Faune ferroviaire

Aurelien M

Ma vie est formidable n°3, petite tranche de vie...

Je vous ai déjà dit que je détestais les transports en commun?
…Ah oui je vous l’ai déjà dit… Bon…

J’ai eu l’immense chance récemment de profiter d’une action syndicale des conducteurs de train qui m’a permis en quelque sorte de me familiariser un peu plus avec ce charmant transport en commun qu’est le train… Une sorte de rendez-vous en terre inconnue qui a duré un bon quart de journée…


Dans les trains on croise tout une petite faune de personnes, on les appelle les usagers. Il y en a de toutes sortes et on peu aisément les catégoriser sous différentes appellations…

Il y a l’autochtone;
celui qui semble avoir fusionné avec sa place, il est déjà dans le train quand on entre et y reste dans quand on en sort. Il vit dans le wagon, son domicile s’étend sur 2m², ses deux sièges qu’il occupe et la petite tablette en face. Imperturbable, il a une pile de journaux, son café, sa bouteille d’eau, un sac de voyage et son laptop allumé à coté de lui. Il lit, tapote quelques truc sur son clavier, il ne calcule rien ni personne à part son espace vital.
Il y a parfois de la chance de le recroiser lors du voyage retour.

Les étudiants;
Composés en majorité de lycéens et de collégiens, ce sont souvent les plus intéressants à écouter. Ils se complaignent de leurs cours et de leurs vies compliquées d’étudiant. Généralement en groupe, ils débatent sur des réformes utopiques du système scolaire. Voici quelques florilèges de thèmes abordés à titre d’exemple (traduit en langage courant pour une meilleure compréhension) :

-"Tu sais ce qu’il serait bien? que les cours commencent à 10h, pouvoir dormir quoi!"

-“Sérieusement pourquoi on étudierait pas des math plus utiles? t’as déjà vu quelqu’un dans la rue faire des cotangentes?”

-“Sérieux l’histoire, j’ai rien contre mais on pourrait quand même voir des trucs plus récent, fin je veux dire avec les jeux vidéo maintenant tu connais déjà tout, la Renaissance? hop! Assassin’s Creed 2, la seconde guerre mondiale? paf Call of Duty c’est bon quoi… Je te le dis les jeux vidéos ils ont tout compris, il parlent de conflits armés modernes qu’on voit même pas au cours d’histoire !”

L’usager sociable;
C’est celui qui se sent obligé de parler à tout le monde, même si son interlocuteur est plongé dans une lecture ou en train d’écouter de la musique. Reconnaissable à sa phrase d’entrée:

"C’est bien le train pour [nom de ville] ?"

Ça doit faire plusieurs arrêts qu’il est dans le train donc logiquement oui, il est dans c’est le bon mais il utilise cette phrase rhétorique pour entamer la discussion.

Le mélomane;
Amateur de grande musique (relatif), il l’exprime de plusieurs manières, soit doté d’écouteur il laisse son corps s’emporter sur le rythme de sa mélodie préférée, soit en chantonnant des parties de couplet, voire des parties de mots ou alors il est philanthrope et partage sa musique avec tout le wagon.

Le râleur;
C’est celui qui s’est levé du pied gauche, oui, celui là bas au fond du wagon, qui se dandine sur son siège parce qu’il est toujours mal mis dessus, celui pour qui rien ne va aujourd’hui, pas de réseau, la tablette est bloquée, il a pas de place pour ses jambes, il râle quand le train s’arrête dans une gare où le quai est vide, il râle parce qu’il va être en retard et maudit le président de la société des chemins de fer et l’inventeur des trains…

L’usager qui s’invente une vie;
Presque semblable à l’usager sociable à ceci près qu’il se sent obligé de vous raconter sa vie rocambolesque qui, bizarrement ne colle pas avec l’individu que vous avez en face de vous, vie qui tournera souvent autour de la com’, du marketing, des états-unis, de conflits d’intérêt avec sa famille et de sa sur qualification qui l’empêchent de s’accomplir dans sa carrière, de la crise et de plein d’autres sujets qui rendent le voyage encore plus long…

L’artiste;
Comme tous les artistes, il créer par l’écriture, le dessin, l’infographie,…
Il y en a deux sortes, celui qui créer dans son coin, tranquillement, puis il y a celui qui veut qu’on le remarque, il étale ses créations nonchalamment sur la tablette, en direction des autres usagers, griffonnant quelques choses sur un carnet ou une feuille de dessin, fixant tout le monde autour de lui en attendant un retour, un regard pour engager une discussion en rapport avec son art…
Quand cela fonctionne, se référer au point précédent.

Le train est quand même un lieu d’échange, souvent à sens unique, passionnant…

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