Etre sage n'est pas être heureux.

Christophe Hulé

Être vieux c'est se résoudre à surfer virtuellement sur la vague des désirs éteints.

Ne pas ressasser surtout ce qu'on aurait pu faire, dans bien des domaines, mais  notamment celui de l'amour.

Chacun a eu sa chance, même si on est vraiment trop con à 18 ans pour la saisir en connaissance de cause.

La connaissance justement, de celle qui aurait pu nous permettre ceci ou cela, de celle qu'on acquiert quand il est trop tard.

Être sage n'est pas être heureux, « beau et con à la fois ».

En cela on serait en droit de dire que la vie est mal faite, que d'occasions manquées.

Qu'il me jette la pierre etc.

Trop d'interdits et de désinvolture, qui aurait su nous dire que les filles (ou les gars) n'en savaient pas plus, on prête à l'autre une expérience, et si l'autre était aussi démuni.

A ce point précis, faut-il appliquer l'écriture inclusive : « démuni(e) », j'avoue ne plus trop savoir où on en est.

L'autre est-il masculin par défaut même si l'on parle d'une femme, après réflexion oui, ça me donne le tournis.

L'autre est un ou une, doit-on faire pareil avec le mot « autrui » ?

Quel casse-tête !

Bon, revenons au sujet qui nous occupe.

Je suppose que, comme moi, vous ne savez plus trop lequel.

Ah oui, faire deux colonnes, ce qu'on a raté ou manqué, et ce qu'on a réussi.

Les Français sont par nature pessimistes, enfin c'est ce que les statistiques nous répètent, un Français ne mettra donc pas grand-chose dans la deuxième colonne.

Être vieux c'est être peinard, et pourquoi pas heureux, en faire de moins en moins, jusqu'à ne plus rien faire du tout, un « à quoi boniste » (Gainsbard, que je ne cite pas souvent car je détestait le personnage).

Ne plus rien faire c'est aussi ne plus rien attendre, donc être prêt à mourir demain.

Certains me diront, à bon droit, que des êtres chers (chères?) les retiennent en ce monde.

OK, je n'ai rien à dire à ceux-là, ce sont des héros dont je ne suis pas.

L'impression d'avoir tout raté n'est pas partagé par ceux qui vous veulent du bien sans hypocrisie aucune.

A force d'entendre que l'on ne vaut rien, on peut envisager que certains y croient, surtout si la dépréciation dure depuis la petite enfance, il n'y a pas de petits ou de grands traumatismes, les soi-disant « petits » sont ceux que l'on ne peut exprimer.

Pour donner un exemple, et là c'est du vécu, perdre ses cheveux à la trentaine c'est perdre totalement confiance, car ce sont les remarques qui vous jettent du haut de la falaise, n'en déplaise à tous ces abrutis de « coach » qui font feu de toute fragilité (estime de soi et gna gna gna).

- Ah, tu as bien changé, tu as pris du poids.

D'accord, c'est un autre sujet, je suis spécialiste du coq à l'âne.

Le fil d'Ariane serait sans doute le temps béni de l'enfance ou de l'adolescence où tout vous souriait, après, le Chemin de Croix est plus ou moins pénible, il peut commencer très tôt ou très tard, un peu comme le jour de sa mort, désolé de casser l'ambiance.

A propos de fil d'Ariane, c'est toujours la même idée, chacun (chacune?) fait ce qu'il peut avec ce qu'il a, il est facile de juger les autres quand la chance vous sourit.

Se contenter du peu qu'on a c'est très bien, mais qu'en est-il de ceux qui n'ont rien ?

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