Finitude

Je me tourne, me retourne, me tourne et me retourne encore dans ce grand lit où pour quelques jours je ne suis pas seul. Le vent souffle derrière les volets, fait grincer les branches et les gonds. J'ai soif, devrais tendre le bras pour saisir le verre sur le carrelage. Je ne le fais pas. Je ne sais pas pourquoi. J'écoute les sons étranges qu'Eole disperse dans la nuit. Inquiet. L'obscurité de la chambre me fait imaginer leur provenance, le pourquoi de leur claquement, souffle ou sifflement. Il fait chaud, trop, lourd, et je passe la main sur mon torse pour en éprouver la moiteur. Je me lève enfin quand les caresses sur ma peau ne suffisent pas à apaiser mes pensées. Je quitte la chambre et descends l'escalier sur la pointe des pieds, sors pour trouver un peu de fraicheur. Toute la villa est endormie. Je quitte l'ombre de la pergola de vigne vierge. La lune éclaire le jardin d'une lumière argentée, scintille sur l'eau de la piscine. Je plongerais bien pour plonger dans le reflet des étoiles, dans l'éternité qui sert mes entrailles. Des cris de chats en colère anéantissent l'élan. Je quitte l'idée de fraîcheur sans avoir évacué celle de la finitude, impossible à fuir puisqu'en nous, dans chacun de nos pores, dans nos organes et dans nos veines. Pourvu que je trouve le sommeil en acceptant de n'être rien, que les joies des derniers jours vont disparaître, que personne ne s'en souviendra à la fin de nos vies.