faut-il s'en réjouir ?

Ghyslaine Bobillier

Ce matin nous apprenons la mort de l’homme le plus recherché sur la planète. Les Etats-Unis explosent dans la liesse. Comment expliquer de telles démonstrations ? Peut-on faire le deuil des centaines de victimes des tours jumelles à l’annonce de celui qui en a été l’instigateur ? On a prédit un avant et un après 11 septembre mais existera-t-il un avant et un après Ben Laden ?

J’en doute. A l’inverse d’un dictateur dont le renversement par le peuple soumis est source d’espérance, la mort d’un terroriste ne signifie en rien la fin  des actes ignobles commis au nom d’une idéologie qui se nourrit de haine.

Je ne pleurerai pas la mort de cet homme. En tant que combattant, il connaissait les risques de son engagement. Je ne m’en réjouirai pas non plus. Je pense, en premier lieu, que  nos réjouissances offrent à cet homme des galons de martyr. Sa légende ne tardera-t-elle pas ainsi à s’ancrer dans les mémoires des terroristes islamistes d’aujourd’hui et ceux de demain ? Cette exultation de joie risque d’être vécue par les proches d’Al qaïda comme une provocation supplémentaire dont le seul prix à payer sera le sang : sang de tous les Gesquière et Taponnier  encore dans les mains des terroristes à travers le monde.

Méfions-nous qu’à nos éclats de rire ne répondent les éclats des bombes sournoises et d’autant plus meurtrières. J’aime à croire qu’un jour nous pourrons  pousser des holàs quelles que soient nos croyances politiques, religieuses ou notre agnosie. Son avènement ne pourra se faire que lorsqu’on aura pris le temps de comprendre puis de démonter les mécanismes qui engendrent la misère économique source de misères humaines, morales et terreau fertile des dictatures et du terrorisme.   La misère est une chienlit qui ne se traite pas uniquement sur un pré carré nationaliste mais  nécessite une vision mondialiste. Dans le triste jeu d’œil pour œil, dent pour dent, espérons que le traitement qui est donné à la  mort de ben Laden ne soit pas mauvaise pioche pour l’humanité.

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