EX-TASY

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Ecstasy : n.f. (Anglicisme) Drogue de synthèse, dérivée de l’amphétamine, à effet euphorisant et    

                Stimulant.

                 Chez certains usagers, l’ecstasy peut provoquer une dépendance psychique.

Ex- : Particule qui, placée devant un nom, implique l’état révolu de la qualité exprimée par le nom.

       Contrairement aux idées reçues piochées dans les contes, un être humain connaît généralement plusieurs amours au cours de son existence. Théorie testée et approuvée par mon confrère Frédéric Beigbeder  (et au vu de ses chiffres de vente, on peut considérer que cette donnée fait office de preuve irréfutable). Mais hélas, comme dans les contes, l’ex-copine joue bien souvent le rôle de la méchante sorcière qui a un temps réussi à ensorceler le prince. Ses pouvoirs sur ce derniers sont inimaginables et on adorerait connaître sa botte secrète. Mais comme dans le monde de Mario, on aimerait aussi (et surtout) exterminer cette sangsue pour éviter que son couple ne tourne au ménage à trois ou pire : ne tourne court, tout court. Lorsqu’on s’engage émotionnellement avec une personne, on doit l’accepter telle qu’elle est et la prendre avec son passé si l’on veut un présent plus que parfait. Mais faut-il composer avec le facteur « ex » ?

     Visiblement, j’aurais dû me renseigner un peu plus tôt sur les problèmes addictifs de M. Je sortais avec lui depuis quelques temps, et nous avions vaguement ouvert le brûlant dossier « ex » au second rendez-vous (ce qui est bien assez tôt et en même temps pas assez tard !).  Après consultation, le diagnostic m’avait paru tout à fait prometteur : aucun germe oublié à l’horizon, aucune cicatrice mal recousue, pas un tendon fragile ! Mais c’était sans compter sur les méandres sentimentaux, et encore inexplorés à ce jour, du cerveau mâle. Eux, pour le coup, n’avaient pas vraiment dit leur dernier mot…

     Samedi après-midi. Je m’intéressais mollement aux escroqueries multiples dont est victime ce pauvre Jean-Paul Belmondo. Escroqueries d’ailleurs orchestrées par sa nouvelle et jeune compagne et son ex-mari (tiens donc…). J’atteignais presque le million d’euros, quand, après une semaine de silence radio, je reçois un SMS de M. : il s’excuse pour son attitude, a revu son ex par hasard, toutes les blessures ne sont pas guéries, il a besoin d’être seul pour réfléchir. Point. Final ? De suspension ? Il aura tout le loisir de réfléchir : je ne me battrai pas contre un fantôme.

     Ma réaction, on ne peut plus pondérée (même vous, ça vous étonne) est le fruit d’une longue maturation après de similaires et multiples récidives. Il y a comme un air de « déjà vu » qui souffle sur les relations amoureuses. Un petit vent glacial, Est-Ouest, imprévisible et insupportable. Je ne compte plus les hommes et les femmes qui ont lâché leur nouveau partenaire pour cause d’ex pas tout à fait enterré. Le genre Carrie vous saisissant par surprise.

     Et les exemples foisonnent : le pauvre R. s’était vu abandonné par sa copine à l’instar de son vaurien d’ex-petit ami, je quittais Y. pour le voir finalement se jeter (encore !) dans les bras de son ex, le Prince Charles délaissait Diana pour Camilla… Même Jude Law était un adepte du genre !

     Tout ceci a de quoi en inquiéter plus d’un.  Car si on extrapole, toute relation avec un être humain ayant déjà connu un grand amour est vouée à l’échec. Mais qu’est ce qui explique ce phénomène ? La peur de souffrir à nouveau ? Le vain espoir que les affaires reprennent avec son ex ? L’absence de similitudes entre l’ex en question et le nouvel amant ? Un délai post-rupture trop court ? Il est tout à fait concevable qu’on réserve dans sa mémoire une place spéciale à son premier amour, comme à sa première fois, à sa première cuite, à son premier réveil vaseux… (Ah mais attendez ! Ca ce sont pile poil les symptômes d’une histoire d’amour ! Je radote, excusez-moi !). Mais est-ce qu’on doit conserver ce réflexe malsain de bondir à la moindre  alerte, au moindre signe du fantôme, au premier chant de la sirène ? Et comme une Lindsay Lohan après une cure de désintox’, replonger immédiatement à la tentation ? Dans ce cas, on peut se demander si le travail de deuil a été effectué correctement. Ou si l’on n’a pas bêtement laissé s’envoler se moitié… Comme Hendrix ne serait rien sans le LSD, certains ne sont rien sans leur « âme-sœur ». Les individus mâles (et certains individus femelles, ne soyons pas sexiste) ont beau nier en bloque ce concept « ultra-cucu,-c’est bien un truc de gonzesses », il n’en demeure pas moins que les faits sont là pour démontrer le contraire : M., un homme 100% testostérone et anti mièvreries superflues, se retrouvait tout pantois devant celle qui fût un temps la femme de sa vie. Il en a même pleuré ! La photo d’une telle scène vaudrait son pesant d’or…

     Alors, quand on voue une haine viscérale à l’ex de celui ou celle qui partage notre vie (ou, tout au moins, qui nous la rend plus douce), est-ce qu’on ne se transforme pas nous même en méchante sorcière, entravant la destinée de deux êtres faits l’un pour l’autre ? Mais en même temps, pour se sacrifier pour le bonheur d’autrui, faudrait quand même s’être pris un sacré coup de baguette magique sur le caillou…

     Moi, tout ce que j’en dis, c’est que c’est toujours la méchante sorcière qui tente de nous refourguer sa pomme pourrie…

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