Extrait n° 2 - Cent Mille

Fabrice Lomon

Oh elle avait trop envie, vraiment trop, maintenant. Elle releva sa jupe, fit valdinguer sa petite culotte, sortit mon truc et s’y planta ; enfin tenta de s’y planter. Cette fois ma chérie allait user d’autres stratagèmes pour en venir à ses fins ; s’énerver, pester, me morigéner était vain, et la belle le savait. Elle exécuta alors une sorte de roue, un peu comme un paon, avec son cul, et j’avoue avoir ressenti quelque chose qui ressemblait alors à une érection sans pourtant que rien ne se passe sous la ceinture ; l’avait-elle deviné, qu’elle se pencha vers moi, et glissa son visage encombré de sa chevelure, et entreprit de s’affairer avec la délicatesse qu’on donne à un sucre d’orge. Et ma foi, le savoir-faire et la volonté furent salués de retour car je vis devant mes yeux ébahis, fière et droite tout d’une pièce, celle-là même qui sans préavis s’était mis en grève. Comme une ouvrière zélée au milieu de la ruche, Esther me turlutait avec maestria. Comme la plus belle des tortures, je sentais monter en moi ce mal exquis qui inexorablement nous conduit à la fin, à la mort, fut-elle petite. Je laissais longuement ma copine faire son œuvre de va et de vient, quand je vis autour, partout autour tournoyer des faisceaux lumineux ; désordonnés comme le laser d’un night-club. Je tentai d’en toucher deux mots à l’ouvrière, mais studieuse elle ne lâchait pas la tâche ; le gout du travail bien fait, en fait.

Il y a des voyeurs, je crois, fis-je. Laisse les mater fit-elle en tendant son cul vers la vitre. J’entendais bien quelques bruits sourds, quelques voix lointaines, mais j’étais pris au piège, je ne pouvais plus rien faire. C’est vrai pensai-je c’est par la queue qu’on nous tient.

On frappa à la vitre : Police, Police (deux fois !). Les flics, Esther ! On s’en fout, on s’en… ah !

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