Extrait 21, ou le droit des femmes au volant

souricettedunet

Bonsoir à la communauté, un nouvel aperçu de la teneur de mes chats-pitres, qu'il faut prendre avec du second degré bien sûr ! Dans ce repost du 8 mars, on parlait femmes au volant :)

Salutations à vous, lecteurs dominicaux, glandeurs du dimanche, paresseux du sofa, me revoilà une nouvelle fois face à mon écran et à mon défi hebdomadaire de vous embêter embarquer à bord de nos circumnavigations à travers le globe et de vous subjuguer avec du vocabulaire venant de la galaxie du langage soutenu que j'ai découvert... ce matin même. Vous qui cherchiez le foutu mot qui se cachait derrière la définition de circumnavigation sur votre grille de mots croisés, pouvez être sacrément soulagés, c'est une manière quelque peu pédantesque pour dire périple. Comment font-ils pour mettre des mots si longs dans de si petites cases ? Loin de moi l'idée de m'attarder sur de telles fondamentales questions, alors que nous avons célébré il y a quatre jours de cela, la journée des droits des femmes. Alors, bien sûr, certains hommes nous offrent des fleurs, des chocolats, on nous cajole le temps d'une journée (enfin,pas tous), d'autres rient en disant que le reste de l'année demeure leur fête à eux, les mâles, les rois de l'after-shave.

            N'oublions pas que cette journée n'est pas une vulgaire saint-valentin ou une autre excuse pour aller se pignoler la caboche avec du kir cassis entre copines! C'est l'occasion de célébrer le chemin parcouru grâce à la pugnacité de femmes avant nous et de se rendre compte des écarts des droits entre l'homme et la femme qui perdurent toujours dans la sphère professionnelle, personnelle, privée, selon les pays où nous vivons, les origines d'où nous venons, les statuts que nous possédons. Nous ne sommes pas là pour dire qu'une femme égale un homme, d'un point de vue physique en effet, à même entraînement, je ne suis pas sûre de pouvoir mettre une rouste à mon cher et tendre compagnon en battle d'haltérophilie. Je ne parle même pas de mon incompréhension de l'existence même de ce sport... Ca doit être parce que je suis une fille justement. Toujours est-il que cela m'a inspirée aujourd'hui pour dire flûte, pour protester contre les prostates, pour m'insurger contre toute cette oppression masculine, incarnée par la personne de mon compère et subie pendant nos  longues heures passées sur les routes.

             Car on en a bouffé du pavé, de l'asphalte, du gravier, de la chaussée, du bitume, du macadam : 14000 bornes en Australie de Cairns à Perth, je ne sais plus combien en Nouvelle-Zélande, mais du Nord au Sud, ça fait une sacrée trotte, et plus de 24 ooo dernièrement de Montréal à Puerto Vallarta au Mexique ! Même sans être très fortiches en mathématicus, on peut dire qu'on n'a pas chômé ! Enfin, moi, si... Parlons-en de l'égalité hommes/femmes, au volant, sottises ! Sornettes ! Balivernes ! Fadaises ! Escroquerie ! Fumisterie ! A ces souvenirs d'asservissement, je sens que je perds les pédales, pour une fois que je les touche du pied, c'est fâcheux. Je me rappelle encore, en Australie, la seule fois où j'ai pu connaître cette sensation de conduire dans un pays étranger, ce bonheur de tenir les manettes, cette exaltation de ne faire qu'un avec un moteur de plus de 300000 bornes, c'était... sur un parking... désert... pendant deux minutes, montre en main, devant un chéri tétanisé sur le siège d'à côté, comme un conducteur d'auto-école se retrouvant coincé avec Gilbert Montagné le seul jour bon sang où les commandes de pédales ne marchent plus... On va s'crasher, sous les étoiles... Me rappeler, chers auditeurs, de trouver une autre référence de personnalité aveugle pour éviter 1, de toujours taper sur les mêmes (et de m'attirer les foudres des défenseurs de tous les Gilbert Montagné de ce monde) et 2, de me laisser aller à ce genre de plaisanterie ridicule. Bref, de toute façon, sur ma conduite en terres australiennes, il n'y a plus rien à dire. L'expérience avait été si peu fructueuse que nous n'avions point voulu la réitérer. En même temps, si on ne m'explique pas où est le frein de l'accélérateur, sur un système légèrement différent de nos fieffées voitures franchouillardes, comment éblouir la galerie, n'est-ce pas ?

        Je ne crois pas qu'en Nouvelle-Zélande, mon destin de chauffeur ait été plus glorieux. La rare fois où j'ai pu ressentir la chaleur du volant sous mes doigts tremblotants a été déclenchée par une dispute grotesque dont je ne me rappelle ni le propos ni la teneur, mais qui devait tenir d'un sketch de Michelle Laroque et Pierre Palmade. Ah non, je vous assure, ça ne chantonne pas tous les jours sur la route quand on voyage avec son namoureux, Instagram ne vous le montrera jamais, mais parfois, ça peut se chamailler grave en road trip ! Etait-ce à cause d'une énième question sur la suite du périple, sur le moyen de se faire un peu d'argent sans se prostituer de trop ou sur la couleur du liquide-vaisselle, je ne saurais vous dire, mais je peux vous affirmer que les quelques bornes traversées dans le silence le plus complet, les mains crispées sur le volant, et les yeux fixés sur un horizon dont je ne connaissais pas le point de chute, dans un van qui me semblait un camion poids-lourd, ont été les plus longues du voyage, devant toutes celles où j'ai dû me retenir la vessie jusqu'au prochain arrêt décent en pestant contre cette maudite manie de boire de l'eau comme un chameau avant une virée dans le désert. Ce jour-là, c'était mon fiasco culinaire qui nous avait rabibochés : les spaghettis, préparées avec soin dans l'espoir de renouer le contact, étaient tombées directement dans l'évier au moment de les égoutter. On avait fini devant des tomates et des vieilles chips, le sourire aux lèvres, mon compagnon visiblement soulagé d'être arrivé en vie, après ces 200 kilomètres d'un danger de tous les instants.

            Mais ! Fort de ces expériences antérieures, et devant mon désir toujours plus grand d'émancipation, mon valeureux camarade dut s'incliner au Canada, face à une femme tenace, sûre de son bon droit de conduire, de la justice de sa requête, de ses revendications d'égalité et de parité. Il n'avait plus devant lui une adolescente boutonneuse qui n'osait s'affirmer ! La jeune greluche devant lui maintenant était bien ancrée sur ses pieds et réclamait équité et probité, poussée par son sentiment d'appartenance à la gente féminine et par sa dette envers toutes les femmes qui ne peuvent se déplacer par elles-mêmes ! L'effet fut saisissant : je conduisis, en tout et pour tout... 500 kilomètres... en trois fois. Et pourtant, il y avait une vive volonté de sa part de me laisser goûter à ce plaisir de driver notre caisse, il faisait même mine de fermer les yeux mais, mais... les réflexes reprenaient vite le dessus, ses mains se figeaient sur l'accoudoir, les réflexions commençaient à fuser, je n'anticipais pas du tout, je calculais mal la distance, je ne savais pas chanter, je ne voyais pas les renards sur la route, j'avais pas une tête à lunettes de soleil, je ne savais pas doubler en vitesse croisière... Bref, j'étais pas prête à rouler sur les quatre voies américaines.

        Alors, bon, petite leçon à tous les copilotes sur cette terre, si vous stressez votre pilote en exagérant les faits légèrement énormément, vous la stressez encore plus, donc elle est plus à même de faire des conneries et donc de réellement devenir le danger que vous craigniez à la minute même où vous avez consenti à lui laisser le volant ! Résultat, dans une ultime bataille, nous décidâmes d'un commun accord, que pendant qu'il se coltinerait toute la route parce que môssieur lui ne faisait jamais chauffer le moteur sans raison raisonnable, je me farcirais le rôle inégalable de changer la musique selon les humeurs de chacun, de chanter à tue-tête sauf quand on est à un feu à côté d'autres voitures, de relancer les conversations sur les brocolis ou les poireaux, d'ouvrir les fenêtres quand il fait chaud et qu'on veut pas se taper une conjonctivite, de servir des carrés de chocolat avant qu'il ne fonde (aucun risque!), de montrer les animaux par la fenêtre, surtout quand c'est des gros ours qui veulent traverser, et parfois, de retrouver le chemin quand on est perdus... assurant ainsi de meilleures auspices pour la suite du road trip !

                   Mais, sachant que je peux parvenir, si je le veux vraiment, à me perdre même dans les villages et les routes que je connais très bien, pas sûre que cette partie-là de ma mission ne soit pas non plus une grossière erreur d'organisation... Pour ne pas épiloguer sur mes incapacités notoires orientatives, en ce rappel du 8 mars, n'oublions pas, qu'en tant que femme, on devrait nous aussi jouir de la liberté de faire ce qu'il nous plaît, de pouvoir agir selon notre propre bon vouloir... même si, de temps en temps, il faut savoir s'accommoder. On peut pas sortir nos seins à chaque fois ! Bon dimanche !

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