Famille Mosaïque

madame-c

Réflexion sur la recomposition familiale

J'ai deux enfants. De deux pères différents. Je suis mariée. Mon mari n'est le père d'aucun de mes enfants. Et nous envisageons d'avoir un enfant ensemble.

Cela fait déjà pas mal de noms de famille à mettre sur la boîte aux lettres. Lorsque le facteur habituel part en vacances, son remplaçant a de quoi s'arracher les cheveux.

Il y a de quoi s'y perdre aussi au moment de remplir les formulaires de début d'année scolaire, même pour moi, alors je vous laisse imaginer pour les services administratifs ! 

J'ai la garde entière de mon premier enfant, en revanche mon numéro 2 est en garde alternée.

Il faut donc aussi jongler avec les week-ends chez le papa du Numéro 1, de façon à ce que les deux frères ne soient pas en décalé. Il me semble en effet très important de préserver ces temps, ensemble, dans notre maison, tous les 4 réunis.

Sans compter les changements de rythme scolaire : Numéro 1 a école le samedi matin et Numéro 2, le mercredi matin…

Quand numéro 1 est seul à la maison, il se plaint que numéro 2 lui manque. Pourtant, il sait aussi bien profiter de ces moments « tranquilles » sans petit frère collé à ses baskets. Quand numéro 2 rentre, il est très exclusif avec sa maman, au moins pendant 2 jours. Quand numéro 2 rentre, c'est la fête, tout le monde est content de le retrouver. Quand numéro 2 est installé, les moments de complicité entre les 2 frères alternent avec les injures et les plaintes. Mais ça c'est comme ça dans toutes les familles normalement constituées, non ?

Dans cette famille-là, le beau papa est formidable. Il est investi corps et âme pour ce trio qu'il a intégré sans y être vraiment préparé ! Il câline, cuisine, conseille, fait rire, accompagne et récupère…un vrai papa quoi.

Dans cette famille-là on se pose beaucoup de questions. Beaucoup plus que dans d'autres ?

Est-ce que nos choix sont les bons ? Est-ce que la garde alternée est vraiment la meilleure solution pour l'épanouissement de Numéro 2 ? Est-ce que ça a des répercussions sur numéro 1 ? Et quand il y aura un numéro 3, la garde alternée sera-t-elle toujours la solution ? Numéro 2, ne souffrira-t-il pas plus d'être le seul à devoir quitter sa chambre (et la laisser aux bons vouloir de la fratrie…), une semaine sur deux ? Ou au contraire, ce rythme lui permettra-t-il de souffler un peu et de mieux profiter des semaines en commun ?

Même si ce n'est pas toujours très simple, même s'il y a beaucoup de questions, j'aime cette famille, j'aime cette géométrie variable, j'aime cette faculté d'adaptation et de tolérance qu'elle inculque à chacun de nous, j'aime ces retrouvailles, j'aime ces petits moments privilégiés avec chacun de mes enfants et ces quelques soirées en amoureux, que ce rythme de fou permet quand même.

Ça ne m'empêche pas de détester les séparations d'un vendredi matin sur deux, les conflits latents qu'il faut gérer, les négociations perpétuelles pour  tout et n'importe quoi quand ça ne se passe pas bien avec l'ex  et cette question récurrente «comment faire pour que mes enfants ne pâtissent pas de mes choix de vie et mieux, qu'ils en sortent grandis ? »

Alors, on dit que ce genre de recomposition familiale existe de plus en plus. Pourtant quand je regarde autour de moi, nous faisons quasiment figure d'exception. Presque tous mes amis vivent sous le schéma dit « classique ». Dans la classe de Numéro 1, ils sont 2 voire 3 à vivre dans des familles recomposées. Quant à l'école de Numéro 2, notre famille y fait figure d'exception.  C'est simple, il est le seul enfant de l'école maternelle dans ce cas ! A la rentrée, faire comprendre  à l'administration qu'il fallait envoyer tous les documents en double (au papa et à la maman), a été un vrai parcours du combattant. Et je ne parle pas du fait qu'il est impossible de scinder la facture des frais de cantine en fonction du planning fourni car « vous êtes le premier cas, et le logiciel n'est pas configuré pour ça ». C'est sans doute une manière détournée de forcer les parents à se parler…dans ce cas, c'est sans doute pas plus mal…. Cela dit, de manière générale, serait-il possible d'envisager de nous simplifier, un peu, la vie au lieu de nous la compliquer davantage ?

Pour l'instant, ni Numéro 1 ni Numéro 2, ne s'est plaint de cette « différence ». De toute façon, je les éduque dans la culture de l'acceptation de la différence, quelle qu'elle soit.

Pourtant très prompts aux questionnements existentiels, je pense que leur absence de questions sur ce sujet est signe de leur équilibre. La situation ne les fait pas souffrir, donc elle ne leur pose pas question.

Si un jour ils me demandent, je leur parlerai de choix de vie, de recherche d'un certain idéal, de dépasser la médiocrité, de valeurs que j'ai voulu leur transmettre et surtout d'amour.

Je leur dirai que l'amour comme la vie est à géométrie variable, que l'amour de la vie et la foi en elle, a toujours dicté mes choix.

Je leur parlerai de cet amour immense qui abreuve notre famille élargie, hétéroclite mais au bout du compte très homogène. 

 

Signaler ce texte