ÉTAT MENTAL N°3
lafaille
J'ai attrapé le néant
J'ai erré dans le vide
J'ai vidé le sens
Je me suis vidée de mon sang
Sans fuir la réalité
J'ai créé des mondes
J'ai engendré le pire
J'ai suivi des Hommes
Qui n'avaient pas froids aux yeux
Je me suis refroidie
Seule de contemplation
Le rêve écarlate
J'ai retourné la chair
Chère amante
J'ai grimpé les montagnes
J'ai crié ton nom
L'écho m'est revenu
Vidé de ta substance
J'ai cherché les raisons
La raison s'est enfuie
Laissant place à la folie
De n'aimer que pour aimer
J'ai marché sur le bitume brûlant
Sans savoir où aller
Rien que pour marcher
Et épuiser le sens
J'ai craché sur les morts
J'ai haï des vivants
Je suis retournée à la terre
J'ai bravé les interdits
J'ai tordu la vérité
Je l'ai fait mienne
J'ai attaché la religion
Aux poteaux des aveugles
J'ai risqué le mépris
Dans le regard des poètes
J'ai appris à me taire
Et à courber l'échine
Devant l'ambition des vainqueurs
J'ai crié de silence
Personne n'a retenu le souffle
De la douleur
J'ai prié l'infirmière
J'ai entendu les sirènes
Des gyrophares de nuit
J'ai lancé des défis
Je me suis couchée
Devant tant de beauté
J'ai succombé
Aux tentations
J'ai échoué
Sur la rive
Des sentiments vaincus
Je me suis relevée
Boiteuse et ivre
Dans l'empoisonnement du jour
Dans la brûlure du soleil
Dans des déserts inhumains
Citadins de toujours
J'ai entendu les déchirures
Dans la guerre des égos
J'ai retrouvé le vide
J'ai senti la spirale
M'avaler de travers
J'ai hiberné
Dans le froid cocon
De l'hiver
Je me suis réveillée
Dans des bras de misère
J'ai avalé les aiguilles
De l'horloge ronronnant
J'ai sauté par-dessus
Les fossés de l'amertume
J'ai jeté des sorts au passé
Des horreurs
Je me suis couchée dans le vide
De sens
J'ai largué les amarres
J'ai comblé les trous
De balle
Par le rire des enfants
J'ai touché les étoiles
Filantes
J'ai filé dans la nuit
J'ai filé à l'anglaise
Je me suis noyée
Dans des mers en furie
J'ai respiré les embruns
J'ai englouti le monde
J'ai vomi de tristesse
J'ai ravalé mes larmes
J'ai fait des confettis
Pacotilles de l'instant
J'ai rêvé de la vie
Prisonnière de l'intense
J'ai déserté les Hommes
Je me suis retrouvée
Dans l'origine du monde
Vagabonde solitaire
J'ai mangé le bonheur
De ceux qui n'ont plus rien
Dans l'éclat des jours
Je me suis émerveillée
J'ai conquis le jardin d'Eden
À coup de sang et de flammes
J'ai senti le roussi
J'ai dégueulé d'injures
Devant les miroirs mensongers
D'une société en proie
À la postérité
Je suis devenue infidèle
À mon univers
J'ai gouté de l'étrange
J'ai gouté de l'étranger
Je me suis perdue dans le
Cimetière des âmes pures
J'ai balancé mon ego
Dans le vide-ordure
J'ai traqué la pureté
Dans le gibier des forêts
Je suis tombée de haut
Devant la bassesse
Des sentiments
J'ai hurlé dans la nuit
Telle une louve affamée
Devant tant d'inutiles bavardages
Je suis devenue muette
J'ai stoppé l'hémorragie
Du cœur mal renseigné
Internée de force
J'ai découpé les liens
Je me suis fait la belle
Sous des cris de folie
J'ai tué le désir
Pour tenter la sagesse
Je me suis souvenue de la joie
D'être aimée
J'ai rompu le silence
J'ai détesté les mères
De l'abandon
Dans l'abîme qui t'abime
J'ai tué le temps
À coup de révolvers
Sur des portes closes
En ferraille et acier
J'ai avalé la pauvreté
Semée d'embûches
Je me suis fait dévorer
Par la meute de la rue
Dans le vaste froid
Je n'ai plus rien senti
Que la douleur
Des os créant
Une symphonie du pire
Je me suis relevée
J'ai pris la tangente
J'ai réussi mon coup
En volant dans les airs
J'ai découvert émerveillée
L'amante retrouvée
Je me suis dévêtue
Dans la chaleur des flammes
J'ai recouvert l'ennui
De mortels baisers
Je me suis réveillée
Étonnée d'être seule
Je me suis regardée
De stupeur j'ai crié
De me voir si vivante
Réelle dans la nuit
J'ai décidé de tordre le réel
En plein jour
J'ai vidé de substance
Les mots dans les maux
J'ai scruté le néant
Et je m'y suis couchée
Merci!!!!!!
· Il y a presque 7 ans ·lafaille
Ce texte m émeut sincèrement
· Il y a presque 7 ans ·Aurore Rodi
et vous avez eu une vie bien remplie
· Il y a presque 7 ans ·Hi Wen