordé que tu aimes… désormais,
Loin de la bohème des origines,
De la boucle des ritournelles sensuelles,
Des courbes mutines et un peu vaines,
De notre intimité de carrousel.


Et je reconnais ta voix avec grand-peine,
Ce mince filet que tu perches si haut dans le ciel,
Même ta peau semble avoir mué,
Avoir cédé à la colère et aux avances déplacées,
A la faveur de moments de trop, de silences-placebos.
Et tu ne m’habilles plus de ton regard. Comme si les
fauves étaient lâchés. Comme si les fauves étaient
fâchés. Et tu fuis le désert, laissant tout ce qui fut.
Une misère noire. Ton effroi sempiternel. Que tu vois
en moi. Que tu voiles en toi. Tu es la tempête
ébouriffée. Davre, sache juste que je m’inquiète. Tu
as perdu plus que le feu. Tu as perdu la tête.

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