Evan(e).
redisblacklove
Parler de fantasmes ou de rêves serraient des mots bien trop faibles pour décrire ce que je ressentais pour elle.
C'était ce genre de sensation singulière qui habite tout ton être, qui te saisi les intestins, te tords les boyaux et les emmêlent de douleur, qui prend ton cœur et le mutile de multiple façons : qui te détruit tout simplement.
Mais ça reste ce sentiment si fort que tu ne peux le sortir de ton corps.
Pour montrer qu'elle était spéciale, elle sera mon seul et unique personnage masculin ayant un nom : Evan.
La mixité de son physique pouvait m'inspirer malgré la barrière du sexe, la simplicité envoutante de son regard m'aiderait.
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Evan était seul. Il venait d'arriver dans cette sphère, sa vie nouvelle loin de son nid : il avait débarqué au milieu de la foule sauvage pour essayer de se reconstruire à l'étranger.
Tellement seul, qu'au début de son apparition je ne l'avais remarqué.
Les gens trouveraient ça drôle qu'un coup de foudre ait mit plusieurs mois à éclater, et pourtant la première fois que je l'avais aperçu j'étais d'une indifférence comique en y repensant.
Ce premier jour et ceux qui suivaient j'aurais pu voir la boulangère comme le chauffeur de bus puis, -entre ces deux regard- Evan, que je n'aurais vu la différence.
Il aura fallu attendre le moment propice pour que les choses opèrent.
Un récent changement physique le dénotait du reste, mes yeux arrivaient enfin à s'adapter et à différencier les gens à cette personne spéciale.
La différence, mais pas que.
La solitude et la réserve que je voyais enfin en lui m'attiraient mais m'intriguaient.
Ces deux autres critères me rendait mal à l'aise à l'idée de croiser son regard, me mettais la boule au ventre de le savoir dans le même endroit que moi, à seulement quelque mètres de mon corps.
En y songeant après tout les évènements passés, j'étais d'une triste ironie et sans fin.
Les deux facteurs de mon intéressement validés, et je me jetais ouvertement dans la gueule du loup avec une naïveté plus grande que jamais.
Il était cette chose qui avait chamboulé ma vie, qui avait littéralement cassé ma routine et qui l'avait explosé en centaine de morceaux dont certains s'étaient plantés dans ma chair à jamais.
"- Comment voulez vous prétendre aimer le premier venu s'il n'était pas le fruit de vos fantasmes?
-Avec le temps et l'imagination, je suppose."
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Son attirance, je l'avais imaginé de toutes les façons envisageable.
Quelle soit nocive, inexistante, heureuse ou dans le moins probable, réciproque.
Et même maintenant, je l'ignore toujours.
Mais je continue de l'imaginer : elle était présente, j'en suis certaine. Ce n'était pas la naïveté ni l'envie qui parlaient, mais bel et bien les actes involontaires.
Comme toute notre relation avait été créée sur le fruit de ma propre imagination, j'avais le pouvoir de choisir la fin qui me conviendrait le mieux.
Je voulais éviter les clichés comme l'amour amoureux qui se rend compte que l'amoureuse était la bonne ;
ou la victime qui se donna la mort en pensant à son grand amour -qui lui n'est même pas au courant de cet acte mais l'apprendra que des mois après- .
Je voulais une fin dramatique mais heureuse, que les rôles soient échangés : Evan devait mourir de la même solitude qu'il avait gardé en me refaisant passer au stade d'inconnue après avoir tant partagé avec moi, et je devais me réjouir d'avoir perdu définitivement le seul grand amour créé de toutes pièces par mon imagination.
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Notre rencontre n'avait été que pensées.
En réalité, rien de tout cela n'avait existé.
Dans ma tête, même endroit, même date et heure; dans un monde parallèle.