Frissons en Ecosse.

Post du 19/06/14 à 18h33 sur Geekass : « Enfin arrivé en Ecosse, à Evie. La maison envoie du lourd, je suis très excité à l'idée de rencontrer âmes errantes et poltergeists. Je vous tiens au jus my friends…si je survis à la nuit qui m'attend ! ;-) »

Lucas, 15 ans, ferme son PC et regarde la grande maison grise entourée d'une végétation sauvage, s'approcher lentement par la fenêtre du taxi. Il observe le conducteur avec suspicion. Il n'a pas dit un seul mot, le bougre. Peut-être va-t-il l'enfermer dans la cave où se trouve un psychopathe enchaîné ? Le cœur de Lucas s'emballe, non sans une excitation naissante dans le ventre. La voiture se gare dans l'allée, le conducteur sort la valise de Lucas, « Good day sir ! », dit-il gaiement et repart. Les lèvres de Lucas forment une moue désappointée. Pas si intéressant ce conducteur… Soudain, une brindille se brise et des feuilles bruissent. Il se retourne et regarde un buisson s'agiter. Un loup-garou, qui sait, un zombie démembré va surgir ? Lucas se tend, prêt à bondir sur l'assaillant. Un dernier frisson secoue le buisson et en émerge…un chaton blanc. « Winston ! », aboie une voix rauque derrière Lucas, le faisant sursauter. Sur le palier se tient une grande dame, vêtue de noir, avec un chignon blanc et un regard gris. Yeux écarquillés, Lucas imagine déjà se faire surprendre par cette femme, errante dans les couloirs avec une bougie, criant de sa voix rauque le nom de son mari mort. Elle se râcle la gorge : « Winston ! Winston, mon chat, viens ! » dit-elle d'une petite voix fluette. Elle attrape le chaton et se retourne vers Lucas : « You must be Lucas ! Bonnejour, come in ! » Déçu, Lucas attrape sa valise et regarde attentivement le bâtiment pour la première fois. Au moins, la maison n'est pas décevante ! Lucas soupire de joie et suit l'hôte,  Anabel, vers sa chambre à l'étage. Il se tourne vers Anabel et lui demande, dans un anglais approximatif, si elle est en deuil. « Oh no my dear ! Je souis divorcée, le noir me rende plusse mince. » Et elle s'en va avec un clin d'œil. Abasourdi, Lucas range ses affaires en bougonnant sur cette maison hantée en mousse. Il fait déjà nuit quand il entend des pas qui courrent derrière lui. « Qui est là ? », dit-il nerveusement en se retournant. Un rire d'enfant résonne dans la maison. Cette fois-ci, c'est la bonne ! Un enfant hante les couloirs, sûrement tué par sa propre mère, rendue folle par les voix dans sa tête. Lucas s'assoie sur le bord du lit, le cœur battant. Soudain, quelque chose lui agrippe le mollet et le tire violemment. Lucas est projeté sur le sol. Il râcle le plancher avec ses ongles, tentant désespérément d'échapper à la chose qui l'aspire sous le lit. Il hurle de toutes ses forces. Tout s'arrête. Haletant, Lucas tourne lentement la tête pensant tomber sur un museau velu et des dents acérées. Mais il ne voit rien. Paralysé de peur, il entend au-dessus de lui, les ressorts du lit grincer, les draps se froisser. Inspirant profondément, Lucas se lève brusquement en hurlant « montre-toi démon ! » puis se fige de nouveau. Sur son lit, se trouve une petite fille blonde, aux yeux bleus. Elle éclate de rire. La porte s'ouvre violemment  en tapant contre le mur. « Lucy ! Come here this instant ! », crie Anabel. La petite fille saute du lit et part en courant dans le couloir, son rire résonnant dans les oreilles de Lucas. Après s'être confondue en excuses, Anabel se retire et Lucas s'effondre sur son lit. Un sentiment de déception l'envahit. Le mystère éclairci, l'événement n'a plus grand intérêt et ne fait plus si peur que ça. Il s'endort, épuisé mais agité.

Lucas ouvre les yeux. Il fait nuit noire dans sa chambre. La maison est calme, il est 3h15 du matin. Immobile, il se demande ce qui a bien pu le réveiller, quand il entend un grincement, venant de l'étage au-dessus. Des pas lourds marchent puis un son sourd fait trembler le plafond Des voix murmurent, chantent, pleurent. Couvert de sueur, Lucas sert ses draps et écoute. Un frottement se fait entendre, quelque chose se fait traîner lentement, en saccades sur le plancher. Un rire, suivi de gémissements étouffés sonnent dans la nuit. Un chien aboie dans la rue. Le vent se lève et fait siffler les fenêtres. Une porte claque. Brusquement, tout se tait. Lucas se fige et attend, tremblant, le regard rivé sur le plafond. Rien ne se passe. Persuadé d'avoir entendu des revenants, Lucas ne ferme pas l'œil et se lève le matin plus épuisé que la veille. Il s'habille et ouvre la porte. Sur le palier, un oiseau éventré gît dans le couloir. Dégoûté, il l'enjambe et se dirige vers les escaliers quand il voit Lucy, en pyjama taché de sang qui le fixe, la tête penchée sur le côté. Son visage se pare d'un rictus et soudain, elle hurle et se met à courir vers lui. Sans réfléchir, Lucas dévale les escaliers, croise Anabel à l'air absent, et court sans s'arrêter jusqu'au village, en se jurant de ne plus jamais remettre les pieds en Ecosse.

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