Figuier

Bob Tass

Très tôt le matin tout était terminé selon ses volontés, enroulée dans un drap, la tête au Nord pour la qualité du sommeil et sous un mètre de terre comme couverture.

Sans même blaguer elle disait « Pour pas que les hyènes puissent me déterrer ».

Personne avait pourtant jamais vu de hyènes à Lyon.

Elle avait demandé à retourner à la terre qui l'avait nourrie.

Les gosses étaient d'accord.

J'avais passé l'après midi dans le jardin à creuser ce qui allait devenir son dernier voyage.

Elle avait souhaité aussi que je plante un arbre sur sa tombe « Celui que tu voudras ».

En hommage à son fruit que j'avais tant aimé et comme un dernier sourire à nous qui avions tant ri j'y ai planté un figuier.

Depuis, les années ont passé mais l'amour et le manque sont toujours présents.

L'arbre sans doute nourri de ses chairs pourries pousse avec une vigueur peu commune, je vais le voir souvent, je lui parle et il me semble parfois qu'il me murmure des choses que je n'arrive pas à déchiffrer.

Hier c'était son anniversaire et j'ai planté sur sa tombe quelques pensées de toutes les couleurs au pied de l'arbre.

Le travail terminé, un peu malmené par l'émotion je me suis laissé aller à serrer le tronc contre moi, très curieusement le tronc était chaud. La douceur de son écorce incomparable.

Quand j'ai senti cette pression dans mon dos j'ai tout de suite compris que c'était les deux branches principales du figuier qui me serraient contre lui.

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