Et va, naissant…

absolu

Quand je l’ai connue, son corps riait, ses yeux brillaient.. tantôt de joie, tantôt de chagrin, auquel cas elle nous le cachait bien… avec le recul, je pense que cette lueur au fond de l’iris n’était rien d’autre que le reflet d’un trésor enterré, au plus profond de ses entrailles..

La vie a entaillé de nombreuses fois et tailladé son corps plus souvent qu’elle ne pouvait l’avouer. Au fond c’est dément, dehors c’est le déluge…

Elle se voyait déjà à la fenêtre du chalet, entourant de loin d’un regard aimant la petite silhouette dévalant la pente enneigée, sur sa luge.. elle ne demande rien de plus, alors dites moi pourquoi Dame Nature s’y oppose et lui refuse l’évidence.. ce feu qu’elle entendait crépiter dans l’âtre a réduit en cendres les photos qu’elle n’a pas pu faire développer.. décembre et ses fêtes de fin d’année finissent de la crucifier…

Le commun des mortels ignore qu’elle a porté la mort en elle, qu’elle n’a pas eu le temps d’accueillir la vie, même fragile, au creux de ses mains, sur son sein.. elle-même ne mesure qu’aujourd’hui l’horreur indicible d’une place qu’elle avait faite et qui reste inoccupée.. ignoble descente aux enfers d’un corps réfractaire à tout éclosion et maintenant prêt à l’implosion.. L’enfer rugit, enfle, amplifie le vide qui l’amenuise. La nuit s’infiltre, la nuit se glisse et délimite son territoire.. une vie en entonnoir. Le noir entonne le chant du désespéré. La mort pense arriver à bon port, continuant d’amoindrir la femme déjà ténue, qui ne tient plus qu’aux fils qui l’ont maintes fois recousue.

C’est alors que la mort vola en éclat, quand Il entra dans sa Vie..

Il chassa de son ventre la nuit en y déposant leur trésor. A celui-là je dis merci..

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