« Mademoiselle Yuri je suppose? » J'hochais timidement la tête en guise de réponse. « Bien, on attendait plus que vous, ajouta-t-il dans une légère révérence. Entrez je vous prie ! » Je pénétrais alors dans un immense couloir aux murs blancs. Juste le temps de faire trois pas, je me stoppais net, ayant senti un souffle au creux de mon cou. Cela ne pouvait être que le majordome, mais en me retournant, je ne pus que constater qu'il était resté à sa place, sans bouger d'un pouce. Réprimant mon instinct qui m'ordonnait de fuir, j'arrivais dans une salle aux murs et au sol blanc, tellement éclairée que cela m'en donnait mal à la tête. Au fond, j'aperçus une immense table couverte de victuailles. Différentes personnalités se tenaient là, discutant et rigolant entre-eux. La salle était dépourvue d’œuvres d’art.Un couple s'approcha de moi, je reconnu Xavier Nantie. A seulement 35 ans, il était déjà l'un des avocats les plus réputés du pays. « Vous devez être l'étudiante en art ? Enchanté de faire votre connaissance. » Dit-il en tendant sa main vers moi. Lui rendant son sourire, je lui empoignais la main. « Moi de même, fit-je. Mon nom est Kimiko Yuri. » J'étais, pour ainsi dire, la seule personne ici ne faisant nullement parti des célébrités. Simple étudiante en art, je fus sélectionnée, parmi une centaine d'autres candidats, pour assister à cette exposition, celle d'un artiste qui semblait être fort apprécié, mais dont le nom et l'apparence étaient ignorés de tous. « Depuis quand de vulgaires étudiantes sont invitées à ce genre d’événement ? Répliqua sèchement sa femme d'une voix suraiguë et éraillée par les cigarettes qu'elle devait s'enfiler en masse. Déjà que cela m'ennuie grandement, si en plus on invite une gamine.... » Solange Nantie, mannequin de 26 ans, élancée, les yeux bleus et de longs cheveux blonds décolorés, trahis par ses sourcils noirs. Elle portait une robe bleue, courte et brillante, qui faisait outrageusement ressortir les obus qui lui servaient de poitrine. Ne relevant pas ses déplaisantes remarques, je me concentrais sur les alentours. Je reconnue plusieurs des personnalités présentes: Au fond, une actrice promise à une grande carrière, mais qui c'était abandonnée au bras de la drogue. Un peu plus loin un auteur de space-opera, et à côté un duo de comique : les jumeaux Eddy et Freddy, qui amusait le public depuis 70 ans maintenant. « Mesdames et Messieurs, héla soudainement une voix forte et claire. Je vous souhaite à tous la bienvenue. » Nous nous tournions, comme un seul homme vers sa provenance. « J'espère que vous apprécierez cette exposition, continua le majordome. Malheureusement, le maître aura du retard suite à un imprévu. Il vous invite donc à prendre place à table. » Tous se dirigèrent vers le « somptueux repas ». Imitant la foule, je devinais la curiosité des gens, sur le retard de l'artiste, et plus particulièrement de la curiosité vis à vis de toute cette nourriture. Le repas était, juste, somptueux, un mélange de saveurs et d'odeurs toutes plus exquises les unes que les autres. Chaque aliments baignaient dans ce que ressemblais à de la poudre de biscuits roses, le majordome m'expliqua qu'il s'agissait d'une poudre appelée 7ème ciel qui ne se trouvait pas encore dans le commerce, et qui renforçait la saveur de la nourriture. Les discussions allaient bon train, chacun donnant son hypothèse sur les œuvres manquantes. Des avis entrecoupés par les plaintes diverses et variées de Solange qui racontait sa dernière opération pour se faire blanchir le blanc de yeux. Je me délectais du morceau de bœuf qui décorait mon assiette, le troisième. Mais étrangement, cela ne me convenait plus. Je voulais plus, je voulais une saveur nouvelle.Ensuite, je me rappelle une véritable boucherie: les invités se dévoraient entre-eux. Des gerbes de sang tapissaient les murs, des hurlements de rage et de douleur en fond sonore. J'ignorais combien de temps s'était écoulé. Moi-même je me trouvais en plein repas, les mains plongées dans les entrailles béantes d'un homme. Je vis le majordome approcher, tenant une jeune fille dans ses bras. Elle devait avoir 18 ans. L'homme la déposa au centre de la table, les poignets et les chevilles entravées, de sorte qu'elle ne pouvait fuir. Pour tout vêtement, elle portait un tissu blanc, drapé autours de ses hanches, cachant ainsi une partie de son intimité. Elle semblait si appétissante, si délicieuse. Sa peau blanche tendre et ferme, le désir de dévorer sa chaire m'obsédait de plus en plus. Le peu qu'il me restait de raison m'avait définitivement quitté.C'est ainsi que je me retrouvais à ses côtés, la fixant de mes yeux avides. Mes forces dupliquées, j'enfonçais mes mains au creux de sa poitrine, lui brisant les côtes par la même occasion.Elle poussa un hurlement, je ne le supportais pas. Ce bruit me perçait les tympans. Je lui donnais un violent cou de poing dans sa gorge. Si violent que son hurlement ne fut bientôt plus qu'un râle étouffé.Souriant, satisfaite, je me concentrais sur la poitrine ouverte de la jeune fille, je pouvais voir son cœur battant encore.D'un geste sec et précis, j'arrachais violemment l'organe battant de ses entrailles. Le touché était des plus agréable, du sang bien chaud s'écoulait le long de mes doigts. Tandis que je rapprochais ce cœur de plus en plus prêt de ma bouche, j'aperçus le majordome me fixé d'un sourire cruel et satisfait.Une odeur suave m'emplissait les narines alors que je le croquais enfin...