Extrait Journal intime (10)

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

Un concentré des 40 pages que j'ai écrit lors de mes 3 mois d'hospitalisation psychiatrique en 2013. Un vrai témoignage de bipolaire/borderline. J'ai juste enlevé les passages qui parlait de mon ex ; en respect de mon partenaire actuel. Le fait que le texte soit long peut vous faire fuir ; mais soit ne partez pas et prenez tout votre temps ; soit lisez en diagonale, soit ne lisez pas ;-)


14 août 2013. 7ème jour de réhospitalisation.


Aujourd'hui, je ne me sens pas à ma place à l'hôpital. Je sais que je suis très malade mais je me sens inutile à la société, je ne travaille pas, je glande, je lis. On me nourrit, blanchi. J'ai honte d'être ici, aussi longtemps. J'ai honte quand je leur dis que je ne sais pas comment je vais. Je n'arrive pas à leur dire : je veux mourir mais avant cela, il faut que mes parents décèdent. J'ai honte de ne pas jouer le jeu des vivants. D'être en éternelles vacances. J'ai peur de mes finances, de mon mémoire de fin d'études. Je savais déjà que je n'étais rien, mais je faisais le minimum vital pour être une vraie personne. Là, j'ai lâché les rennes et je ne suis qu'un poids à la société. Ça fait un mal de chien. Encore.


Je pense au suicide altruiste. C'est terrible. Tuer sa famille avant de se tuer. Monoxyde ce carbone. Flics qui tomberaient sur ce texte, sachez que je suis une fille sage, et qui plus est n'y connait rien au monoxyde de carbone. Et notre centrale nucléaire n'est pas prête d'exploser, même si le vent d'ouest en est m'aiderait.... Et surtout, j'ai peur de la souffrance de la mort. Juste, s'endormir... Je n'arrive plus à pleurer ces deux jours. Enfin je ne sais plus, j'ai pleuré trois jours et demi.


On me l'a fait remarquer à cause de mon maquillage qui coule autant que moi. Je sais plus, les jours, les larmes, l'assèchement des larmes, sais pas. Je ne m'en sortirai jamais, je le sais. Mais il faut que je le vive intérieurement seule. Aucune personne ne peut porter la douleur d'un autre. Aucune personne ne peut comprendre mon moi intérieur. Ma claustrophobie de l'esprit.Le ruissellement de mon cerveau. Les chaînes brisées de mes synapses. L'ouragan de mes idées. Je ne voudrai pas être un oiseau parce que je n'aurai jamais la force de voler aussi longtemps. Je n'aimerai pas être poisson parce que je ne sais que me noyer. Je pourrai être tortue, je suis aussi lente d'esprit.
Mon corps maigri, mais où est l'appétit. Ma gorge est nouée, qui peut délier le nœud pour avaler ces infaminités que l'on nous sert ? 


Parfois je voudrai prendre la fuite et voyager. Parce que je suis très impulsive et phobique de la routine et de l'organisation. Pourtant, je panique si je ne suis pas sous ma couette. Je n'ai que des paradoxes. Les paradoxes sont pourtant inimaginables Ne suis-je qu'une illusion ? La fuite, ce n'est rien. Ils pensent tous laisser leur bagage sur le quai de leur départ. Et puis, là bas, ils plongent encore plus. On ne pense qu'à la fuite, géographique ou mortelle, et le résultat est du pire

  • C'est un bateau ivre, sans gouvernail, sans capitaine, sans port d'attache et sans phare en vue, pris dans la tourmente, dans la tempête de sa vie, celle dont on ressort ou pas.

    · Il y a plus de 8 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

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