Fleur bleue

Vergissmeinnicht, c'est le nom de cette fleur en allemand. Ça veut dire, ne m'oublie pas. Ne m'oubliez pas.

Ne m'oubliez pas ! Non, je ne suis pas folle et même si je ne sais pas à qui je parle et que je sais très bien qu'il n'y a personne pour m'entendre ici. J'ai fermé les volets. Bleus, ils sont bleus quand on les voit depuis la rue, mais moi, à l'intérieur, je les vois sombres. Je préfère ainsi. Rester sans lumière, dans l'obscurité. Ne pas voir tous les bleus sur mon corps, sur mes jambes. Il n'a rien épargné, cette fois-ci.

Si, les yeux. J'aurais tellement aimé les avoir bleus, pourtant. Mais on m'a faite autrement. Terne, décolorée. Délavée comme cette chemise blanche à lui, qui est sortie bleue de la machine à laver. Je n'y étais pour rien. Je n'y suis jamais pour rien. Il me l'a lancée au visage, sa chemise, et j'ai su qu'il allait recommencer. Il m'a tirée par les cheveux, je suis tombée à terre et il a continué. Bleu. Bleu. Bleu. Pour que je n'oublie pas.

Vergissmeinnicht, ne m'oublie pas. C'est le nom de cette fleur, en allemand. Le myosotis, cette fleur bleue, que j'aime tant. D'un bleu sombre, intense, comme si on y avait versé quelques gouttes de sang.