Extrait Journal intime (6)
Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké
Un concentré des 40 pages que j'ai écrit lors de mes 3 mois d'hospitalisation psychiatrique en 2013. Un vrai témoignage de bipolaire/borderline. J'ai juste enlevé les passages qui parlait de mon ex ; en respect de mon partenaire actuel. Le fait que le texte soit long peut vous faire fuir ; mais soit ne partez pas et prenez tout votre temps ; soit lisez en diagonale, soit ne lisez pas ;-)
05 août 2013. Neurotransmetteurs, menteurs !
Les toxines me tuent. L'alcool et la clope me mènent à l'assaut final. Mais je veux en finir, alors à quoi bon vos bienveillances ?
Je vous aime. C'est horrible d'aimer. De devoir. Vous me punissez en m'imposant la vie. Je les hais de m'avoir mise en ce monde. Je ne veux pas rester à l'hôpital. Les murs blancs des urgences, les rencontres avec un médecin seulement trois fois en 24 heures. Les draps horriblement angoissants. Les bruits. Les regards rigolards des gens qui passent devant la chambre. La chambre double. L'autre en plein délire à côté. Le rideau qui me cerne. La vue de ma fenêtre de ces milliards de chambres de malades. La culpabilité, je prends le lit à qui ? L'attente, l'angoisse. Je ne veux pas être en hôpital psychiatrique. Même si le moment rassure et te rend dans un autre état, d'une douleur différente et plus calme. La sortie ramène toute la misère à la réalité. Les moqueries des infirmières te hantent. Avoir été infantilisée, la honte. Me cacher. Quand saurai-je tout dire à un psychiatre ? Quand cesseront-ils de me paraître si froids. Pourquoi je suis si incompréhensible pour autrui ? Je me cache derrière une excentricité. L'excentricité, c'est mon paraître vital.
Je suis en sevrage médicamenteux. Ça commence à bien faire. D'une, la pharmacienne n'a pas su déchiffrer l'ordonnance de 20 lignes. De deux, j'ai encore perdu tous mes papiers.
Foutus synapses. Foutue sertraline. Faites votre boulot. Neurotransmetteurs, menteurs ! Je ne vois pas ce qu'il y a de plus à vivre. Voilà, j'ai fait le tour. J'espère que la réincarnation n'existe pas, ou alors que je serai chat. J'attends la comète sur ma tête, ou un nouveau big bang. Si le big bang est une implosion, pourquoi ne nous a-t-il pas arrachés ? Ceci dit, il a réussi son pari sur moi. Je suis arrachée à moi-même.
Dépression persistante ils disent. La définition officielle est « Dépression persistante, sans précision, qui offre droit à l'ALD et la RQTH ». J'aime le sans précision. Comment pourrai-je faire confiance à un psychiatre s'ils sont sans précisions ? Je ne crois aucunement en la psychanalyse, je ne peux donc pas faire plus comme travail sur moi-même. Freud est une erreur. Je ne peux retrouver les causes de cette imprécision. Alors, trouvez-moi une explication cartésienne. Que je déculpabilise. J'ai tous mes droits vu que je vais cohabiter avec elle jusqu'à la fin de mes jours.
Dépression à vie, mais quelle vie ! Je préférerai la douleur physique. Et celle là, je l'ai bien connu aussi. J'ai croisé la mort.
Je n'ai fait qu'un constat cartésien (encore!), qui était un constat d'une seconde (esprit rapide) : Je meurs, j'ai 20 ans et c'est complètement CON.
Je cite Matthieu Lindon : “ On ne voit pas sa vie redéfiler au moment de mourir, (…) on voit soudain sa peur dans toute son ampleur, dans ses dimensions naturelles, la peur de toute sa vie “. Et oui, c'est juste ça. Qui peut croire qu'une vie entière défile en une seconde ? Tu n'as que le temps de constater.
Je crois que je vais m'écraser dans la douleur. Je panique de ce vide qui m'aspire au présent. Comment je vais tenir jusqu'au 7 août ? Anniversaire de mon frère, rendez-vous chez la psychiatre. Trop loin. J'ai peur. J'ai peur de mes capacités à me détruire. Je n'ai pas envie d'entendre les sirènes de l'ambulance. J'ai soupé.
Le style très heurté met encore plus l'accent sur le vagabondage de tes pensées, sur la confusion qui règne dans ton esprit à ce moment-là. Comme cette expérience fut terrible !
· Il y a plus de 8 ans ·Sy Lou
Tant mieux, car plus tard, lorsque tu reprendras tes notes, tu seras surprise de ce que tu as vécu, tu n'en croiras pas tes yeux. La mémoire adoucit les angles, avec les années, et il est parfois bon de se rappeler certaines épreuves, pour ne pas oublier d'où l'on vient et rester debout face, encore et encore...
· Il y a environ 8 ans ·Sy Lou