Etape 1 : Irlande et Espagne

saharienne

Etape 1 : Irlande et Espagne. 

C'est parti d'un désaccord. 
Et depuis j'ai toujours marché tout droit. 
C'est peut être la définition du rêve : 
Marcher et dormir à la fois. 


J'ai jeté mon sac à l'arrière du bus de nuit E23. Direction l'Irlande. Ma valise avait été avalée goulument par le ventre chaud du bus. J'ai poussé un soupir fatigué et donné mon passeport au conducteur. « Marchal, Eric ». Il a vite fait regardé ma photo pour voir si ça correspondait. Il a pu voir, dans les deux cas, un type châtain et banal, avec encore un peu d'acné, des traits irréguliers mais sans scandale, des lèvres quelconques qui ne donnent pas envie d'être embrassées mais un regard inoffensif auquel on fait confiance faute de mieux. Je me suis dirigé vers le fond du bus, vieux réflexe de colonie et autre sorties scolaires. Pour une fois je serais au fond du bus, là où sont normalement les gens « cool ». Mais il n'y avait personne pour le voir, le bus était vide. A l'arrière une rangée de cinq place où je pouvais m'allonger complètement, je ne suis pas très grand. J'ai rapidement remarqué l'odeur nauséabonde qui s'échappait des chiottes juste à côté de moi, une odeur rance de détergeant et de pisse. Trois rangs plus loin un vieux gros s'ouvrait une canette sous le regard morne du conducteur qui regardait sans rien faire ses sièges en mauvais velours se faire inonder de bière à 8 degrès bon marché. Je suis resté à ma place. J'ai remis mon fut droit et j'ai tenté de m'endormir, impossible à cause de l'odeur. J'ai voulu respirer dans mon tee shirt mais après une journée de marche il puait presque autant et d'une odeur plus acide. Ai fais semblant de dormir pour me tromper moi même et me suis rappelé les trajets dans la voiture familial quand j'étais gosse. Quand le bercement de la voiture suffisait à m'endormir. Quand tout allait bien et que je n'avais qu'à respirer pour vivre et à ouvrir la bouche pour qu'on me nourrisse, comme une oie ou un piaf du genre. Le car s'enfonce dans les ténèbres et la climatisation est branchée au maximum. Un souffle glacial vient torturer mes bras nus. Je cache mes mains sous mes aisselles humides pour les réchauffer ou encore les plaque sous mes fesses mais rien ne marche, je claque des dents et meurt littéralement de froid sans rien pour me couvrir. A ce stade se rouler en boule ne suffit plus. Je me sers de mon souffle, celui chaud du nez, que je dirige sur mes bras repliés en oreiller pour les réchauffer. L'odeur, le froid, et 10 heures de voyage qui s’étalent devant moi. Tout ça me donne envie de chialer. Après trois mois de voyage je suis littéralement au bout de mes forces, je n'en peux plus de crever de faim, de froid ou de solitude. Je n'ai plus la force de faire des rencontres, de parler aux autres, de tenter d'améliorer mon quotidien. Dans ces bus de nuit bon marché d’Angleterre, surtout pour les destinations les plus pourries, on se reconnaît tous entre passager comme étant des gros nazes. Et on ne tente même pas de faire la conversation aux autres par charité chrétienne. On a tous le regard morne flottant dans le décors noir pour tenter d'avaler nous aussi un peu de tout ces kilomètres histoire de se caler l'estomac. On s'hypnotise. Je tente d'avoir de la poésie. D'avoir de belles idées avec de jolis mots. Rien à faire, je me les gèle trop. Tout mon cerveau est obsédé par ça et par comment réchauffer mes parties. Un moment j'envisage de foutre le feu à quelque chose dans ce bus pour en faire un feu de camps. Mais ce n'est pas trop trop possible. Un arrêt de quelques secondes et une famille entière nous rejoins dans l'autocar. Des enfants. Super. En bas âge, vraiment pas fait pour voyager comme ça les mômes. On voit bien qu'ils ne comprennent pas ce qu'ils foutent dans cet endroit froid et puant. Ils n'ont rien à faire là putain... Je m'endors. 
Je dors une heure ou deux. 
Puis je me réveille, une heure. Tout est flou, tout est sombre, je ne remarque rien, le bus est silencieux, j'ai l'impression d'être dans une sorte de coma et tout me paraît affaiblis, terne, trop doux... Mon nez menace de se réveiller à son tour. Je parviens à me rendormir avant de ressentir à nouveau l'odeur des chiottes. J'ai beaucoup voyagé et pour la première fois j'ai l'impression de ne pas être maître de mon voyage. Que ce bus me force et m'emporte quelque par contre mon grès, comme si on m'y avait mis de force. Pourtant non. J'ai choisis la destination et le moyen de transport. J'arrive à dormir sur cette dernière pensée. 
Je suis réveillé par une puanteur infâme. La reine des puanteurs. Il fait plein jour et la lumière tape sur les vitres et crée une serre. Une serre où se développe un arôme particulier, celui du vomis de gosse. Cette odeur a gonflée pour se rependre dans tout le bus. Je menace de vomir à mon tour, les fenêtres sont bloquées, impossibles à ouvrir. « Cassez en cas d'urgence ». J'hésite et enfuit mon visage tout entier à l'intérieur de mon sac qui sent l'humidité, humidité qui à l'instant même me paraît comme la plus belle de toute les odeurs, chaude et accueillante. 
Je me suis endormis à nouveau. J'ai fais un rêve. 
Une fille sexy. Je voyais que son dos. Elle portait un boxer en dentelle noire. Et elle avançait en marchant tranquillement devant moi, pied nu. Elle était juste à quelques mètres et je savais que je ne pouvais pas la rejoindre ou la toucher. Pas un instant je n'ai vu sa face ou son profil. Juste son dos. Je ne pouvais que suivre son cul magnifique qui se dandinait devant moi avec fermeté. Ses hanches, ses reins, ses épaules, j'arrivais pas à voir au dessus..., tout ça c'était génialement sexuel. Mais je ne pouvais pas y toucher. Il fallait que je la suive. Et je me suis réveillé avant de l'avoir rattrapé. 

Je ne sais pas après quoi je cours 
Mais ce n'est jamais assez. 
Je ne sais pas si c'est un souvenir, un cauchemar ou un rêve... 
Mais tu sais... Toi... Tu n'étais pas là. 

On a tous été débarqué sur le quai du ferry, quelque part en Ecosse. On était plus que dix cons, moi compris, dans les dix et dans les cons. On s'est regardé. Négatif. Cette nuit de chierie n'avait crée aucun sentiment spécial de communauté. Aucune entente magique que les bobos recherchent dans leurs voyages. On en avait juste tous pleins le culs. On regardait avec un œil mauvais le gosse coupable. Avec des envies de meurtre à la javel. Lui fixait ses pieds le regard vide. Je n'ai ressentis aucune peine pour lui. Après quelques secondes d'hésitations on est partis au guichet : 4 heures d'attentes avant le prochain ferry. Il ne nous a fallut que quelques minutes pour tous se disperser sans un regard pour le groupe qu'on avait eu l'air de former le temps d'une nuit. Je crois que j'ai été le dernier a amorcer le mouvement de départ, j'avais toujours ce fichus instinct grégaire, le même d'ailleurs qui m'a poussé à aller vers la mer directement, comme tout les imbéciles qu'on mets face à elle, aussi imbéciles que des papillons de nuit s'explosant les antennes sur une lampe. Je hais les papillons de nuit. Ils sont une insulte aux papillons, aux insectes, et à tout ce qu'il y a de beau sur terre. 
Je ne sais pas si vous connaissez ce type d'homme crâneur et beau qui ont cette particularité d'être intelligent. Une sorte de Jim Morrisson, de Neal Cassady... Une sorte d'assurance tranquille. Savoir que tout ira bien dans la vie parce que c'est le cadeau qui va avec une aussi jolie gueule bien utilisée. Ce genre de connard quoi... J'arrivais pas à les détester. J'arrivais pas à les admirer, j'avais juste envie qu'ils continuent à vivre histoire de prouver que tout ça avait au moins servit à quelqu'un. Que c'était possible de profiter de tout ça. 
Le type le plus représentatif du genre je l'ai rencontré sur le quai de ce ferry. Une cape bleu, doublée de satin rouge, des hautes cuissardes et un pantalon blanc. Des cheveux blonds bouclés sur un visage enfantin. Un homme qui puait le style et l'assurance à mille mètre. Il ne regardait pas la mer, il regardait le ciel avec obstination. « Ca te brule pas les yeux, le soleil ? » « Question d'habitude ». Pas faux. Ce genre de type est en concurrence directe avec le Soleil. D'ailleurs il m'a dit ensuite « J'attend que la nuit tombe en fait ». « Pour savoir quand viendra le ferry ? » « Quel ferry ? » «Celui pour l'Irlande ? » « Tiens, jamais été en Irlande... Je vous suivrais p't'êt' si cette nuit ça vient pas... ». Il s'est assis au sol en tailleurs et son pantalon est resté blanc, il a allumé un stick sortit de nul part et j'ai décidé que j'aimais bien ce gars. J'avais l'impression d'être un papillon de nuit face à une lampe torche mais tant pis. « Si ça vient pas quoi ? » « Wha, on se connait à peine et direct les questions perso quoi... » « C'est juste tu fais des phrases intrigantes faut assumer après pas juste teaser en l'air.... »  « Ok ok pas con pas con.... -Il m'a évalué du regard un moment puis a souris avec un air confiant, un peu moqueur- Heu baaaaah j'attends de retourner sur ma planète en fait...J'crois qu'on peut dire ça comme ça... » Ce spliff était clairement pas le premier de sa journée. « Je sais bien que ça fait con comme ça mais je crois qu'elle me manque cette conne... J'en ai marre de jouer les ados attardés, y'a un moment faut passer la crise d'ado et rentrer à la maison mec.... J'ai bu j'ai baisé j'ai voyagé, back to home maintenant... A moi la baise régulière et l'impression d'être un vrai mec bien au chaud dans ses pantoufles tu vois... » J'aime bien profiter des délires des illuminés alors j'ai pas contredis, ça fait de jolies histoires à raconter après « Cette conne ? » « Ouai, fin t'as surement du lire ça quelque part, la rose tout ça blabla... » Cinq bonnes minutes de réflexion plus tard : «. Oh !... T'es... T'es Le Petit Prince en fait c'est ça ? » « Tout juste Auguste ». J'étais sûr de peu de chose en ce fucking monde, mais j'étais sur d'au moins une chose, putain de sûr que le Petit Prince, s'il existait, ne dirait jamais « Tout juste Auguste ». Impossible. Mathématiquement impossible. « Faut dire j'en ai chié avec les confidences de l'autre tantouze d'aviateur, tu veux pas te faire tripoter alors faut donner du change histoire de l'occuper, en même temps jle comprend trois mois dans le désert ça te flingue un gus... ». Gus non plus. Le Petit Prince ne dit pas « Gus ». « Au final on en fait beaucoup sur cette conne de Shéhérazade mais j'ai été vachement plus futé sur ce coup là. Le coup du serpent tiens par exemple, j'comprends pas comment il a peut être assez teubé pour gober cette histoire de gosse qui se fait mordre et qui disparaît, m'enfin bon, jte dis jcomprends,, passé trois mois dans le désert il tournait carré le pauvre...». « Hum... » « Oh je sais bien que tu me crois pas hein, pour tout dire je m'en fou un peu, dans trois heures t'auras décollé et moi sauf les renards je sympathise avec peu de monde mais jme doute que t'es en train d'écrire et un guest ça fait de l'effet, s'pas pour me vanter, en fait si carrément, mais jsuis plutôt un guest en fait. Et puis j'me fais chier ces derniers temps, l'écrivaillon s'fait rare j'ai plus personne pour s’intéresser à moi comme il faut...». « Comment tu sais que.... » Il me coupe, visiblement il aime s'entendre parler : «J'ai un feeling de merde avec les écrivallions. Et les gays aussi. T'es pas gay dis ?» Je repense au rêve de ce matin « Jpense pas non... » « Cool ça change. ».J'hésite puis je prends mon air le plus diplomate : « Les gens me croiront pas si j'leur dis que j'ai rencontré le Petit Prince tu sais... » « Pour les trois pecnos qui te liront et qui penseront que tu te la raconte... Au moins t'auras gratté du papier ». 
Pendant un moment j'attends la suite et je comprends qu'il préfère se sentir interrogé : « Et donc la rose ? » « J'ai l'air d'un végétophile ? » Il part dans un grand éclat de rire parfait. Ce type a le rire le plus parfait que j'ai jamais entendu. Le truc complètement surréaliste, la bonne hauteur, la bonne force, la chaleur tout quoi, la total du rire, à la fois rital et féminin juste comme il faut. Il me brule le front avec son pétard qu'il éteint en l'écrasant entre mes deux yeux « La rose elle est là gars, te complique pas trop la vie, et j'peux même te dire que ma rose à moi elle a un sacré bon p'tit cul ! Bon s'pas que j'me fais chier mais j'te laisse j'dois passer aux chiottes, see ya dans le ferry l'écrivaillon !!». 

Il s'est mis à pleuvoir. J'avais deux heures à attendre. Après une nuit aussi crade la pluie, en plus elle était douce, me faisait du bien. Je suis resté plus ou moins seul pendant que les gens qui ont peur de l'eau rentraient se cacher. L'eau de cette mer là est spéciale. Comment dire... Le genre d'eau que vous savez avec CERTITUDE que ceux qui y plongent meurent dans la seconde. Ce n'est pas de la glace mais tu sens qu'elle hésite à le devenir tellement elle est gelée. A te couper tout envie de te laver dedans. Et c'était bien dommage parce que j'avais franchement besoin d'une douche... J'avais rien à faire alors je me suis mis à faire ceux que font tout les gens qui s'ennuient face à la mer : j'ai pensé à l'Amour. Au quatre jours où je m'étais autorisé à tomber amoureux en fait. Ce qui n'est déjà pas si mal à 17 ans je pense. Une chieuse de 28 ans qui voulait construire sa vie, avoir des projets, se définiiiiir comme persooonne, et autre blabla de guide de développement personnel. Mais elle en était incapable, elle était d'une stupidité rarement atteinte même parmi les gens de 28 ans. Alors elle sortait avec des ados qui l'admiraient pour sa capacité à tirer les pipes les plus mémorables de toute une adolescence et même longtemps après. Marché honnête. J'ai été amoureux quatre jours de cette meuf là, juste avant d'attraper une mycose, ça a été la première, de meuf et puis de mycose. Je crois que ça fait de moi un chic type. Et puis à 17 ans c'est pas si mal vraiment. Je sais pas pourquoi mais un jour j'ai été amoureux d'elle tout d'un coup et c'était comme si tout était beaucoup plus simple. J'avais une raison d'être heureux, une raison de manger, une raison de m'endormir le soir, et surtout le plus important : une tête et un prénom pour remplir mes rêves/fantasmes. Je ne dirais pas qu'elle avait donné un sens à ma vie, j'étais jeune mais pas totalement attardé, mais que l'état dans lequel j'étais lui en donnait un. Curieux j'ai laissé trainer ça quelques jours comme on laisse trainer une petite grippe pour ne pas aller au bahut et après lui avoir acheté des fleurs « pour faire comme les grands » et jouer le jeu jusqu'au bout j'ai choppé cette mycose et j'me suis résigné face aux dangers des relations hommes/femmes. Elle s'appelait Caroline, était un peu grosse mais elle était vieille et c'était un grand moment de classe lycéenne quand elle venait me trouver au lycée et qu'on ne ne la prenait pas pour ma mère. 
J'ai regardé la mer gelée se faire lécher par la pluie tiède : Est ce qu'il n'y a vraiment rien de possible ? Est ce que ce sera encore et toujours la même merde ? Est ce qu'il y a quelque part une surprise, une explosion, un truc dingue qui justifie tout cet ennuis ? C'était aussi un peu pour ça que j'étais parti. Aider la chance, lui donner des occasions d'agir. Y'en a qui provoque leur chance moi je voulais juste aller à sa rencontre, bien gentiment. Caroline m'avait dit un truc à ce sujet. «Tu sais, jte le dis à toi parce que t'es pas comme tout ces autres salaud, jpeux te faire confiance, tu sais la vie ce que c'est ? La vie c'est aimer, baiser, accoucher, et tout ces trucs où faut être deux. Le reste c'est l'emballage, ça doit juste servir à rendre ça joli, s'tout. ». La pauvre avait sans doute même pas conscience d'avoir dit un truc intelligent. Aujourd'hui je crois qu'elle est fonctionnaire dans le Lot et qu'elle a trois enfants. Après tout... 
J'ai finalement dû rentrer dans ce ferry. Un bâtiment énorme, un vrai paquebot de croisière ; sans que je m'en sois rendu compte dans la salle d'attente une vraie foule s'était amassée ; plusieurs centaines de personnes. Le choc entre la solitude de la nuit et cette foule m'a fichu en l'air un peu plus le moral. Et évidement pas moyen de capter dans la foule mon « petit prince » malgré sa grande taille. Comme un zombie je me suis laissée porter par le flot jusqu'à l'intérieur du navire pour m'y prendre une claque énorme : la plus grosse claque que l'argent me mettra jamais : ce ferry était un pur objet de luxe une fois à l'intérieur. Tout était de velours rouge et boiserie vernies depuis l'entrée, le salon principal était occupée par de larges sièges en cours qui courrait sur tout le tour du bâtiment, des panneaux indiquaient la présence d'un spa, d'un cinéma, d'une salle de jeux vidéo.... Le spa était luxueux avec un jacuzzi, le cinéma projetais le tout dernier film à la mode, la salle de jeux vidéo était occupée par ces consoles derniers cris sans manette. En tout quatre salon, quatre ambiances différentes et même une boutique de dutty free. J'étais complètement largué. Explosé. Mes yeux bouffaient tout ce luxe comme un sirop de fruit, mon corps posé sur un fauteuil en cuir aurait voulu lui faire l'amour pour le remercier d'être aussi moelleux, j'étais au paradis et ça avait un goût dégueulasse. On ne peut pas torturer quelqu'un une nuit, un mois, trois mois en fait, et lui proposer soudainement deux heures de bonheur, c'est juste une autre forme de torture. 
Celui qui n'avait pas l'air de s'en faire c'était le Petit Prince, allongé sur un fauteuil de tout son long comme un énorme chat de canapé : les grands mères en voyage pour leur retraite, les adolescentes des nombreux groupes scolaires, les mères de famille respectable, toutes, et même parfois tous, le fixaient médusées pendant qu'il y prenait un pied évident. Il m'a fait un grand sourire en me voyant avec un petit air de « jte l'avais bien dis », comme si ce charme était une preuve évidente de sa nature d'extra terrestre. Je vois à la fenêtre une immense mouette traverser le ciel, frôler la face brillante de la Lune qui se levait déjà, crever l'horizon et aller se perdre dans l'espace, je suppose. J'ai finis par m'endormir sous le regard amusé du Petit Prince.... 
La même femme, de dos. Le même cul magnifique dans son boxer noir. La même démarche tranquille. Et toujours mon incapacité à la rejoindre. J'ai un drôle de sentiment. Cette personne me rappelle quelque chose ou quelqu'un... Tout d'un coup le décors noir se tord et nous sommes dans une rue bondée de Paris comme les magasines chics nous les présentent. Des voitures foncent dans tout les sens, à pleine vitesse. Et la femme continue pourtant à avancer presque nue et tranquille, tout droit, par miracle elle évite les voitures et ne semble pas avoir froid, personne ne fait attention à elle, elle n'a absolument pas peur en traversant les passages cloutées et les routes, elle se contente d'avancer, en ligne droite. J'hésite, je panique, je perds pied et j'entends le rire du Petit Prince en fond sonore qui se moque de moi... Alors je me décide et suis la même trajectoire sans qu'il ne m'arrive rien... 

J'ai de la mélancolie 
Pour ce qui n'a jamais été : 
Je me dirige vers le point de fuite 
D'un tableau que personne ne regarde... A suivre...

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