Etre ou avoir tété...

                             Etre et avoir tété…

Loin vieux livres de grammaire

Ecoutez comme un beau soir

Ma mère m'enseigna, mystères

Du verbe être, du verbe avoir

Parmi mes meilleurs auxiliaires

En est deux originaux

Avoir, être, étaient des frères

Reconnus dès le berceau

Bien qu'opposés caractères

On pouvait les croire jumeaux

Tant l'histoire est singulière

Mais pourtant, étaient rivaux

Ce qu'avoir, voulut être

Etre voulait toujours l'avoir

A vouloir, ni dieu ni maitre

Le verbe être s'est fait avoir

Frère avoir, était en banque

Et faisait grand boursicot

Alors qu'être, toujours en manque

Lui, souffrait de son ego

Tandis qu'être, savait lire

Faisant ses humanités

De son côté, sans mot dire

Avoir sur ses doigts, comptait

En amassait des fortunes

En avoirs, liquidités

Pendant qu'être dans la lune

S'est laissé déposséder

Avoir est ostentatoire

Lorsqu'il joue les généreux

Etre, en revanche, c'est notoire

Est souvent présomptueux

Avoir, voyage classe affaires

Met tous ses titres à l'abri

Alors, qu'être plus débonnaire

Ne gardera rien sur lui

Sa richesse est intérieure

Le trésor de son esprit

Le verbe être, tout en pudeur

Sa noblesse est à ce prix

Un jour à force de chimères

Parvenir à un accord

Entre verbes, s'obligèrent

Conjuguèrent leurs efforts

Et pour pas perdre la face

En guise de fraternité

Se sont répartis les tâches

Pour enfin, tout partager

Verbe avoir, a besoin d'être

Parce qu'être, c'est exister

Le verbe être, besoins d'avoirs

Pour dormir sur ses lauriers

Pour briller, faut des pépettes

Recourir à l'illusoire

Est un peu gâchée, la fête

Si t'as rien dans le ciboire

Avoir l'air, c'est paraitre

Etre clair, c'est concret

Etre, avoir, drôles de zèbres

Blanc et noir, emmêlés

Jouissance des nénés

Etre pompés, même sans lait

Moins marrants, d'être violenté

Les frustrés sont affamés

D'être, avoir, on est eus

Auxiliaires, de nos pensées

Transitions, quand on sait plus

Continuer de se vanter

Le verbiage à l'avantage

De délier les mauvaises langues

Etre, avoir, dans nos usages

Machin truc chouette, on s'arrange

En être ou pas, faut l'avoir

Du Shakespeare, mince espoir

Question sans fin, des humains

On a peur des lendemains

De palabres interminables

Arguties alambiquées

Nos compères, inséparables

Ont pu être, avoir tété…

JC Blanc      novembre 2019     (merci à toi Michèle, conteuse du pays, philosophe lucidité)