Forêt

Skander Dar El Jadid


A l'assaut des hoquets souterrains, mon pied, ancre oblique, heurte le sol d'hiver dans la poussière de bégaiement et de lumière.

A Paris, dans la buée de ma bouche, la nuit n'invoque plus une seule étoile pour répondre au cri des mouettes qui scintille au long du fleuve.


Pleine lumière d'ambre au Val de Grâce,

douce comme la mangue au palais cru

le songe des arbres chante une trace

absente de mon enfance en décrue


Moi, tout poisseux de ville, tout tâché de néons, dessus le métro, dessous la voûte orangée, moi, je vois comme en creux mon enfance, sous le lait des étoiles et la treille des feuilles, ma gorge qui suit la rivière, les bassins et les mares, et la ligne illisible de l'horizon.


J'ai pris contre moi la forêt unie

au souffle des ronces, qui rêve, ancien.

J'y suspends mon chant confus, impuni

sous le bois qui penche, qui va, qui vient.


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