Elle pète les plombs...(je tairais le fredonnement qui me vient)
Quand le fond se fragilise et s'assèche, il court après une forme connue, rassurante... sortie des cartons.
Le stratagème dure quelques semaines, le temps du répit, le temps des réparations internes.
Oui mais quand le fond va mieux, il se réveille et regarde le mur devant:
«Mais P... c'est quoi ça?»
«C'est moi qui ai rappelé à la rescousse ce vieil engin tout rouillé ?»
Ce n'est PAS possible, juste PAS possible de faire comme si de rien n'était, de faire comme si le fond en pleine forme, n'avait pas sa vie à vivre, ses exigences et ses bonheurs.
Se contenter?
Alors que le cœur ne demande qu'à exulter?
Tout comme le corps...
Ce n'est pas Jacques qui me contredirai.
Même si Paul m'inviterai à me concentrer sur des idées plus élevées...
Enthousiaste et faillible, je suis, comme Pierre.
Quoi? Je fais comme si tout ça n'existait pas?
Comme si c'était une simple lubie de l'esprit?
Comme si c'était cette belle forme, propre, lisse et prévisible, qui était ma clé...
IMPOSSIBLE, j'étouffe, je me sens prisonnière.
Je crois que je préfère les affres du doute, que eux je peux faire grandir, comme un bébé qui apprend à marcher, puis très longtemps après; à lire.
...
Quelqu'un m'a dit « Tu veux tout, tout de suite»
Je viens de comprendre que ce que je chéris le plus, mon bonheur est comme la Vie.
Il lui faut du temps pour grandir, pour s'exprimer, pour être autonome.
Et toi, l'Amour, derrière tout ce charivari intérieur, c'est ça que tu essaies de me faire comprendre? Aies confiance, vis, prends le temps...
D'un coup la paix arrive, tout est parfait, dans le temps du maintenant.
Si la forme que j'ai en tête arrivait tout de suite, sans doute ressemblerai je à ces prématurés incroyables mais tellement fragiles, sur le bord, entre deux mondes.
Et si je laissais à ce point le fond s'exprimer qu'il serait la forme vue de dehors, un point c'est tout.
Et si je me lançais, pour de vrai, et ailleurs que dans le mur cette fois!