Fête des losers

Jean Claude Blanc

reportage en France profonde, un an après les municipales, en fin de compte, tous perdants...

                                  Fête des losers

Pas prophétie, bons cons promis  

Ils ont pris une sacrée raclée

Aux élections de l'an passé

Les postulants à la mairie

Mal entourés, que de faux frères

Hommage à leur ministère

 

Cernés de traitres, qui bourrent le mou

Aux électeurs, manquant de bagou

Car vus de près, propos amers

Même s'en méfient, les nouveaux maires

 

Nouvelle équipe est au turbin

A l'avenir incertain

Est éphémère la gloriole

Faut pas les croire sur paroles

Copains, coquins s'échangent leur rôle

Comme toujours un prétentieux

Pauvre ambition, d'un vaniteux

S'est fait élire, comme beau parleur

L'air suffisant, a fait des vœux

Est-il vraiment à la hauteur…

 

Les ex élus, j'ai confessés

Je les croyais francs du collier

Finalement, tranquilles, en paix

De leur fonction, débarrassés

De prendre une veste, rien à branler

 

Dans nos contrées, bien désertées

Y'a pas grand monde, pour se présenter

Pas de pognon, que retraités

Frugale pension, tous assistés

Seulement modique, le budget

 

Récent promu, promet la lune

Tout va changer, dans la commune

« Prédécesseurs, trop dépensiers

Bandes d'incapables, qui veulent briller »

N'en rient que les niais, ces basses insultes

Servies par des blaireaux incultes

  

Témoin de cette actualité

Qui se limite aux faits d'hiver…

Je me contente, d'observer

Les mimes, les tics, des nouveaux maitres

Sont douces, paisibles, nos saisons

En nos régions, seule religion

Boire des canons, aux élections

Sans opinions, se tirent des gnons

Sont contrariantes, nos traditions

« Restés dans l'urne », honte sur eux

Déjà se dédouanent, les orgueilleux

Les tenanciers, de France profonde…

Mission précaire que d'être édile

A la tête d'une bande de serviles

Boss du pays, ne gagne guère

Juste un ruban, à boutonnière

 

Tellement avides, administrés

D'être servis, mais en premier

Car après tout, ils ont voté

Ne veulent pas se faire entuber

Diseurs de bonne aventure

De tout promettre, gaffe au futur

Si ça plait pas, à leurs augures

Ils vont en prendre plein la figure

 

Observateur, juste par nature

Celle des Hommes, n'est plus très sûre

Ça suffit pas, la fière allure

Faut en avoir, sous la ceinture…

 

En mon lieu-dit, « les sapins bleus »

Chacun défend ses intérêts

Le nouveau maitre patenté

Encore tout frais, se prend au jeu

 

Fête des losers, moi, je préfère

Sitôt élus, c'est la galère

Les rites du coin, il faut s'y faire

Il y a des risques, de commentaires..

De tracts odieux, pas de mystères

N'insultent que ceux qui les profèrent

 

Citoyenneté, présent péril

Tous solidaires, pour la resquille

Chacun pour soi, son bout de lard

Parcelle de bois, juste territoire

 

Dans nos villages, usines à gaz

Il est d'usage, même préférable

De préserver nos avantages

L'indépendance, plus agréable

 

L'Etat voudrait nous mettre en cage

L'Europe même, nous y engage

Le gars du coin, édile sage

Pour qu'on vive libre, est notre seul gage

Si on s'oppose, c'est pas bien grave

Tous dans le même camp, celui des nases

Tous losers, j'en ai bien peur

Changent les règles, à notre insu

Nos gouvernants, selon l'humeur

Des intérêts, des parvenus

 

Les plus envieux, chouchoutent Bruxelles

Aux commissaires, roulent des pelles

Conseils intercommunautaires

Nous prennent la tête, la gorge nous serrent

 

Sujets à tous vices et caprices

Le rat des villes, le rat des champs

Un jour vont se faire justice

Restant assis sur leur séant

 

On exige tout, de nos intimes

C'est bien pourquoi, on les allume

De nous tromper, semble impossible

Ils restent notre ultime fortune

 

Venue la mode de regrouper

D'abréger, de synthétiser

Plus de bourgades, que vastes régions

Plus de provinces qu'un drôle de monde

 

Plus d'habitants, que des sujets

Plus de services à domicile

Prendre la bagnole, pour bon marché

A l'hôpital, se faire soigner

 

Tout ça pour ça, l'humour en deuil

Pour amoindrir le mille-feuille

De droite, de gauche, c'est le grand cri

Il faut faire des économies

 

Pour gérer quelques centaines d'âmes

Plupart d'édiles, eux sont profanes

Même sont pris pour imbéciles

Car c'est d'en haut, que vient le fric

 

Politique de petits travaux

Tout pour leur pomme, sans subventions

Dans leur village sont des héros

Mais cornichons de la Nation

 

Doivent faire le siège, d'un président

D'une assemblée, de courtisans

Mais loin de la réalité

De nos vallées, bien sinistrées

Par courtoisie, mais sans espoir

Se contentent de les recevoir

Foutu reportage, chez les sauvages

Ça m'a permis noircir des pages

En conclusion, tous perdants

Démocratie faux paravent

 

Petites querelles, de cloche-merle

Vous est soumis, les plus belles perles

Pas insolant ni méprisant

Ne suis qu'un artiste mordant

 

A la rubrique « chiens écrasés »

Vous y trouverez, mon droit de rire

Des députés, bien dépités

Représentant, que leurs désires

 

Quant aux seigneurs, en leur royaume

De culs terreux, je les sermonne

Gagnants un jour, demain perdants

Tous losers, manque d'argent

 

Chemin faisant, comme par hasard

Serré la main, d'un gros roublard

Qui ne vote pas pour la gloire

Mais pour ses biens, de campagnard

Sans doute une race d'auvergnat

Malin avare, par trop rapace

 

Je vous confie, propos fleuris

De ce grognard, sûrement instruit

« Tous les mêmes, mon petit

Y'en a pas un pour sauver l'autre

Pour se faire élire, bons apôtres

Une fois élus, nous connaissent plus  

Vais plus voter pour ces tordus »

 

J'ai cogité, toute une année

Sur ces paroles d'un mal luné

Je m'en excuse, d'avoir tardé

De publier cette vérité

Qu'est pas toujours bonne à dire

« Je suis Charlie », des pinces sans rire

 

Alors loser, parle pas de malheur

Un jour, c'est sûr, viendra ton heure

Reprendre encore l'ascenseur

Pour un pouvoir, artificiel

Par amitié, je te conseille

Ferme ta gueule, fais pas de zèle      JC Blanc  février 2015  (les bons contes entre amis)

 

 

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