Eyve
Caroline Audouin
Eyve était sous cette douche depuis un quart d'heure et fixait ce gant accroché aux robinets depuis 5 bonnes minutes. C'était le cinquième qu'elle voyait de son existence. Pouvoir se rappeler des gants de toilette qu'elle avait eu la déprima un peu plus. Ainsi devait donc passer sa vie, entre sa chambre et cette douche, comme il a toujours été aussi loin qu'elle se souvienne. L'eau se tarit. Elle eut un peu froid et comme souvent un peu peur. Ce sentiment ne la quittait presque pas ces derniers temps. Elle s'enveloppa dans une serviette, se sécha en donnant des coups d'œil rapide et précis autour d'elle. Ils l'observaient, elle en était sûre. Le coup de sifflet, signal pour qu'elle mette le bandeau noir sur ses yeux, arrivait toujours alors qu'elle était habillée. Jamais avant. Jamais longtemps après. Tout une vie réglée aussi bien n'était pas dûe au hasard, Eyve n'y croyait pas. Eyve qui pourtant ne connaissait rien de la vie … Le coup de sifflet arriva sans qu'elle n'ait pu repérer la moindre caméra aux murs. Elle serra le bandeau autour de sa tête. Vêtue d'un pantalon et d'un tee-shirt, comme toujours, elle attendit. La porte s'ouvrit. Une des « ombres » entra « Tout va bien, Eyve ? » demanda une voix masculine. « Oui. » Il lui prit la main. Elle fit quelques pas en aveugle, guidée par cet homme et il la lâcha. La porte en bois se referma en grinçant. Un autre coup de sifflet. Elle put retirer le bandeau.
Comme à chacun de ses retours de la salle de bain, son lit était fait, l'air était imprégné d'une odeur de détergent et la porte des toilettes était ouverte. Un haut-parleur situé au dessus de la porte commença à diffuser doucement la musique habituelle. Une musique gaie. C'était la seule chose pour laquelle Ils lui avaient demandé son avis. Ses yeux se tournèrent vers la fenêtre fermée. Eyve pouvait voir à travers les barreaux un minuscule jardin muré au milieu duquel il y avait un arbre qui n'avait jamais de feuille, jamais de fruit. Un jardin au sol terreux sans fleur ni herbe. Non, pas un jardin ni un arbre comme les images de l'ordinateur. Ses yeux se remplirent de larmes. Elle avait aimé parcourir les DVD-ROM et découvrir le monde extérieur. Il lui avait appris tellement de choses sur le temps, le vocabulaire, les mathématiques. Et pourtant il lui restait tellement à apprendre. Mais un jour, en revenant de la salle de bain, il avait disparu de la table. Des livres, des crayons et des gommes le remplaçaient. Elle put lire sur l'un des ouvrages « Initiation au dessin ». Dessiner quoi ? C'était ridicule ! Elle avait supplié devant la porte qu'on lui rende l'ordinateur, elle avait pleuré. Aucune réaction de Leurs parts. Tout cela était tellement injuste. Pourquoi ?? Des larmes lui coulaient maintenant sur les joues. Elle s'assit sur le lit, prit sa tête entre ses mains, les coudes posés sur les genoux, et pleura. Doucement, sans bruit. Elle ne pouvait plus s'arrêter. Ses mains essuyaient maintenant ses yeux frénétiquement. Anarchiquement, le bruit de ses sanglots emplirent la pièce puis se transformèrent peu à peu en un mot distinct. « Pourquoi ». Elle regarda la porte à travers ses larmes. La tristesse envahit son corps tout entier. Son esprit eut un déclic, cela ne pouvait plus durer. Sans qu'elle ne puisse le contrôler, ses jambes se tendirent pour la mettre debout et la jeter contre la porte. Ses mains, ses avant-bras, ses pieds se mirent à la frapper, accompagnés de cris et de pleurs. Elle avait perdu pied. Un coup de sifflet retentit, Eyve n'était pas en état de l'entendre, un autre retentit, plus long, plus fort et il reçut la même indifférence. Derrière la porte, Ils s'agitaient, lui disant de se calmer puis lui hurlant de s'éloigner de la porte. Elle ne le fit pas. Ils essayèrent d'ouvrir la porte avec précaution, mais la violence des coups d'Eyve les résolut à être plus ferme, la projetant par terre, toujours hurlante. Bien qu'ils étaient trois, Ils eurent du mal à la maîtriser pour lui faire une piqûre anesthésiante. Pendant quelques secondes, ses yeux purent se poser sur Leurs visages, Leurs teints marrons, Leurs paupières couvertes de boutons. Eyve hurla encore plus fort, puis ses muscles bandés se relâchèrent.
La furie fit place au brouillard. Et ce brouillard se peupla de visions du passé.
Avant, avant, quand elle n'était qu'une petite fille..... Assise sur une chaise, elle avait les yeux bandés. « - "Chau-ssu-res" lui répétait une voix féminine. - Ça serait peut être plus facile si elle voyait tes lèvres bouger » dit une voix masculine. « - Non, le conseil en a décidé ainsi. Elle penserait quoi ? Puis arrête ! On parle pas de ça devant Eyve, sinon on va être puni sévèrement, tu le sais !" - Oui, je sais ... Mais merde, c'est qu'une gosse" - FERME LA ! Eyve, on reprend. Répète après moi « chau-ssu-res » - Saussures ! - C'est pas gagné....." Dans le brouillard, Leurs yeux clignaient, Leurs bouches sans lèvres articulaient des mots inaudibles. Puis un autre souvenir surgit. Elle a un peu grandi et se trouve dans la salle de bain, un bandeau autour des yeux. Une voix autoritaire derrière la porte lui expliqua « - Eyve ! Tu seras seule et sans bandeau désormais pour te laver. Tu es assez grande maintenant. Quand tu entendras le sifflet, tu pourras ôter le bandeau. Pas avant, surtout pas avant ! Tu mettras les habits sales dans la panière. Une tenue propre est posée sur un cintre. Quand tu seras lavée et habillée, tu remettras le bandeau au coup de sifflet. - Pourquoi au coup de sifflet, vous pouvez pas me le demander à travers la porte ? - Question de sécurité » Question de sécurité ... Ces mots résonnaient dans le brouillard d'Eyve. Un jour, assise sur son lit, elle dessinait pour la énième fois l'arbre. Bercée par la musique, elle jetait des coups d'œil rapide au jardin pour capter la lumière du moment. Elle jetait des coups d'œil et son regard se figea. Il y avait quelqu'un dans le jardin ! Elle bondit contre la fenêtre mais n'eut le temps de ne voir qu'une ombre projetée en l'air en même temps qu'un morceau du sol. Une….mine ? Les volets électriques se fermèrent dans un fracas. Elle n'en verra pas plus, distinguant à peine le bruit de lutte et les voix que couvrait la musique. Cela dura, dura, puis enfin, le volet se releva. L'arbre était toujours là mais le sol n'était plus lisse comme avant. Une voix derrière la porte lui déclara « Tout va bien, cela ne se reproduira plus ! » Eyve demanda, inquiète et intriguée « Mais c'était quoi, ça ? » elle reçut en réponse un silence puis une petite voix glissa un « Des ennemis » suivi d'autres voix qui la grondaient en sourdine. Eyve savaient qu'elle n'aurait pas d'autres réponses. A un retour de salle de bain, Eyve avait lancé un « Bonjour ! Ça va ? » à la main qui la guidait. Pas de réponses « Si vous me ramenez tous les jours dans ma chambre, on peut au moins parler un peu, non ? » Pas de réponses . « Heu…Je pense que ça serait un peu plus sympa !! ». La « main » chuchota dans un souffle « On peut pas être sympa, c'est trop dangereux pour vous ». Surprise, Eyve chuchota un « Pourquoi ?» mais c'était trop tard. La main devait la lâcher. Elle était dans sa chambre.
Le brouillard se dissipa un peu. Eyve était sur son lit, sur son ventre. Quelque chose lui mouillait la joue. Elle avait bavé. Sa tête était lourde, enfoncée dans son coussin. Elle essaya de la relever, puis la laissa retomber. Elle ne sentait plus son corps, elle flottait au-dessus de son lit. Ils avaient coupé la musique et l'idée qu'elle voulait les remercier pour ça la fit rire. Elle riait « Merci, c'est très prévenant ! » lança-t-elle dans la chambre. Elle repensa à Leurs visages et à ceux qu'elle avait vu sur l'ordinateur, plus semblables à ce qu'elle voyait chaque jour dans le miroir de sa salle de bain. « Vous êtes moches, mais très prévenants ! ». Elle ria de plus belle. L'effet de l'anesthésiant ne s'était pas totalement dissipé, elle s'en rendait compte. Un calme abrutissant l'habitait entièrement. L'envie d'aller aux toilettes la motiva à se lever. Après de gros efforts, elle s'assit au bord de son lit, non sans avoir du mal à garder sa tête droite. Son regard se posa sur la bouteille posée sur la table de chevet. Elle se versa un verre d'eau en en mettant la moitié à côté, but en s'arrosant le tricot, reposa le verre en ratant presque la table puis se leva d'un coup pour se diriger vers les toilettes. Elle poussa la porte, fit un pas et chuta lamentablement entre le lavabo et le w.c.. Son menton et son coude gauche devinrent douloureux mais…. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise : son oreille qui se retrouva collée au mur entendait des voix, Leurs voix ! Son esprit fut tout à coup plus en alerte, elle distingua une conversation. Voix 1 : « Ça suffit, maintenant, ça sert à rien, tout ça, faut lui dire ! Voix 2 : « Et si elle ne veut pas ? Et si un infiltré lui retourne le cerveau ? Voix 1 : « On change les équipes chaque semaine, on contrôle leurs familles, leurs amis, merde, elle a le droit de savoir et après tout, le droit de refuser ! Voix 2 : « Jack ! FERME LA ! On peut t'exécuter pour avoir dit ça ! C'est de l'avenir de l'humanité, là, dont on parle !! » Les voix se turent. Eyve se releva doucement, le corps endolori par la chute. Plus besoin de s'asseoir sur les toilettes, c'était trop tard. Elle alla taper à la porte de la chambre et cria « Me suis faite pipi dessuuuus, s'il vous plaît, je peux avoir d'autres habits ? » Des pas s'approchèrent. « - Eyve, es-tu calmée ? - J'ai même pas réussi à atteindre les toilettes à temps, vous croyez que j'ai la force de vous sauter dessus ? » Derrière la porte, Ils rirent. Un coup de sifflet retentit. Elle mit le bandeau, entendit la porte s'ouvrir, sentit une main saisir son bras. « - Faudrait changer mon coussin, votre piqûre m'a fait baver. - Ok. - Merci, Jack ! » La main qui lui tenait le bras se serra brusquement « Quoi ? » Eyve répéta en articulant exagérément « Mer-ci, Ja-ck ! » La main la repoussa dans la chambre et la porte se ferma en claquant. Les pas et un bruit de dispute s'éloignèrent de la porte. Il n'y eut pas de coup de sifflet, alors elle resta là, trempée et les yeux bandés. Elle fit quelques pas en arrière pour toucher son lit, et s'assit dessus. Elle n'osa pas ôter le bandeau, elle était conditionnée et pensa que peut-être, l'un d'Eux était dans la pièce pour la surveiller en silence. « Y a quelqu'un ? » Silence …. « Y A QUELQU'UN ? HOU HOU ! » Silence …. Eyve se retenait pour ne pas se lever et retourner écouter dans les toilettes. Elle trépignait. Son corps hésitant se tortillait nerveusement. « Non, sérieux, dites-le si y a quelqu… » La porte s'ouvrit brusquement, raidissant le corps d'Eyve. Des pas. Ils étaient plusieurs. Elle entendit qu'Ils déplaçaient sa chaise et que l'un d'Eux s'assit en face d'elle. Elle pouvait prendre sentir sa respiration. Ses inspirations et expirations étaient rapides et bruyantes. Eyve eut comme souvent un peu peur. Sa bouche se plissait, prête à gémir. « Comment connais-tu Jack ! » Ce n'était pas une question, c'était l'ordre de donner une information. Eyve bégayait de stress « Je…. Je ne connais pas Jack ! » Un poing tapa sur la table « Dis-nous comment tu sais que l'un de Nous s'appelle Jack ! Qui t'a parlé ! Quand ! » Du couloir, un cri vint « Je vous jure que je ne lui ai pas parlé ! Demandez-lui » Eyve entendit des pas dans sa chambre et la porte se refermer. Elle tremblait comme une feuille « C'était quoi, ça ? Pourquoi il ne faut pas me parler ! » Elle sanglota « C'est quoi ce bordel …. - Ça, c'est Jack qui dit qu'il ne t'a jamais parlé et on ne peut pas le croire ! » Eyve sentait le souffle de son interlocuteur lui fouetter le visage à chaque mot qu'Il criait « Tu sais son nom, que sais-tu d'autre ! Que t'ont dit les Fatalistes ! - Les …. Les quoi ? - N'essaie de protéger personne, Jack est déjà en route pour être exécuté. - Exécuté ? Mais … Mais …. Je… Je…. » Eyve ne savait plus que dire. Elle agita vainement les bras comme pour matérialiser des mots, et finit par sortir dans un filet de voix « Je suis tombée dans les toilettes …. Mon oreille s'est retrouvée collée à un mur … J'ai entendu une conversation …. L'un de vous a prononcé le nom de Jack …. - Quoi ? Va vérifier ! » Eyve entendit des pas, la porte des toilettes qui s'ouvrait. « C'est pas vrai ! on entend tout !! Jack ! » Les pas se mirent à courir, la porte de la chambre s'ouvrit et claqua. La respiration en face d'Eyve se fit plus brève.« Qu'as-tu entendu d'autre ? » Elle secoua la tête. Ses pensées furent tout à coup très limpides. D'un geste sûr, elle enleva son bandeau, planta son regard dans le sien. « Puisque ce que c'est si important pour vous de le savoir, bah il va falloir d'abord répondre à mes questions ! » Il écarquilla les yeux à s'en exploser les paupières. C'était à son tour de balbutier « Je…Non ! … Le bandeau » Elle eut un sourire au coin de ses lèvres « Va donc demander quoi faire au Conseil ! » Il balbutia, se tortilla sur la chaise, puis bondit vers la porte qu'il claqua en sortant. Eyve se retrouva remplie d'un sentiment qu'elle n'avait jamais connu. Elle alla contre la porte et cria « je veux prendre une douche et des habits propres ! » Pas de réponse. Elle se dirigea vers les toilettes pour écouter au mur. Plus rien, pas un bruit. Elle enleva son pantalon souillé, se fit une toilette sommaire au lavabo à l'aide d'essuie-mains. En tee-shirt, elle s'allongea sur son lit et réfléchit à toutes ces nouvelles informations. Qui et comment étaient les Fatalistes ? Dans la norme comme elle et les humains qu'elle avait pu voir sur les cd roms ou comme Eux ? Ils étaient Leurs ennemis mais pour elle ? Elle déciderait plus tard qui étaient bons ou mauvais. Puis il y avait un Conseil qui décidait …. Ils avaient parlé d'avenir de l'humanité …. Une douleur envahit la tête d'Eyve. Elle se tourna sur le côté pour la calmer et réussit si bien que ses yeux se fermèrent doucement, elle lutta, ses paupières se firent lourdes ….
Dans le brouillard de son sommeil, elle tapait à la porte, personne ne répondait. Elle tapait, tapait de ses deux mains en vain. Son corps se laissa glisser le long de la porte, elle se recroquevilla en pleurant. Les bruits des coups retentissaient encore. Ce n'était pas contre du bois qu'on cognait. Ses yeux s'ouvrirent. C'était contre la fenêtre qu'on cognait. Eyve tourna la tête et vit une main passée entre les barreaux marteler la vitre. Stupéfaite, elle alla l'ouvrir et vit au bout du bras, un être semblable à Eux qui tremblait et parla très vite. « Je vais le faire ! C'est moi haha comme ça, plus de problème hein ! j'savais qu'un jour, y aurait une faille dans la surveillance haha depuis tout à l'heure, tout le monde court dans tous les sens, je sais pas pourquoi hahaha» Son bras se retira des barreaux pour aider l'autre à soulever un bâton d'acier. Eyve ne savait pas ce que c'était. « T'es… un Fataliste ? ». Il ria « Pas un Fataliste, le futur héros des Fatalistes ! Ouais ! Mon nom écrit dans l'histoire à côté du tien, Eyve ! » Avant qu'elle prononce un autre mot, un énorme bruit sortit du bâton d'acier. Une douleur atroce à l'épaule gauche la projeta en arrière. La porte de sa chambre s'ouvrit brusquement. « Merde ! Alerte maximum ! Appelez les médecins ! viiiiiiiiite »
Orson, le président du Conseil, se tenait debout devant Eyve, allongée sur un lit de chambre d'hôpital sommaire. Du haut de ses 20 ans, elle avait le poids du futur sur son épaule. Il restait pensif devant son visage lisse et rose, ses paupières fermées bordées de longs cils, son nez si fin sous le masque à oxygène, cette symétrie parfaite qui n'était plus la norme lui était si …. dérangeante ! Il pensa aux Fatalistes, qui ne voulaient pas donner de seconde chance à l'humanité après la dernière catastrophe nucléaire, il pensa à la presse et se demanda si cet attentat devait être connu du public ou pas. Il pensa à Aydam qui, caché dans un autre blocus, savait ce qu'il l'attendait, il pensa…. qu'il était temps de réveiller Eyve. « Eyve » Ses paupières sursautèrent un peu. « Eyve, réveille-toi ! ». Ses paupières s'ouvrirent brièvement puis sa tête se tourna vers Orson et elle le fixa. « Eyve, n'essaie pas de bouger, on t'a retiré une balle de ton épaule. Dans quelques jours, ça ira mieux. » Eyve essaya de parler mais le masque déformait ses paroles. Il lui ôta aussi délicatement que possible. Elle toussa un peu en grimaçant de douleur. « Qui es-tu ? Pourquoi on m'a tiré dessus ? » chuchota-t-elle, encore groggy par l'anesthésie. « Je m'appelle Orson, je préside le Conseil du Nouveau Départ. j'ai beaucoup de choses à te dire. Mais tu dois d'abord te reposer. Quand tu seras sur pied, je te dirai tout ce que tu veux savoir, dans les moindres détails et tu pourras poser toutes les questions que tu veux. Cela te va ? » Eyve acquiesça de la tête puis sanglota « Après, je devrai retourner dans ma chambre toute seule ? » Orson eut de la peine pour elle. Quelle dure vie avaient-ils du la faire mener pour protéger la possibilité d'une nouvelle humanité. « - Non, Eyve, plus jamais. » Il s'obligea à sourire, elle fit de même. Eyve riait dans sa nouvelle chambre.
C'était aujourd'hui qu'elle allait rencontrer Aydam, son futur mari si tout se passait bien. Elle eut un moment de crainte. Si il était laid ou qu'ils ne se plaisaient vraiment pas, comment allaient-ils faire pour procréer des enfants non irradiés. Orson lui avait expliqué qu'elle pourrait être inséminée artificiellement mais que les chances d'avoir une génération résistante aux radiations légèrement ambiantes dans les blocus étaient supérieures par voie naturelle. Pour l'instant, son rôle était de réajuster sa coiffure et sa tenue choisie avec soin pour la rencontre qui se ferait devant les caméras. Le peuple avait tant hâte de voir ça ! Des écrans avaient été placés partout pour que personne ne rate l'événement. On tapa à la porte. C'était Jack qui venait la chercher. « Eyve ! Tu es prête ? Tout le monde t'attend ! » « Oui, j'arrive ». Surexcitée, elle donna un coup d'œil rapide au miroir et alla ouvrir la porte. « Jack, t'en dis quoi ? Comment tu me trouves ? » Il la regarda d'un air désespéré « - Tu as le nez trop droit, les yeux pas assez globuleux et la peau trop rose. Tu es moche ! - Tu es méchant avec moi ! - Ouais … J'ai failli mourir à cause de toi, c'est ma vengeance ! » C'était comme ça à chaque fois qu'ils se voyaient, chamailleries et boutades. Ils parcouraient le couloir qui les amenait à la salle du Conseil. «- Si tu râlais moins, j'aurai jamais entendu ton nom ! - On aurait dû te faire exposer derrière une vitre et faire payer la visite, les parents auraient dit à leurs enfants que tu étais le croque mitaine. - Un peu respect, s'il te plaît, je suis l'avenir de l'humanité, moi ! » Ils calmèrent leurs rires en s'approchant. Orson les attendait. «- Bonjour, Eyve, pas trop stressée ? - Bonjour, Orson. Jack m'a détendu, heureusement. - Bien. Il faut y aller sans tarder. Tout le monde attend. - Y a beaucoup de monde ? - Non, juste Aydam, deux autres membres du conseil, les caméras et moi. Respire, ça va aller. » Orson ouvrit la porte. Eyve se tourna vers Jack, un peu paniquée. Il lui prit la main et lui dit « ne t'inquiète pas, quoiqu'il arrive, je serai là pour toi. » Elle lui sourit, entra dans la salle et elle le vit. Aydam était grand, Aydam était beau. Elle sentit dans son cœur une chaleur. Il s'approcha d'elle et ils se regardèrent dans les yeux. Le silence régnait, à peine rompu par le mouvement des caméras qui tournaient. Aydam parla le premier «- Bonjour - Bon… bonjour » Orson les prit par les bras et les tourna vers les projecteurs. « - Mes chers concitoyens, voici donc venue l'heure de recréer ce que nous avons défait, de rebâtir ce qui a été détruit, de donner à l'avenir un Nouveau Départ ! De nombreuses personnes voulaient renoncer, punir l'humanité pour ses fautes passées en se disant « à quoi bon ? », à quoi bon recommencer si c'est pour retomber dans les même travers ? Nous leur donnerons tort et nous enseignerons aux enfants des « purs », d'Aydam et Eyve et aux nôtres de vivre dans l'harmonie et l'union, le partage et la solidarité. Ensemble, nous serons le monde tel qu'il n'a jamais été ! » les autres membres du conseil applaudissaient tandis qu'Orson prit les mains des « purs » pour les joindre l'un à l'autre. Instinctivement, ils s'approchèrent l'un de l'autre et se prirent dans les bras. Eyve chuchota à l'oreille d'Aydam « C'est énorme, tout ça, ce qui nous arrive » Aydam serra encore plus ses bras autour d'elle et susurra entre ses dents. « Surtout ne dis rien, fais comme si ne rien était mais autant que tu le saches : il ne se passera rien …. À quoi bon ! » à suivre ……
super!
· Il y a plus de 7 ans ·un coté divergente/ the island.
en toute prevenance ^^
Hi Wen
merci :)
· Il y a plus de 7 ans ·Caroline Audouin
par contre, des sauts de paragraphes, ce serait pas de refus
· Il y a plus de 7 ans ·Hi Wen
c'et rectifié merci ! le copier coller ne les a pas conservés :)
· Il y a plus de 7 ans ·Caroline Audouin