"Et l'absence de ce qu'on aime, quelque peu qu'elle dure, a toujours trop duré." Molière

mandou

Elle est à l'aéroport, la foule l'entoure. Elle dit distraitement au revoir à ses amis, Elle ne le quitte pas des yeux, Elle veux imprimer chaque détails de son visage, la nuance de ses yeux, la forme de sa bouille d'ange, l'éclat de son sourire, la blancheur parfaites de ses dents ses cheveux bruns indisciplinés dans lesquelles ses doigts se perdent si souvent, la fossette malicieuse... Ne rien oublier, ne rien omettre... pour se repasser chacun de ses détails ...Elle entends ses oncles, ses tantes rient... On met sur le compte de l'heure matinale son soudain silence, cette tristesse mélancolique qui traîne sur son visage. « Elle est juste fatigué, 4h du matin cela lui change de ses 11heures habituels... Blablabla ». Les voix se perdent dans son esprit deviennent un brouhaha oppressant. Il s'approche d'elle. Son homme. Celui qui fait que la terre tourne, que le monde vit, que son cœur bat. Celui qui rend le soleil plus chaud, le ciel plus haut, les étoiles plus belles. Celui qui lui donne envie de chanter, de danser, de crier, de passer pour une folle, de rire, de vivre. Celui qui lui a fait découvrir tant de choses, le doux frisson du désir, la perte de connaissance dans l'explosion des sens, l'exaltation de l'amour...Il lui tend sa joue qu'elle embrasse le plus longtemps possible. Dans ses yeux elle lit la même interrogation ... Comment réussir à tenir 2 mois sans lui ... 2mois ... C'est long, c'est une éternité, c'est interminable. Deux mois loin du souffle même de sa vie. Que va-t-il sortir de cette séparation ? Puis la joue s'éloigne...Elle sent l'angoisse poindre dans son estomac, les larmes monter à ses yeux, les questions se bousculer dans sa tête, elle est dans un tourbillon de folie, sa gorge se noue, elle veut lui crier de rester mais aucun son ne sort de sa gorge.
Il s'éloigne avec ses amis... Elle ferme les yeux pour couper le passage des larmes. Surtout ne pas pleurer, son orgueil ne lui permet pas. Elle revoit les scène du jour précédent, du frottement de sa peau nu sur la sienne, du chatouillis de son souffle sur son épiderme, de sa présence au plus profond de sa chair, elle revoit son sourire béat de petit garçon devant une vitrine de gâteaux à la boulangerie, son front lisse de tout soucis, elle réentend toutes ses promesses d'avenirs, tous ses serments d'amour, elle revoit ses mains courir sur son corps, elle revoit ses jambes à elle danser autour de son torse, elle sent le goût de ses lèvres sur les siennes, ressent le délicieux picotement partant de la base de ses épaules et électrisant chaque parcelle de sa peau lorsqu'il l'embrasse dans le cou... NON ! NON ! Elle rouvre les yeux, voit sa famille le sourire aux lèvres, le voit lui qui se retourne une dernière fois vers elle, plantant son regard si profond et rassurant dans le sien. Elle ne réfléchit plus, n'écoute que son cœur et s'élance vers lui ! Tant pis pour le secret, tant pis pour les ennuis qu'elle aurait appris ! Tant pis pour les moqueries qu'elle allait subir ! 2 mois ! Il se retourne la voit courir vers lui, il ouvre les bras, toute notion du temps ou de la foule a disparu ! Ils ne sont plus que deux au monde. Ils tournoient enlacés, les lèvres jointes, elle s'accroche à lui comme une noyée s'accroche à sa bouée. Les larmes coulent sur son visage, elle lui murmure de ne pas partir, elle le serre de toutes ses forces, totalement désespéré. Il la serre un peu plus, la regarde chagriné, essuie une larme sur son visage, descend ses mains sur les siennes, les enlacent, lui murmure qu'il l'aime, puis il s'éloigne, ne lâchant ses mains qu'au dernier moment. Il la laisse là, misérable petite chose anéanti, n'ayant plus de repère, misérable petit résidus de chagrin et de larmes que toutes traces d'orgueil a abandonné. Elle ne voudrait plus qu'une chose se laisser couler à terre, se confondre avec le béton du sol, ne devenir qu'un avec lui. Mais non elle reste là debout les bras ballant, à essayer de chasser son chagrin, les larmes lui ravageant le visage. Il est parti, parti.... 2 mois ... A elle maintenant de trouver la force d'affronter le doute, le manque, l'absence, l'échappée, la carence, la disette, la distance, l'oubli, la tentation ...Elle ferma les yeux, juste une dernière fois pour se donner du courage. Sentit le long sillon de ses larmes lui bruler le visage, elle serra les dents et se mordit les joues de toutes ses forces, inspira et se tourna vers sa famille qui avait suivi la scène médusé. Son frère arrivait déjà vers elle, fort, rassurant et protecteur... Elle n'était pas si seule que cela finalement...

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