Etre jeune en 2013
Jean Claude Blanc
Etre Jeune en 2013
Etre jeune aujourd’hui, n’est pas une sinécure
A l’âge où l’on ne rêve, que volages aventures
Moitié des diplômés, restent sur le pavé
Mais c’est sans rajouter les stages rémunérés….à coup de lance pierres
Etre jeune aujourd’hui, c’est s’armer de patience
Trop ado, trop instruit, mégotent les agences
Nos gosses sont confrontés, à toutes les violences
La plus grave d’entre toutes, c’est la condescendance
Les rôles sont inversés, ils veulent nous satisfaire
C’est nous qui sommes aigris, quand eux sont solidaires
N’ont pas de parti pris, fatalistes sans colère
Belle leçon de sagesse, du genre humanitaire
Etre jeune désormais, c’est en bandes s’allier
Défendre ses intérêts, mais en particulier
Car ils ont bien pigé, qu’ils doivent se débrouiller
Un instant d’allégresse, toujours, ça de gagné
Nous, on les croit candides, poussins à protéger
C’est à nous qu’on adresse, notre fébrilité
La jeunesse est diverse, se moque des sondages
Mais en catimini, on sent monter leur rage
Dans Assemblées suprêmes, que des vieux sur les bancs
Et quelques rares Femmes, jamais de jeunes gens
Anticiper l’avenir, comment peuvent-ils prévoir
Les acteurs de demain, n’ont pas droit au crachoir
Pas facile de gérer, tous ces incontrôlables
Il monte des cités, une vapeur de conscience
A force d’être traités, comme des gamins minables
Les titis des quartiers, vont nous montrer leur science
Du haut de mes années, m’étonnent nos chérubins
Malgré toutes nos outrances, ils demeurent sereins
Je m’en fais pas pour eux, prennent en main, leur destin
Vont pas se résigner, à jouer les moins que rien
2013, me direz, un chiffre qui porte guigne
Tout ça, c’est dépassé, glorioles et insignes
Nos mômes ont la vue claire, regardent pas derrière
Progressent lentement, pour pas perdre leurs repères
On va céder le manche, à nos tendres marmots
Pour finir le boulot, tu parles d’un cadeau
La retraite aux flambeaux, notre unique obsession
Mais eux devront solder, nos frugales pensions
Ils trainent dans les rues, futals rapiéciés
Pas pour se faire remarquer, n’en ont rien à glander
Veulent s’exonérer, de notre monde surfait
Qui les envoie péter, mais sont pas rancuniers
Ils doivent se coltiner, toutes les calamités
Le sida, le chômage, les parents divorcés
Mais nous pour moins que ça, on aurait tout perdu
La tête, la santé, la vie, et les vertus
Adultes confirmés, on n’y comprend plus rien
Chacun de son côté, se mijote un festin
Pour nous la cigarette, et pour eux la fumette
On est quand même gonflés, car c’est eux qu’on embête
A l’échelon du monde, faut mesurer le pire
Ceux qu’on croit les plus faibles, toujours passent dernier
Ce sont les petites mains, qui nourrissent les empires
Dès lors qu’ils sont nés, condamnés à trimer
Vantent « droits de l’enfant », nos pays policés
C’est joli d’y penser, faut-il se l’appliquer
Ceux qui sont concernés, ne sont pas consultés
On a « l’esprit des lois », mais dur, se l’imposer
Les petits ruisselets, forment les grandes rivières
Et les petits vaisseaux qui émanent des artères
On s’emmêle les pinceaux, en fait, on s’y perd
Générations héros, mais aux instincts grégaires
Les ados se chamaillent, tout marche à l’oseille
Même qu’on s’étripe ferme, sur le port de Marseille
C’est pas poisson d’avril, on accuse les moins forts
Pas ceux des beaux quartiers, mais ceux des cités nord
Etre jeune en 2013, c’est pas se révolter
Seulement profiter, des grâces du progrès
Jamais participer, à ce jeu trafiqué
Ne plus aller voter, car les dés sont pipés
L’exemple vient d’en haut, « pour être un Homme, mon fils »
Paraphrase Kipling, mon fraternel complice
Son « Livre de la jungle », on l’a sous notre nez
Défilent les gyrophares, de l’Etat policier
Sénior en 2013, ma paix, je l’ai gagnée
Retournerai jamais à l’état de junior
Humaine société, tes jeunes, tu les ignores…
Vont prendre la relève, mais seront pas gâtés
La Terre qu’on leur laisse, devront la recréer
JC Blanc octobre 2013 (hommage à Kipling : tu seras un Homme, mon fils)