Etape du Bac
Jean Claude Blanc
Etape, le bac
« Mais qu'a bu l'âne au bac, l'âne au bac a bu l'eau »
Délivrés tout à trac les sujets de philo
Examen cette année, pour potache renseigné
Trop facile désormais, suffit copier-coller
Gentille académie, assurée de succès
Savoir lire et compter, essentiel, je croyais
Les élèves d'aujourd'hui, se cassent pas la nénette
La science fait des progrès, pour les plus arriérés
Calculette, internet, résultats clairs et nets
Mais pour les langues vivantes, faut vraiment s'impliquer
Ne pas vivre de ses rentes, l'écrit, c'est pas assez
Encore faut-il savoir, baragouiner l'anglais
En pensant à la rousse, draguée qui sent mauvais
Sûrement fait exprès, plancher durant l'été
Alors qu'on divague, sur la mer et ses vagues
Le besogneux recteur, se moque du temps qu'il fait
Aux ordres de son ministre, n'a pas de vague à l'âme
18 ans accomplis, commencent les soucis
Math et philosophie, c'est à mourir d'ennui
Bien mal lui en a pris, au maitre des instruits
Des enfants mal appris, veut en faire des génies
Le contrôle continu, pas idée saugrenue
Les fainéants absolus, seront vite connus
Tandis qu'en un seul jour, on peut connaitre un four
Vite fait de se rater, aller simple sans retour
Elève âne bâté, rabâche sans relâche
Repéré, comme benêt, le correcteur est vache
Pour reprendre le moral, ne lui reste que l'oral
Tchatcher habitué, pour lui c'est un régal
Etant de la vieille école, je n'ai pas eu de bol
Confronté au latin et à ses paraboles
Quant au grec par chance, réussi l'éviter
Et pour prendre ma revanche, mélange patois français
Bachelier de jadis, j'en garde la panique
Repasser cette épreuve, je coulerais à pic
Versailles m'était conté, pour l'histoire j'étais fait
Même qu'à mes professeurs, je leur en apprenais
Question géographie, ça va de mal en pis
Candidat en touriste, sait plus où il habite
Ses matières présentées, ne sentent plus bien bon
Excréments d'ignorant, qui valent plus un rond
Obligés nos gamins, d'être calés demain
Le cartable est bien lourd, de programmes on les bourre
Comme ils disent « c'est l'arnaque », on est rendu crétins
Mais leurs années d'études, leurs sont d'aucun secours
Bien joli le diplôme, dans la chambre affiché
Et après qu'est-ce qu'on fait, pour se faire embaucher
La suite on la connait, hélas, bien à l'avance
De ce bout de papier, les patrons s'en balancent
Recalé, condamné, remettre sur le métier
Redoubler, dépassé, par les jeunots musclés
Le bac est une étape, pour grimper bien plus haut
Sélection des costauds, aux héroïques cerveaux
Réformer le mammouth, serait foutre le souk
A mettre en fureur, syndicats professeurs
Alors on n'y touche pas, la grève, on la redoute
Précaire est le pouvoir, faut plaire aux électeurs
Pour les métiers manuels, personne veut s'y coller
C'est sale et mal payé, et ça fait roturier
Pourtant bien obligé, on doit être orienté
Que ça nous plaise ou non, enchainés ouvriers
Seul but, gros pourcentage, de cette classe d'âge
Atteindre niveau du bac, faut pas croire au miracle
Hasard d'une idée, d'un socialiste sage
Qui lui-même énarque, en garde encore les marques
Ministre de l'Education, sur la tête entonnoir
Croyant faire son devoir, nous a comblés d'espoir
Se montre pas avare, de promesses illusoires
Se fend de réflexions, et même de perles rares
L'Ecole est un sanctuaire, où règnent des intouchables
Hélas la vérité, se montre implacable
On enseigne à des niais, vertus des libertés
A peine portail franchi, s'imposent comme chefs guerriers
On confond garderie et enseignement scolaire
Certains les moins lotis, connaissent années de galère
Interdit de redoubler, ils foncent jusqu'au bac
Sachant pas même construire, une simple rédac
Mais la fin est bien triste, pour ces gosses patraques
Rédigent des CV, pleins de fautes d'orthographes
Dans notre société, l'inculture, se remarque
Même qu'à l'ANPE, rajoutent leur paraphe
Pour converser facile, utiles les SMS
L'esprit se désagrège, tellement il paresse JC Blanc juin 2015 (culture en morceaux)