Etreinte

Il la regarde et lui glisse « on ne s’est pas encore embrassé ». Elle ne réfléchit pas et fond vers lui, rencontre ses bras, son torse, sa bouche. C’est une première étreinte maladroite et enthousiaste. Leurs lèvres, leurs langues se rencontrent, se mélangent. C’est doux et chaud. C’est un baiser.

Plus tard, ils sont nus l’un contre l’autre et leurs fluides se confondent. Son audace, sa sensualité l’étonnent, c’est comme si leur toucher produisait une réaction chimique explosive. Elle est sur lui, il est en elle, elle est sous lui, il la caresse, elle l’embrasse, ses doigts la frôlent, parcourent et affolent sa chair émue. Ils transpirent, ils s’affrontent autant qu’ils se lient et elle croit cette nuit là que l’amour peut naître d’une étreinte, chamboulant sa vision et ses principes. C’est la plus belle nuit de sa vie.

Elle s’est souvent trompée avec les hommes mais cette fois, grâce à l’expérience, parce qu’elle se connaît mieux, parce qu’elle sait aussi ce qui peut toucher l'autre chez elle, elle est persuadée qu’il se passe quelque chose, vraiment, entre eux. C’est chimique bien sûr mais elle sent que cela pourrait se transformer en véritables sentiments. Elle imagine l’espace d’une seconde, peut-être même deux, qu’ils vont tomber follement amoureux, qu’ils ne pourront plus se passer l’un de l’autre, que sérieusement, ils n’envisageront plus de faire l’amour à quelqu’un d ‘autre parce qu’ils ont tous deux déjà eu suffisamment d’expérience pour reconnaître cette chose rare. Que de l’accord charnel évident qui se produit quand leurs corps s’entrechoquent les conduira à vivre une romance passionnée et passionnante, forcément.

Quelques instants, elle a envie d’oublier que ce n’est pas possible. Que la vie est pavée de choix et qu’elle a l’âge d’en faire, qu’elle en a déjà fait et qu’il est trop tard et trop périlleux de vouloir revenir en arrière.