Fils de Pub
eymeric
Ta mère, la publicitaire, ta sœur, la télé-réalité, la vie est une pub, mais une grosse pub vois-tu. Suffit de regarder autour de toi : c'est ta télé qui te commande, tu passes ton temps à essayer de te vendre auprès de gens que tu n'aimes pas. Tu cherches les meilleurs arguments pour convaincre l'autre que tu es le meilleur, qu'il faut te choisir toi. Et ça même si tu n'apporteras pas à la personne. Tout est réduit, tout va vite, il faut dire le maximum de choses en un minimum de temps ! Tout ça parce qu'on vit des expériences de plus en plus courtes. Le but, c'est d'empiler ces expériences quitte à en connaître de bien pourrie. Tu t'affiches des arrêts de bus jusqu'à ton lycée dans l'espoir qu'on te regarde, qu'on ne te zappe pas. Tu veux être différent tout en étant à la mode comme tout le monde. Tu veux qu'on t'écoute, mais tu ne prends pas le temps d'écouter les autres. En somme, ce n'est pas la vie la pub c'est toi qui es une grosse pub. Tu te plains qu'il n'y ait la qualité nulle part, que tous les produits sont les mêmes. De deux choses d'une : soit il ne fallait pas tous les essayer, soit essayer les bons. Tu te plains qu'il te déçoit donc tu vas chez la concurrence, mais en fait, la concurrence, c'est la même chose il y a juste le logo qui change. Tu prends ton plaisir un temps puis c'est les mêmes problèmes qui reviennent. Mais tu ne te remets pas en cause, tu ne te dis pas que c'est peut-être toi qui t'occupes mal du projet. Bah ouais si tu ne veux pas perdre un truc, ne le laisse pas traîner partout ! Puis tu es paradoxal : tu te plains des guerres dans le monde, mais tu n'agis pas. Pire, tu enrichis les mêmes qui font cette guerre en achetant leurs produits. Mais non toi, tu crois que tu n'es pas un vendu. Tu paries sur la franchise, que cela les aura à l'usure.
Faites entrer l'accusé, c'est ta sœur la télé-réalité. Là-dedans ils scandent « ne touche pas à mon pote », pour ensuite se donner un rendez-vous en une terre pas si inconnu que ça, à savoir la chambre de la femme de leur soit disant pote. Le plus grand cabaret du monde reste cette foutu télé-réalité : on y voit des sacrés artistes de la bêtise, faisant les funambules sur le fil de la bêtise et essayant de ne pas tomber dans l'oubli. Le problème, c'est que certains retournent leurs fauteuils pour entendre leurs voix, leurs numéros, quitte à en zapper celui qui jongle avec des vraies armes à savoir ... Le savoir. Puis quand le jeune Laurent sort de sa housse son ordinateur portable, c'est pour mater le replay où Vanessa à mater son adversaire grâce à un « Tu sais pas qui jsuis moi ». Et bien moi non plus je ne sais pas qui tu es. La seule auréole que tu as en ta possession cher Ange, c'est celle sous tes bras. Encore viendrait-elle d'une dur labeur, mais même pas. Pour vous, l'épreuve des potos, c'est s'embrouiller, voir qu'elle pote à toi te soutiens, mais toujours fuir la bagarre car vous êtes lâches. Puis de loin, il y a la bonne et ses princes qui vous regardent, elle ne les lâche pas ses princes, ici, elle est là pour s'empiffrer d'eux et montrer au monde que malgré tout, elle reste bonne. Pas de misogynie là dedans, cependant être belle ne se résume pas au physique, comme être un champion ne se résume pas au talent. Elle a fait le choix de ne se résumer qu'à son physique, espérant ainsi devenir la nouvelle star. Mais star de quoi ? Je préfère encore prendre un allée express pour Pekin et y épouser une ouvrière qui bosse pour 3 yen. Elle est 100 fois plus méritante, elle est la vraie star. Enfin tout dépend de quoi on veut être la star. Si on veut être la star des chybres de Myconos, la première a un avantage, si on veut être la star de l'académie du mérite, la deuxième et d'ores et déjà gagnante.
Et toi, tu t'imprègnes de tout ça, de la déco de cette ambiance morose. Ta mère Valérie qui hurle de te bouger n'a plus d'influence sur toi, pas plus que Pascal ton grand frère qui croit être un modèle d'éducation. Mais toi, tu crois être pragmatique, tu résous la violence par plus de violence, la bêtise par plus de bêtise, le manque d'amour par plus de sexe. La traînée de poudre que tu laisses va finir par faire exploser ce qu'avait essayé de t'inculquer ton père et c'est ta demie sœur Enora, qui deviendra la traînée du village. Puis tu déménageras dans une ville où l'âge moyen pour participer à la télé-réalité est de 18 ans, tu y tenteras ta chance à ton tour. Tu le feras parce que tu refuses d'aller à l'usine, tu veux rester dans ton fauteuil, mais tu veux gagner des millions. Mais quels grands bâtiments se sont fait sans ouvriers ? Ton devoir de mémoire, tu l'as oublié, tu préfères textotter. Mais moi, je te le dis texto t'es qu'un fils de pub et ça, je le jure sur la vie de ta publicitaire.